Dior, Chanel sont nés en France. Mais, ni Yves Saint-Laurent, ni Pierre Cardin, ni Karl Lagerfeld. Et ce ne sont évidemment pas les seuls!
Depuis ses débuts, au milieu du XIXème siècle, la mode qui s’est épanouie en France n’a cessé d’être créée, manipulée, bousculée, influencée par des talents venus du monde entier. Fashion mix, l’exposition qui se tient jusqu’au 31 mai 2015 au Palais de la Porte Dorée à Paris, leur rend hommage. Et ce n’est que légion.
Des débuts anglais
Pour arriver au lieu de l’exposition, il faut d’abord traverser un hall art déco majestueux, puis gravir un escalier sur deux étages. Deux étages durant lesquels sur une échelle du temps, vous revivez les grandes dates de l’immigration en France et les noms de ceux qui l’ont fournie. En haut, sur la droite, au fond encore à droite, vous parviendrez à une galerie blanche, très simple et dans laquelle sont exposés quelques 120 modèles, tous plus somptueux les uns que les autres, une dizaine de chaussures et pas moins de 150 documents.
Le parcours débute avec Charles Frederick Worth, l’anglais qui a inventé la haute couture, à Paris. Il fut le premier à signer ses robes, à organiser des défilés et à varier ses collections selon les saisons. Exubérant comme le seront de nombreux créateurs britanniques – Vivienne Westwood ou John Galliano -, Worth a laissé sa trace et inventé un modèle encore en vogue aujourd’hui.
Dans sa première partie, ce parcours qui suit à la fois une organisation chronologique et géographique. L’inventeur hispano-italien de Mariano Fortuny, qui a breveté le premier tissu plissé permanent, précède la présentation ludique et artistique d’Elsa Schiaparelli et de ses descendants italiens, le génie espagnol de Balenciaga, puis l’arrivée de créateurs aux origines beaucoup plus variées.
… aux folies belges et japonaises
Au détour d’une vitrine, on observe avec admiration l’escarpin sur lequel les principaux monuments de Paris ont été peints à la main, en minuscule. On apprend aussi que c’est la mère d’Olivier Assayas, la hongroise Catherine de Karolyi, qui a inventé la boucle en H des ceintures Hermès.
Arrive ensuite la révolution japonaise qui bouleversa en profondeur les codes de la mode française, bientôt largement sous influence de l’école belge ou flamande.
Rien n’est acquis
Non seulement, les 120 pièces sont toutes d’exception, mais l’exposition a l’habile idée d’agrémenter ces somptueuses tenues de documents d’époque : coupures de journaux, documents administratifs, décrets de naturalisation, cartes de réfugiés… Et l’on comprend alors que quelque que soit le talent, quel que sera l’apport du nouvel arrivant, l’accès à notre pays n’est jamais facile.
Fashion mix, mode d’ici, créateurs d’ailleurs.
Au Musée de l’histoire de l’immigration, Palais de la Porte Dorée. 75012 Paris. En partenariat avec le Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris. Du 9 décembre 2014 au 31 mai 2015. mardi/vendredi 10h-17h30; sam/dim 10h-19h.
Dorothy Malherbe dirige l’Etoile Cosmos de Chelles (dans le 77) et revient sur les 12 dates marquantes de son année. Enrichissant!
1er janvier 2014
L’année commence avec une bonne nouvelle : la TVA sur les billets de cinéma passe de 7 à 5,5%. La restauration elle de 7 à 10%. Les pouvoirs publics semblent avoir compris qu’en temps de crise, c’est le cinéma qui sauve de la morosité, pas le sucre. On peut toujours cumuler les 2 en prenant double ration de pop corn…
2 février 2014, 22h34.
Soirée de clôture du 7ème festival de cinéma que nous organisons avec le ciné-club de Meaux. Je viens de passer 3 jours aux côtés de Pierre Salvadori, cinéaste délicieux et disponible. L’homme m’a raconté ses 400 coups avec Marie Trintignant et Guillaume Depardieu, ses œuvres fétiches, son amour pour Lubitsch.
