Après Félins et Chimpanzés, Grizzly est le nouvel opus de la collection Disney Nature. Comme à chaque fois, la caméra d’Alastair Fothergill et de Keith Scholey raconte une année d’une espèce animale dans son environnement naturel.
Ours, année 1
Plutôt que la prendre dans son ensemble, elle s’attache et suit une famille – ici, l’ourse Sky et ses deux petits, Scout et Amber – pour mieux nous faire comprendre leur stratégie de survie.
Ce documentaire met ainsi en lumière les dangers de la vie sauvage, la nécessité pour Sky d’être sans cesse sur le qui-vive. Ses petits représentent constamment une proie facile tant pour les autres ours affamés que pour les loups, alors qu’ils l’épuisent en se nourrissant de son lait.
Très proche
Filmé à hauteur d’animal et avec une proximité réelle, ce film très scénarisé joue évidemment sur l’attachement que l’on ressent pour ces ours que l’on appelle par leur prénom, sur le suspense de leur quête de nourriture et bien sûr sur la beauté de l’Alaska.
Ce serait une très belle découverte si Terre des ours, réalisé au Kamtchaka russe par Guillaume Vincent et sorti le 26 février dernier, n’avait pas déjà raconté exactement la même histoire, dans un paysage volcanique encore plus spectaculaire. Du déjà vu… sauf pour une séance de rattrapage.
Documentaire de Alastair Fothergill et de Keith Scholey
Attention ! Ce film est à mettre devant des yeux avertis. Bouboule n’est pas une comédie qui aurait pour héros un jeune obèse dont on se moque gentiment.
Une école de l’humiliation
Non, ce film relate avant tout que la vie d’un enfant trop gros est une véritable école de l’humiliation, que le réalisateur, Bruno Deville, connaît bien pour l’avoir vécu pendant son enfance.
Bouboule a 12 ans, il pèse plus de 100 kg, mange mal et plus que de raison et évidemment, n’est pas très bien entouré : il a un seul ami, noir, des sœurs sveltes pas très gentilles, une mère maladroite et débordée et un père, récemment séparé, donc très absent.
Drôle de figure paternelle
Entre une consultation chez le médecin chargé de surveiller son poids et des séances d’aquagym, Bouboule se lie avec un maître-chien qui assure la sécurité dans le centre commercial du coin.
Une rencontre qui le fascine mais le rejette encore plus à la marge de la société. Elle s’avèrera toutefois être un passage nécessaire pour qu’enfin, on s’intéresse à lui, et pas seulement à ses kilos.
Tragi-comédie belge
Pas vraiment drôle, mais pas tragique non plus, Bouboule relève plus du rite de passage d’un jeune adolescent mal dans sa peau et en quête d’une figure paternelle forte. Une expérience certainement salvatrice pour tous ceux qui ont des comptes à régler avec l’âge ingrat et qu’incarne avec beaucoup de justesse David Thielemans, dont c’est le premier film. Pas sûr que la leçon concerne suffisamment les autres.
De Bruno Deville, avec David Thielemans, Julie Ferrier, Swann Arlaud…
Dans un futur proche, la terre, c’est-à-dire les Etats-Unis, sera devenue inhospitalière pour les humains. Ils auront du mal à y vivre, ensevelis régulièrement par de violentes tempêtes de poussière, à s’y nourrir surtout puisque les cultures s’anéantissent les unes après les autres.
Dans un au-delà
Cooper (Matthew McConaughey) sait doublement de quoi il parle. Non seulement c’est un ancien pilote et ingénieur, au top des technologies les plus pointues, mais il s’occupe avec son beau-père et ses deux enfants, d’une ferme.
Avec sa très brillante fille, Murphy (10 ans), il découvre et décrypte, un jour, d’étranges coordonnées qui vont le mener très loin des siens, de nous, à la découverte d’un zone spatiale inexplorée où la vie pourrait peut-être renaître comme sur la terre. Interstellar raconte son odyssée à travers ce vaste espace-temps.
