No land’s song
En Iran, depuis 1979, il est interdit aux femmes de chanter en solo devant un public… non exclusivement féminin. No Land’s song raconte le long combat de la compositrice Sara Najafi pour braver cet interdit.
Redonner une voix aux femmes
Lorsque Khomeiny est arrivé au pouvoir en Iran, il a déclaré « haram » (illicite) la voix des femmes. Depuis 1980, chanteuses professionnelles ou pas, les femmes n’ont plus voix au chapitre, elles ne peuvent plus chanter en solo devant un public mixte.
Sara Najafi est musicienne depuis l’âge de 4 ans, elle est même la première femme à avoir été diplômée en composition musicale en Iran. Comme de nombreuses jeunes filles qui étudient la musique dans ce No Land’s song, elle ne peut s’exprimer musicalement qu’à condition qu’une voix d’homme recouvre la sienne… ou qu’elle ne réserve sa mélodie ou son interprétation aux seules femmes.
Braver l’interdit
A l’aide de son frère cinéaste, et deux chanteuses Parvin Namazi et Sayeh Sodeyfi, Sara Najafi est bien résolue à faire plier la censure et décide d’organiser un concert de solistes féminines devant le public mixte de l’Opéra de Téhéran.
La préparation du concert lui prendra deux ans et demi sans jamais aucune certitude de parvenir à ses fins. Son frère la suit dans cet acte de bravoure, pas à pas, étape par étape, dans les moments de doute, de joie, de communion musicale avec ses interprètes et de découragements. On l’accompagne donc en caméra cachée au Ministère de la culture et de la guidance islamiste, négocier âprement son projet de concert, motiver les chanteuses étrangères – les françaises Elise Caron et Jeanne Cherhal et la tunisienne Emel Mathlouthi – qu’elle a judicieusement invitées à participer pour obtenir son autorisation, et auprès d’un érudit religieux avec qui elle décrypte pour nous les justifications de cette interdiction.
Habilement construit autour de cette quête, ce documentaire à suspens s’enrichit d’archives et de témoignages qui prouvent que la voix des femmes n’a pas toujours été bannie en Iran. Bien au contraire.
Faire d’un No land’s song un pays de musique
Raison de plus pour soutenir ce film – en courant le voir ! – et garder à l’esprit que rien n’est jamais acquis, en matière de droits des femmes notamment, qu’il convient des rester vigilant (e) s partout et toujours pour empêcher ces entraves à la liberté d’expression et/ou l’effacement de pans entiers de la culture d’un pays. Ici et là-bas.
D’Ayat Najafi, avec Sara Najafi, Jeanne Cherhal, Elise Caron, Parvin Namazi, Sayeh Sodeyfi…
2014 – France/Iran -1h35
A voir aussi sur al condition de la femme en Iran, le sublime Nahid d’Ina Panahendeh