Ce soir là, Nathalie Baye et Audrey Tautou ont fait le déplacement pour lui. Cette dernière me confie que lorsqu’elle a un coup de blues, il lui suffit de revoir un film de Pierre pour goûter de nouveau à la légèreté. La femme est telle que l’actrice : mutine, drôle, touchante. On parle de Jean-Pierre Jeunet, du tournage de Coco avant Chanel, de son gigot de 7 heures.
Il y a un mois, à la même table, je partageais mon gâteau basque avec Jean-Paul Rappeneau, ce soir, je mange du brie de Meaux, autour d’un bon Sancerre avec Audrey Tautou. Je ne vois pas ce qui pourrait m’arriver de mieux cette année ?
1er mars 2014
J’apprends par la radio la mort d’Alain Resnais. Chacun y va de ses commentaires, forgés par d’innombrables anecdotes, toutes plus passionnantes les unes que les autres sur l’homme, ses sources d’inspiration, sa troupe, etc.
Je revois alors avec une certaine délectation la scène qui m’a sans doute le plus fait rire dans sa filmographie : celle où le personnage d’Agnès Jaoui expose son sujet de thèse (« les chevaliers-paysans de l’an 1000 au lac Paladru ») au personnage joué par Jean-Pierre Bacri, dans On connait la chanson. Elle porte en son sein tout ce qui fait, à mon sens, la singularité de son cinéma : une certaine ineptie du genre humain sur laquelle on ne peut poser qu’une profonde bienveillance.
16 avril 2014
Sortie en salles de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? A priori, au 16 avril : rien ne laisse présager son succès. Je prends donc le film à l’affiche qu’en 2ème semaine. Je parie même avec un ami qu’il ne dépassera pas les 5 millions d’entrées. 4 mois plus tard, je l’ai toujours à l’affiche…
Et même si je ne parviens pas à cautionner le phénomène (pour ses défauts de forme, pour le message qu’il véhicule, pour ses clichés), je salue malgré tout et presque toujours la capacité d’un film à faire se déplacer les foules en salles. Et rien ne me fait plus plaisir qu’un public fébrile, haletant, excité, dans une salle de cinéma, à l’unisson du même « purgatoire ».
21 mai 2014
Le Festival de Cannes porte un coup de projecteur sur l’un des films les plus intéressants de cette année : Maps to the stars de David Cronenberg. Un portrait au vitriol d’Hollywood qui pose les nouveaux enjeux du métier de comédien : quelle carrière pour les actrices dépassant la cinquantaine ? Les dérives du succès chez les très jeunes comédiens propulsés au rang de stars…
Le film m’impressionne, m’émeut, me réconcilie avec Cronenberg (que je boudais un peu depuis son biopic sur Freud). La prestation de Julianne Moore relève de la prouesse. Il y a de la Gloria Swanson de Sunset Boulevard dans son jeu. Avec ce film, c’est certain, elle entre au panthéon des plus grandes actrices américaines.
26 juin 2014
Convention Mars films au Pathé Beaugrenelle. Plus de 200 exploitants se réunissent pour assister au catalogue de sorties que le distributeur a prévu sur l’année et pour voir des films que le public n’a pas encore eu le privilège de découvrir. Je vois 2 films. L’un sera LA comédie de cette fin d’année 2014 : la Famille Bélier.
L’autre seramon coup de cœur de l’année : Un homme très recherché d’Anton Corbijn. Un thriller haletant sur la paranoïa post-11septembre avec Philip Seymour Hoffmann au sommet de son art, pour un dernier coup de chapeau.
Je repars ce jour là avec le DVD de Blue Jasmine de Woody Allen et la peluche du Dernier loup, le prochain film de Jean-Jacques Annaud. Rien à dire : Mars films sait soigner son catalogue, ses exploitants et son public.
Juillet
La Coupe du monde de football occupe toute l’actualité. Et le public semble préférer en cette moiteur estivale son poste de télévision à la salle de cinéma. Les soirs de match sont tellement déprimants pour les exploitants de cinéma qu’on se prend à boire des Mojitos fraise en terrasse ou jouer à « Colin-Maillard » (ou à « touche-pipi », selon votre envie) en projo avec des critiques de cinéma. C’est moche, je sais. On pallie à l’ennui comme on peut.
12 août 2014. 7h30.
