Mektoub, my love : Intermezzo
Six ans après La vie d’Adèle, palme d’or 2013, Abdellatif Kechiche revient présenter en compétition Mektoub, my love : Intermezzo, la suite du premier opus. Rien de neuf sous les boules à facettes.
Jet Sète
Dans les guerres de festivals, la Mostra de Venise avait remporté Mektoub, my love : canto uno, le premier opus d’une trilogie signée Abdellatif Kechiche. Le Festival de Cannes a retenu la deuxième partie. Malheureusement pas la meilleure.
On reprend. A Sète en septembre 1994. Le cercle d’amis d’Ophélie s’ouvre à une nouvelle recrue : la blonde Marie. Après avoir fait connaissance sur la plage, ils se retrouvent tous en boîte de nuit pour la soirée. Là, sur de la musique hypnotique, des échanges plus ou moins sensuels ont lieu. Des unions se forment et se déforment au hasard des danses. Des sentiments et des discussions se nouent, des jalousies aussi, l’arrivée de Marie redistribuant un peu les cartes.
Quand Amin, le beau jeune homme pétri de fascination pour la plantureuse Ophélie, débarque, il devient le centre des attentions et des tensions. Toutes essaient de la séduire. Il reste plutôt stoïque… sauf quand Ophélie lui apprend qu’elle est enceinte, à un mois de se marier et qu’elle a besoin de lui.
Malgré ce programme chargé, Ophélie revendique avec le même enthousiasme sa liberté de séduire et sa sensualité. Mais, jamais avec Amin. Au petit matin, on finit par sortir de la boîte de nuit dans laquelle le film nous tenait enfermé depuis plus de 3h. L’ultime scène lance le troisième épisode à venir…
Corps à corps
Il ne se passe pas grand chose dans cet Intermezzo interminable. Les personnages sont connus et n’évoluent quasiment pas. Les scènes de danse – le top dance avec les culs des filles tournées en gros plan et contre-plongées sont hyper répétitives. Seule la longue scène de cunnilingus – 13 minutes selon ceux qui ont chronométré – apporte une rupture et donc une certaine variété à cette longue nuit en boîte. Kechiche est un voyeur, c’est sûr. Misogyne? C’est moins évident car les filles y sont au moins aussi entreprenantes que les garçons.
C’est dommage même si l’intermède préfigurait dès le titre un film de transition. On aurait dû savoir à quoi s’attendre. Mais imaginer que Kechiche se limiterait à cela tenait du pari plus que risqué. Cela dit, la salle du Grand Théâtre Lumière s’est à peine vidée. Un exploit pour une séance qui a débuté à 8h30 du matin, un horaire peu compatible avec le contenu du film… Une partie du public y a peut-être prolongé sa nuit.
On murmure que la comité de sélection de Cannes n’avait pas vu le film annoncé sur le programme d’une durée de 4h – il aura perdu une demie-heure entre temps. Recruter un film sur des noms, des rumeurs et un ratage – celui de n’avoir pas pris Canto Uno, n’est sans doute pas recommandé.
D’Abdellatif Kechiche, avec Shaïn Boumedine, Ophélie Bau, Salim Kechiouche, Lou Luttiau, Alexia Chardard, Hafsia Herzi, Marie Bernard…
2019 – France – 3h32
Mektoub, my love : Intermezzo d’Abdellatif Kechiche est en compétition officielle au Festival de Cannes 2019. Il concourt à la Palme d’or. Sa sortie en France n’est pas datée.