L’anti-Gravity
Rien à voir avec Gravity qui signait pourtant le regain d’intérêt d’Hollywood pour la science-fiction haut de gamme. Chez Christopher Nolan (Inception), le scénario qui a pourtant quelques défauts, est loin d’être simple ou simpliste. Sa singularité tient d’ailleurs aux nombreux allers-retours entre la terre et l’espace où Cooper est embarqué avec quelques comparses, alors qu’il a laissé sa famille ici-bas.
Dans Interstellar, l’ambition est plus haute. La menace qui pèse concerne l’humanité toute entière, pas seulement une équipe de scientifiques perdue en apesanteur. La mission du héros a donc une autre envergure : il s’agit tout bonnement de sauver le monde, ou plutôt de trouver une autre planète où la race humaine pourrait s’épanouir et se multiplier.
Passation
Evidemment, alors que Cooper ne sait pas trop dans quelle galère il s’embarque, les variations de l’espace-temps entre la terre où vit sa famille qui l’attend et le trou noir et ses environs où il voyage, vont donner à cette relation familiale une couleur spéciale, intéressante et finalement assez inattendue.
En revanche, les différentes étapes qu’il subit avec ses comparses et qui sont pourtant la partie la plus spectaculaire de son odyssée, sont moins passionnantes. On taira les rencontres et les trahisons pour laisser au spectateur la joie de les découvrir.
Le moment où…
Mais certains passages, outre la beauté impressionnante des lieux et des images – en deça toutefois de celles de Gravity, où le spectateur avait lui-même l’impression d’être en apesanteur, ce qui n’est jamais le cas ici – frisent le ridicule. Comme cet attachement sacro-saint à une famille idéalisée.
Evidemment aussi, puisqu’on est chez Nolan, il y a toujours un moment où l’histoire devient incompréhensible, où une succession de termes techniques ou d’actions venues de nulle part, plombent littéralement l’aventure. Mais, ici, il finit par retomber sur ses pattes, malgré une diversion en terre gelée malheureuse.
A ces incohérences près – ne jetez pas vos montres à aiguilles, elles continueront à servir! , Interstellar a le mérite infini de jouer à la fois avec l’espace et le temps, de confier l’intelligence et la compréhension de ce monde sans limite à une femme. En cela, il donne une dimension quasi inédite à la science-fiction. Pas si mal…
De Christopher Nolan, avec Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Jessica Chastain…
Quels liens tissent les actrices avec la mode ? Voilà le propos de Fashion et Cinéma, le premier livre français sur le sujet, écrit par Véronique Le Bris – Cine-Woman.
Le film commence par une fuite. Une mère, manifestement angoissée, attend avec impatience que le père quitte le terrain vague où ils sont installés, dans une caravane. Dès que la voiture disparaît, elle court à perdre haleine avec ses trois fils pour prendre un train. Elle fuit, la peur au ventre.
Sans mère
A juste titre, car Paco, le père de deux de ses enfants va s’arroger des droits qu’il n’a pas. Et cela sans aucune discussion possible. La preuve : ses fils, il va les kidnapper et les faire vivre dans la clandestinité et dans la précarité pendant 11 ans. Onze longues années durant lesquelles ils ne seront jamais plus en contact avec leur mère, ni avec sa famille, ni même avec la société… Et cela au mépris des décisions de justice qui le condamnent.
Cédric Khan prend plaisir à filmer cette longue errance, cette vie sauvage comme il l’appelle. Paco, en rupture totale avec notre société de consommation, s’y connaît en arbres, en plantes, en survie à l’état sauvage. Il aime la promiscuité avec les animaux, partager avec eux son logis, sa nourriture, il a peu de besoin si ce n’est de refuser le monde tel qu’il est.
Un père tyran
Ses deux fils auront donc le même mode de vie que lui, et cela sans discussion possible : pas d’école, presque pas d’habits, peu d’objets personnels, pas d’amis non plus… mais, ils seront éduqués, par Paco lui-même : ils sauront lire, compter etc… Penser est un autre défi. Car, Paco déteste la contradiction. Dès que ses fils seront en âge de se rebeller, d’aspirer à une vie plus normale, d’être amoureux aussi, cet idéal de vie commencera à se fendiller.
On connaît la fin puisque ce film est adapté d’un fait divers de 2008, vécu par la famille Fortin. Le père sera dénoncé, les fils retrouveront furtivement leur mère, ils refuseront qu’elle porte plainte, le père sera très peu condamné, les fils continueront à le défendre. Ce qui reste un vrai scandale judiciaire.