Le réveil sonne. France Inter m’apprend le décès de Lauren Bacall. Je ne vois pas pire nouvelle pour commencer une journée.
Je suis en train de sentir à cet instant précis que l’âge d’or hollywoodien s’éteint. Je me prends à faire la liste de ses dernières figures encore en vie : Kirk Douglas, Dorothy Malone, Olivia de Havilland, Louis Jourdan, Leslie Caron … Mais la dernière grande figure féminine, féline et masculine, c’était elle : the « Look ». Elle avait à la fois cette dignité glaçante et cet aplomb racé. Pas de doute : Hollywood vient de perdre sa dernière muse.
1er septembre 2014
J’ai 30 ans. Et parmi la multitude de cadeaux que mes proches ont eu la générosité de m’offrir, je suis touchée par deux présents symboliquement forts et précieux : deux films annonces en 35 mm de Jonathan le Goelan et Quai des orfèvres. Le film pellicule me « fout » le frisson. Plus que si Ryan Gosling avait fait lui-même le déplacement…
2 octobre 2014
Congrès annuel des exploitants, organisé par la Fédération Nationale des Cinémas Français.
3 jours à Deauville entourés de professionnels de la profession, 24 discours , 200 bandes annonce, 10 coupes de champagne, 6 restos, 20 DVD, 2 maux de tête, 1 plateau de fruits de mer, 1 mug Mickey, 54 fous rire, 3 larmes, 2 soirées qui se finissent tard (ou très tôt, enfin…), 4 photos « dossier » prises entre collègues dans un photomaton, 2 discussions qui refont le monde, 1 barbe-à-papa, 1 sourire à Tahar Rahim, 2 nuits d’hôtel dans un 3 étoiles. Pour le reste… Ce qui se passe à Deauville, reste à Deauville.
21 novembre 2014
Je lance au cinéma, l’Etoile Cosmos de Chelles (77), avec le concours des commerçants de Chelles un nouveau concept : Beaujolais, jazz et cinéma. Le public vient découvrir le Beaujolais nouveau en écoutant du jazz et file en salles en fin de soirée voir Michel Petrucciani de Michael Radford, un film sur l’un des plus grands musiciens de jazz. La soirée est un succès. La convivialité et le fédéralisme sont les meilleurs remèdes à la crise.
17 décembre 2014
Sort en salles LA comédie de l’année : la Famille Bélier. Touchante et bien écrite, elle devrait vous réconcilier (pour le pire et pour le meilleur) avec Michel Sardou… J’ai parié une bonne bouteille de Bourgogne avec un collègue que le film serait un succès proche de celui d’Intouchables. Si tout se passe comme je le prévois (je l’espère ?), le bouche-à-oreille devrait prolonger sa gloire jusqu’en 2015. Et le rire, pour commencer l’année, c’est tout ce dont on aura besoin.
Voilà un conte de Noël réjouissant qui nous vient directement de Norvège. A quelques jours du réveillon du 25 décembre, la petite ville de Pinchcliffe attend la neige avec impatience.
Dérèglement climatique
Les enfants veulent faire du ski, les adultes s’équiper en matériel, Solal essayer sa nouvelle luge, le lapin blanc se cacher etc… Et le directeur du journal local qui l’annonce depuis longtemps, l’attend encore plus que les autres !
L’ingénieux Feodor met alors au point un canon à neige ultra-puissant dont le journaliste s’empare. Mais, la machine s’emballe et Pinchcliffe court à la catastrophe. Y aura-t-il trop de neige à Noël ?
Drôle et instructif
Inspiré par l’univers de Kjell Aukrust, célèbre illustrateur norvégien, cette aventure de Noël, très riche en rebondissements, offre, pour une fois, une belle histoire originale et décalée aux enfants.
Drôle, dynamique, reposant sur des personnages bien typés et sur des gags très rigolos, ce film plein d’entrain et de chaleur, est la nouvelle réalisation de Rasmus A. Siverten. On lui devait déjà les aventures de Ploddy, la voiture électrique mène l’enquête. Là encore, le cinéaste aborde un sujet qui lui tient à cœur – le dérèglement climatique- et en profite pour sensibiliser tout en les amusant les plus jeunes à l’écologie. Bien fait !
