Mommy
Mommy de Xavier Dolan est un film bourré de talents et d’émotion. Un film qui terrasse et bouleverse jusqu’à l’os. Bravo !
La passion selon Xavier D.
C’est une claque, un film qui sonne comme un coup de poing dont on se remet chancelant. Et dont on se demande des heures plus tard comment une si petite histoire, un si petit dispositif, si peu de protagonistes peuvent ainsi laisser KO.
Sous tension
Mommy, c’est l’histoire de Steve, un adolescent difficile qu’on cueille au moment même où il est viré du centre où il vit. Il y a mis le feu et sérieusement blessé un camarade. Sa mère, une séduisante femme qui parle pourtant comme un charretier, vient le chercher. Mais, on sent dékà que leur cohabitation ne va pas être un long fleuve tranquille.
Diane, la mère, est veuve depuis trois ans. Elle s’arrache les cheveux à vouloir contrôler un fils qui l’aime trop, et la peau à essayer de gagner sa vie. Et avoir son fils à plein temps sur le dos ne l’enchante guère. On va vite comprendre pourquoi.
Passion mère/fils
Entre Diane et Steve, les relations sont passionnelles, presque amoureuses. Il l’adore, elle le rejette. Elle tente de le raisonner, il devient dingue. Entre eux, le ton monte constamment, les coups aussi peuvent pleuvoir et la vaisselle et les objets se cassent. Elle lui parle crûment et il le lui rend bien. Mais, ils s’aiment et ça se voit.
Dans cette relation tumultueuse, forte, puissante, va peu à peu se glisser Kyla, la voisine bègue, quasi mutique. A trois, un équilibre instable va finir par se former, laissant quelques périodes de répit dans cette relation folle. Mais, hélas, le caractère impétueux, imprévisible de Steve, son absence totale de limites, les difficultés financières de Diane vont avoir raison de cet apaisement. Et ce trio va finir par éclater.
Accidents de parcours
Le film commence par un cartouche, une explication que l’explosion des sentiments et la succession des actions fortes fait oublier un peu. Juste après, Diane a un accident de voiture et apparaît déjà son caractère entier, tumultueux, un peu vulgaire et volontiers grossier. Même si Diane plait, séduit, Diane n’est pas toujours aimable, loin de là.
Suit une scène de confrontation avec la directrice du centre où est enfermé Steve, et l’on comprend très vite qu’il va falloir s’accrocher. La tension est bien plus que palpable, les paroles qu’elles s’échangent sont de vrais noms d’oiseau (dit à toute vitesse dans un québécois populaire impossible à comprendre). Et Steve a beau avoir une tête d’ange – c’est un blondinet adorable en apparence -, son enthousiasme, son entrain vont être très difficiles à gérer.
Des acteurs incroyables
Poser en quelques minutes, alors que le film dure plus deux heures, le sujet semble impossible à tenir. Et pourtant, en multipliant les scènes de dispute puis de réconciliation, la tension puis la rédemption, allant parfois jusqu’à une certaine sérénité (subtilement mise en scène d’ailleurs), Xavier Dolan gagne son pari haut la main.
Grâce à lui et à un trio d’acteurs extraordinaires, surtout Anne Dorval, qui signe ici une performance hors du commun, cette misérable histoire familiale, porté par seulement trois personnages, est aussi dense qu’une fresque à mille rôles, qu’une passion amoureuse débordante, qu’un film d’action à grand spectacle…
Baroque
Il en fait beaucoup Dolan, mais l’exubérance lui sied. La démesure lui parle tant il maîtrise son sujet et domine ses acteurs avec une aisance désarmante. Il est le roi de la mise sous tension, le chef de sentiments électrisants.
La musique qu’il a l’habitude d’intégrer tel un personnage à part entière dans ses films est à la fois présente mais plus discrète que d’habitude. Mais parions que Céline Dion ou le karaoké ne vous laisseront plus jamais indifférents!
De Xavier Dolan, avec Anne Dorval, Antoine Olivier Pilon, Suzanne Clément…
2014 – Canada – 2h14
Mommy a obtenu le prix du jury au Festival de Cannes 2014
© Shayne Laverdière
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