Un point de vue contestable
Cédric Kahn refuse de prendre parti. Selon ses dires, il a lu les deux livres parus en même temps, celui écrit par la mère, et celui écrit par le père et ses fils. Fasciné par la cavale, il déclare avoir voulu adopter le point de vue des fils. Ce qui revient inévitablement, puisqu’ils n’ont pas revu leur mère pendant 10 ans, à prendre celui du père.
En les élevant dans la nature, sans lien avec la société, sans autre opposition que le vent qui souffle, la pluie qui tombe, le froid qui perce, ou le soleil qui tape, le père les a fait grandir sans jamais leur proposer une alternative à leur mode éducatif, sans contradiction possible. Il imposait, eux disposaient, n’avaient au final aucun moyen de s’opposer, de se défendre.
Scandaleux…
Ce père est un tyran, non pas parce qu’il est marginal mais parce qu’il impose son point de vue, avec agressivité comme le montre une des rares scènes de confrontation qu’il a avec son ex-femme devant un juge. Dès qu’elle conteste, dès qu’elle exprime une autre idée, ou tout simplement son ras-le-bol de la vie errante, il hurle, n’écoute jamais et impose sa loi.
Malgré les qualités qu’il peut avoir – l’énergie typique de la mise en scène de Cédric Kahn, la beauté avec laquelle il filme la nature, la puissante prestation de Mathieu Kassovitz, toujours très bon acteur -, ce film est une aberration. Il fait l’apologie d’un hors-la-loi, d’un tyran domestique qui a complètement embrigadé ses fils dans son idéal de vie à lui, au mépris de leurs goûts et de leurs personnalités.
et sectaire
Ses enfants sont dressés, imprégnés, n’ont aucun libre-arbitre comme ils l’auraient été s’iles avaient grandis dans une secte. Si cela avait été le cas, nul doute que Cédric Kahn n’aurait certainement pas fait un film sur eux, surtout pas en adoptant leur point de vue. Car, le seul qui vaille dans cette histoire est celui de la mère.
Sur le même fait divers, un film, La belle vie, est déjà sorti en avril. Et justement, s’il magnifiait lui aussi la vie sauvage, il traitait plus directement de la tyrannie du père, de sa manipulation, de sa folie et surtout de sa mise en échec par la jeune amoureuse de son second fils et par la poésie qu’il s’en dégageait. Un juste retour des choses…
De Cédric Kahn, avec Mathieu Kassovitz, Céline, Sallette, David Gastou, Sofiane Neveu….
Attention, ce film mi-documentaire, mi-comédie musicale est un petit miracle !
L’année du bac
David André, le réalisateur, part à Boulogne sur Mer avec l’idée de s’intéresser aux rêves des adolescents. Il tombe sur une bande de cinq lycéens, 3 filles et deux garçons qui préparent le bac et décide de les suivre tout au long de l’année scolaire.
Gaëlle veut être artiste, Rachel est sûre d’elle, Caroline sûre de rien, Nico est fantasque, original et Alex amusant et bon vivant, mais il doit redoubler sa Première.
Renoncer serait vieillir
Au fil d’une année scolaire aussi compliquée que porteuse de désillusions et d’espoirs, le réalisateur dresse un portrait tout en nuances d’une jeunesse à l’avenir plutôt gris. A Boulogne, plus qu’ailleurs, le travail manque, les salaires sont bas, les parents inquiets.
Mais, pour ces 5 jeunes, ce ne sont évidemment pas des raisons suffisantes pour renoncer à leurs rêves, à leurs envies… Bien au contraire. Suivant l’adage de Georges Bernanos que « l’espérance est un risque à courir », ils chantent et content leurs angoisses et leurs projets, conscients qu’ils ne se réaliseront pas tous, mais que renoncer serait déjà vieillir. Bien vu et joliment chanté.
De David André, avec Gaëlle Bridoux, Nicolas Dourdin, Rachel Motte, Caroline Brimeux, Alex Margollé, Alice Dutertre…
Le 2 novembre, le lendemain de la Toussaint, est le jour des morts. Au Mexique, ce passage de morts du monde réel à celui des esprits est l’objet de nombreuses légendes, dont celle de Manolo.