Deux immenses tours des années 1970 dominent l’Est parisien. Deux tours vitrées, marron, surplombent un enchevêtrement routier, celui du périph et de l’autoroute A3, de la porte de Bagnolet et d’un accès improbable au centre commercial qui est à leur pied. Deux verrues urbaines qui ne passionnent jamais les cinéastes.
Filles perdues
Sauf Virgil Vernier, une figure montante des réalisateurs français, révélé avec son film Pandore au Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand en 2011, qui s’y est mystérieusement arrêté dans les entrailles de ces tours entêtantes et s’y est embourbé.
Le film commence astucieusement par une reconnaissance des lieux. Un nouveau vigile tente d’apprendre à s’y repérer. La visite pourtant guidée est brouillonne, et il erre rapidement des tableaux électriques à la terrasse découverte sans avoir véritablement pris ses repères. Nous non plus.
Amitié féminine
Qu’importe puisqu’on le quitte presque aussitôt pour suivre deux jolies jeunes femmes qui travaillent dans la tour comme hôtesses et y scellent une amitié durable.
C’est d’ailleurs la suite et le corpus du film. Il raconte cette lente déambulation de ces deux filles un peu perdues, l’une française peu farouche, l’autre moldave et plus posée, les deux cherchant à donner un sens à leur vie, des tours à une HLM de banlieue, puis à la campagne frontalière avec l’Allemagne.
Grand fracas
Cette longue errance, sans queue ni tête, représentative selon Virgil Vernier, de la modernité actuelle est donc le cœur de son propos auquel on peine à se raccrocher et qu’on comprend mal. Et pour illustrer ce mal de vivre, cette difficile construction, il compose son récit d’une succession de saynètes qui n’ont pas forcément de rapports entre elles.
La plupart de ces scènes ne sont isolément pas dénuées d’intérêt, certaines sont mêmes joliment filmées (la visite du début par exemple) mais leur juxtaposition sans lien, sans explication, les rendent finalement gratuites, pour ne pas dire cliché quand il s’égare dans les poncifs habituels sur la banlieue.
Non-lieu, non histoire
Du coup, on finit par s’ennuyer ferme dans ce premier film, long, mal construit, où l’on perd les personnages pour mieux les retrouver parfois. On sent que Vernier a fourmillé d’idées mais en refusant de les trier, de les encadrer dans une structure narrative forte, son essai ressemble plus à une fuite en avant qu’à un film bâti sur des fondations et sensations solides.
Il ne parvient jamais à transmettre ces émotions, et cela malgré le charme de ses actrices. Un premier film un peu raté donc, mais dont le montage a été retravaillé depuis et que Cine-Woman n’a vu quand dans sa versions initiale.
De Virgil Vernier avec Philippine Stindel, Ana Neborac, Annabelle Lengronne…
Certains enfants n’aiment ni la neige, ni le froid ! Ce programme de quatre courts-métrages inédits est fait pour eux. Il commence doucement par le petit conte très tendre, en collage et en aquarelle, d’un éléphant qui rêve de s’acheter un vélo.
L’Afrique en 3 temps
Les trois autres films montrent tous des facettes différentes de l’Afrique.
Dans le deuxième segment, au rythme endiablé des tams-tams, un petit garçon reçoit une lettre avec un flocon de neige et il imagine que la neige recouvre son village de case. Le graphisme et le dessin sont les plus beaux et les plus inventifs de toute la série et jouent constamment sur la surprise.
Nouvelles familles
Dans le troisième, un pêcheur rapporte de ses filets un Tulkou et décide de l’adopter. Mais, une fois au sec, cette créature des eaux dépérit. Si le sujet n’est pas très clair, le travail sur les matières est réussi.
Enfin, et c’est le clou du spectacle, Dimitri à Ubuyu, raconte la migration d’un oisillon qui échoue en plein désert. En cherchant ses parents, il se découvre une nouvelle famille. Sans être très original, le seul film parlant du programme révèle un nouveau talent, celui de la jeune Agnès Lecreux. A 26 ans, elle réalise ici son premier film en stop-motion, à partir de marionnettes en latex. Il met aussi en lumière la qualité de l’animation à la française, le film ayant été entièrement réalisé à Rennes, en Bretagne.