Le jour des morts
Fils d’une longue et brave lignée de toreros, Manolo préfèrerait être chanteur, guitariste. Ce que son père refuse. Il a pour meilleur ami, Joaquim, un vaillant garçon toujours prêt au combat et tous les deux sont très amoureux de la jolie Maria.
Un jour des morts, alors que chaque famille se recueille au cimetière, la Mort et le Mauvais Esprit engagent un pari sur celui qui parviendra à épouser Maria, quitte à jouer avec le destin….
Des squelettes magnifiques
Un film joyeux sur la mort, voilà une des plus belles surprises à découvrir aux prochaines vacances de la Toussaint. Rien n’est sordide ici, même si la plupart des héros sont des squelettes !
Car, en plus de l’histoire enlevée qui lie Maria, Manolo, Joaquim et tout leur village, les bonnes fées de l’animation ont eu l’idée de se pencher sur la création graphique du film. Passons sur la partie américaine introductive du sujet, terre à terre et sans intérêt, pour se laisser enthousiasmer par la découverte du monde des morts et des esprits, tous savamment dessinés et haut en couleur. Magnifique !
De Jorge R. Gitteriez, avec les voix françaises de Banjamin Pascal, Volodia Serre, Ingrid Donnadieu, Lucien Jean-Baptiste…
Vendue comme une bande de filles, ce nouveau film de Céline Sciamma consacrée encore une fois à l’adolescence féminine, est surtout l’histoire d’un destin brisé, celui d’une jeune fille qui s’est brûlée les ailes. Raté donc.
Of men and war de Laurent Bécue-Renard raconte les dégâts humains de l’après-guerre. Ceux portés par les hommes qui en sont revenus et sur leur famille. Indispensable.
L’ennui naquit un jour de l’uniformité… Ou de la conformité à l’American Dream, selon Laura Kasischke dont le roman Un oiseau blanc dans le blizzard est ici adapté par le décapant Gregg Araki.
Une vie trop étroite
Kat a 17 ans, un boy friend next door, une petite bande d’amis précieux et une famille étrange, froide. Un jour, sa mère, Eve, disparaît. Kat en est sûre, elle ne reviendra pas et ne semble pas plus affectée que cela par sa disparition.
Pourtant, sa mère lui était très dévouée. Comme à son mari, comme à sa famille, comme à son foyer et surtout comme à l’image impeccable de la femme américaine parfaite des années 1960 qu’elle croit qu’on attend d’elle. Mais, qu’elle n’arrive plus à tenir, face à un mari fadasse qu’elle méprise profondément.
Petite ambition
Cette disparition finit par perturber les rêves de Kat alors en pleine découverte de la vie, de sa sexualité et de son pouvoir de séduction.
A priori, White bird semble être un petit film. Rien d’explosif comparé aux fils précédents d’Araki – Mysterious skin, Kaboom– connu pour appuyer sur les perversions de la société américaine.
… mais grande révélation
Mais, cette plongée très 80’s -la bande son est excellente- dans une famille apparemment bien sous tous rapports, dont les dysfonctionnements subtils sont savamment dissimulées derrière les fenêtres de leur pavillon de banlieue, est d’une finesse de vue qui la rend à la fois extrêmement crédible et parfaitement dérangeante.
Sans sommation, sans porte voix, White Bird est en fait un des films les plus cruels sur la famille américaine et sur la place de la femme en son sein vus depuis bien longtemps. Aussi perturbant que Loin du paradis de Todd Haynes , mais avec une modestie qui lui donne une efficacité encore plus redoutable.
Duo d’actrices au top
Avec seulement quelques personnages tous savamment définis – même si le père et le boy friend sont plus caricaturaux – , Araki dresse un portrait au vitriol de cette société des apparences superbement interprété par Shailene Woodley, parfaite et par une Eva Green, épatante, d’une beauté renversante et d’une fragilité vacillante bouleversante. Depuis le temps qu’on vous dit qu’Eva Green est la meilleure actrice française de sa génération…
De Gregg Araki, avec Shailene Woodley, Eva Green, Christopher Meloni, Shiloh Fernandez…
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