De Olesya Shchukina, Natalia Chemysheva, Mohamed Fadema et Sami Guellaï, Agnès Lecreux et Fabien Drouet…
L’Arras Film Festival s’est achevé dimanche 16 novembre 2014 avec un palmarès enthousiasmant. C’est Fair play de la tchèque Andrea Sedlackova qui a reçu l’Atlas d’Or ; The fool du russe Youri Bykov le prix de la mise en scène et du jury regards jeunes et la comédie sentimentale suisse Pause signée Mathieu Urfer une mention.
Quod erat demonstrandum du roumain Andrei Gruzsniczki a, lui, remporté le prix du jury de la critique, remis après un débat public animé auquel CineWoman participait.
Panorama contrasté de la nouvelle Europe
Neuf films étaient en compétition, l’écrasante majorité (6 sur 9) représentant le nouveau cinéma de l’ancienne Europe de l’Est. A part Paris of the North de l’islandais Hafsteinn Gunnar Sigurdsson, et Pause du suisse Mathieu Urfer, deux comédies sentimentales masculines, tous les autres traitaient à leur manière de sujets politiques forts.
Certains réglaient leur compte avec un passé très lourd. Fair Play aborde le dopage forcé des sportifs dans la Tchécoslovaquie communiste, Bota d’Iris Elezi et Thomas Logoreci l’éviction des dissidents politiques dans l’Albanie de Enver Hoxha, Quod erat demonstrandum du roumain Andrei Gruzsniczki, la fuite des cerveaux sous Ceausescu.
Les quatre autres films affrontaient les crises actuelles de leur pays respectifs. l’éclatement de la bulle immobilière qui a plongé l’Espagne dans le chaos dans Aces d’Alfonso Zarauza ; la corruption généralisée d’une ville russe dans The Fool de Youri Bykov, le retour du nationalisme serbe dans la tragi-comédie Monument to Michael Jackson de Darko Lungulov ou la spirale de l’endettement dans The Lesson de Kristina Grozeva et Peter Valchanov.
Des femmes remarquées
Notons que cette sélection offrait une part très conséquente aux femmes, qu’elles soient réalisatrices – trois des neufs films ont été réalisés ou co-réalisés par des femmes- ou protagonistes principales d’histoires fortes : dans Aces, Bota, Fair play, The Lesson ou dans Quod Erat demonstrandum (=CQFD), ce sont elles qui mènent la danse, presque exclusivement.
Dans les autres films, excepté dans The fool, leur absence, leur départ est le point d’ancrage de l’intrigue, le motif de la mise en action du personnage principal. Dans The fool, la ville est aux mains d’une femme, une dame patronesse qui organise autant qu’elle subit la corruption. C’est assez rare pour être souligné.
Idem du côté du jury, présidé par la réalisatrice Solveig Anspach, et composé des actrices Sophie Guillemin et d’Anamaria Marinca, du scénariste Jean-Luc Gaget et du réalisateur flamand Miel van Hoogenbemt.
40 000 fans
CineWoman a eu la chance de participer à ce festival superbement organisé par Nadia Paschetto et Eric Miot, en tant que juré du jury de la critique, composé de Nathalie Chifflet (DNA), Marine Durand (grazia.fr), de Gérard Lenne (président d’honneur du Syndicat de la Critique) et présidé par Jean-Jacques Bernard (Ciné+).
En 10 jours de festival, cette 15e édition a réunit près de 40 000 spectateurs. Une prouesse pour une ville qui compte 42 000 habitants ! Mais, un succès amplement mérité. Prochaine édition du 6 au 15 novembre 2015.
Andy Mulligan a écrit Trash pour séduire ses élèves adolescents que les classiques barbaient. Désormais, ils pourront en voir l’adaptation, Favelas, au cinéma. L’histoire est donc fictive mais traitée avec un réalisme confondant.
Enquête
Rafael (Rickson Tevez), un jeune garçon d’un bidonville brésilien, trouve un portefeuille à la décharge où il travaille. Il doit contenir des informations de première importance tant la police est prête à tout pour le retrouver.
Avec ses copains Gardo (Eduardo Luis) et Rato (Gabriel Weinstein), et l’aide involontaire du père missionnaire (Martin Sheen) de son bidonville, Rafael décide de mener l’enquête et de révéler pourquoi la police se fait si menaçante. Ce qu’il va découvrir est au-delà de tout…
Retour gagnant
Véritable thriller pour enfants déjà grands – il y a quelques scènes de violences particulièrement éprouvantes- , Favelas est un film haletant, le meilleur que signe Stephen Daldry depuis Billy Elliot.
Même s’il ne peut s’empêcher d’être manichéen et simpliste quand il s’attaque à la police et aux politiciens, ni de doper son récit aux bons sentiments.
Thriller haletant
Son polar parvient pourtant à rester spontané et riche en rebondissements quand il colle à ses héros et à son histoire. Les trois jeunes interprètes, tous débutants, sont formidables de dynamisme et de débrouillardise.
Mené à un rythme d’enfer, ce film, proche, dans l’esprit, de Slumdog Millonaire, devrait être une des belles surprises de cette fin d’année.
De Stephen Daldry, avec Martin Sheen, Rooney Mara, Rickson Tevez, Eduardo Luis, Gabriel Weinstein…
Voici le 10e rôle d’Adèle Exarchopoulos au cinéma, celui qu’elle a endossé juste après celui de La Vie d’Adèle qui l’a révélée au monde entier. Mais, autant chez Abdellatif Kéchiche, c’était elle la vedette, autant, ici, elle n’a qu’un rôle extrêmement secondaire qui se résume à quatre ou cinq séquences. Difficile donc de la juger sur la suite de sa carrière.
Reda Kateb au 1er plan
Le premier rôle est celui de Chérif, tenu par l’impeccable Reda Kateb, qui s’est en train de s’offrir une des carrières les plus intéressantes du jeune cinéma français. On vient de le voir dans Guillaume et les garçons à table de Guillaume Galienne, dans Hippocrate de Thomas Lilti, dans Loin des hommes aux côtés de Viggo Mortensen… Révélé dans Un prophète de Jacques Audiard, consacré dans Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow, il sera à l’affiche de Lost river de Ryan Gosling qui sortira en France en février 2015. Des bons choix donc, pour un acteur qui continue à affirmer son talent avec la même constance des deux côtés de l’Atlantique.
Reda Kateb est donc Chérif, un jeune trentenaire grandi dans le Zup-Sud de Rennes. Après un échec en fac de médecine, il tente pour la quatrième fois le concours d’infirmier. Pour s’y préparer, en secret, il est revenu vivre chez ses parents, dans son quartier d’enfance et vient d’accepter un boulot de vigile au supermarché du coin. Ses copains se moquent de lui, leurs petits frères encore plus, le cherchant constamment quand il est à son poste. Rien de grave mais leur provoc’ est incessante.
Etouffé
Alors que le ciel semble s’éclaircir au-dessus de sa tête – il tombe même amoureux de la belle Jenny (Adèle Exarchopoulos) – , il est mêlé à une embrouille avec un pote d’enfance peu recommandable. S’en sortira-t-il ?
Ce premier film de Marianne Tardieu prend le temps de poser le décor, lentement. On suit donc à la trace (et c’est un peu étouffant) Chérif dans le moindre de ses déplacements, dans ses trajets, dans sa solitude et dans sa détermination… sans pourtant, que ces séquences soient riches de sens et convaincantes, et cela même si ce parti pris fini par se justifier à la toute fin. Il est cerné.
Manque d’air
Certes, mais il aurait été tout aussi intéressant d’en savoir plus sur lui, sur ce qu’il ressent dans ses interactions, non pas seulement avec ses potes d’enfance, dont il commence malgré tout à s‘éloigner, mais avec sa famille chez qui il est revenu vivre ou avec ses nouveaux collègues. Et à ne jamais vouloir quitter cette perspective, le film ne laisse pas beaucoup de respiration : comme il est court, cela reste un atout.
Quant au sujet, peut-on s’extirper de son environnement social, culturel ? Pas sans y laisser de plumes, répond Marianne Tardieu. Ce qui est sans doute vrai, mais pas très original non plus. Malgré tout, ne serait-ce que pour Reda Khateb, ce portrait filmé vaut le détour. Un bon début donc…
De Marianne Tardieu avec Reda Kateb, Adèle Exarchopoulos, Rachid Debbouze, Moussa Mansaly…
Après la tornade Mommy de Xavier Dolan, venez découvrir de quoi est vraiment capable le cinéma québécois .
Du 21 au 26 novembre, au Forum des Images à Paris, aura lieu la 18e édition de Cinéma du Québec. C’est une occasion unique de découvrir des longs métrages inédits en France, réalisés par de jeunes réalisateurs ou par des valeurs sûres.
Des places à gagner!
Cine-Woman s’associe à l’évènement et est partenaire d’une soirée exceptionnelle de ce programme. La leçon de musique de Lewis Furey et Carole Laure, qui aura lieu le mardi 25 novembre à 19h30, et qui sera suivie à 21 h de la projection de Love project, le nouveau film, le quatrième, réalisé par Carole Laure.
Vous voulez participer? Cine-woman vous offre des places… Merci d’envoyer vos coordonnées postales à vlebris@cinewomapx.cluster026.hosting.ovh.net ou en message privé via la page facebook cine-woman ou le compte twitter.
En Corée du Sud, Young Nam, une jeune femme énigmatique débarque dans un village de pêcheurs habitué à fonctionner en vase clos. A vrai dire, c’est le bouillonnant Yonh ha qui y fait la pluie et le beau temps à grands coups de gueule et de rasades de saké.
Protection policière
Young Man, nouvelle chef du poste de police, l’observe avec attention. Mais, elle le laisse faire. La jeune policière est surtout interloquée par l’attitude marginale d’une jeune adolescente, Dohee, qu’elle croise régulièrement à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, sale et seule.
Young Nam finit par comprendre que Dohee est la fille de Yonh ha et qu’il la bat comme plâtre. Pour la protéger, la policière finit par recueillir la jeune fille chez elle.
Victime attitrée
Ce premier film, multi-sélectionné dans les festivals internationaux – il était à Un Certain Regard à Cannes 2014 -, est tellement inabouti qu’il en devient étrange. Produit par Lee Changdong à qui l’on doit les magnifique Poetry et Secret Sunshine, il manque d’une assise de crédibilté dans son scénario pour être réussi.
Même si l’on admet (difficilement) qu’une enfant peut être aussi maltraitée en public sans provoquer la moindre réaction même de la part de policiers, il est impossible de croire que la non-assistante à personne en danger peut être aussi consciemment bafouée, surtout dans un village reculé. La petite n’a absolument aucune échappatoire, tout le monde, son père, sa grand-mère, ses camarades d’école, est contre elle.
Condamné d’office
Admettons! Mais, les raisons qui expliqueraient la violence de sa famille sont traitées avec une telle légèreté, balancées au détour d’une scène qu’elles n’ont aucune consistance par rapport aux dégâts causés. Le père est d’ailleurs un méchant monolithique, bêtement violent et alcoolique, beaucoup trop noir et linéaire pour être un « bon » méchant. Du coup, le spectateur le rejette immédiatement, en sachant que rien de positif ne viendra le rendre attachant.
Si on finit par comprendre que Young Nam n’a aucun intérêt à remettre en cause les habitudes locales, ni à se faire remarquer, il est plus difficile d’admettre que sa stratégie de ne rien faire ne lui sera pas reprocher.
Non-assistance à cinéaste en danger
Avec un tel rejet à priori, cette histoire sensible qui a l’ambition d’embrasser tous les sujets délicats de la misère sociale – alcoolisme, violences familiales, maltraitance, abandon, inceste, homosexualité, sans-papiers, identification au sauveur etc…- finit par être vraiment trop pesante, trop démonstrative pour être intéressante.
Menée à un faux rythme, perclue de silences pesants, cette photographie très dépressive d’une société hyper individualiste manque totalement de subtilité dans sa description (et bizarrement pas dans sa mise en scène, ce qui laisse présager à la jeune réalisatrice un second film plus intéressant), de cette ambiguité qui est la nature même de l’humanité. Dommage.
De July Jung, avec Doona Bae, Kim Sae-Ron, Song Sae-Byuk…
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