Médiamétrie 2018
Les femmes vont-elles au cinéma différemment des hommes? Pour Cine-Woman, Médiamétrie a affiné ses données d’audience pour le vérifier.
Que vont voir les femmes au cinéma?
Médiamétrie, l’institut de mesure d’audience, a publié les chiffres de fréquentation du cinéma en 2017, analysés du point de vue du spectateur. Pour Cine-Woman, Marine Boulanger, directrice du pôle Cinéma et Entertainment, a affiné son discours pour révéler ce que les femmes vont voir au cinéma. Et comment elles fréquentent les salles obscures.
En 2017, sur les 209,2 millions de spectateurs, 52% étaient des femmes. « Un chiffre équivalent à leur proportion dans la population française, explique Marine Boulanger. Mais, suivant les line-up, elles sont parfois plus nombreuses à venir au cinéma. Ce fut le cas en 2010 où elles sont 54% ». Cette année-là, six films d’animation plus le troisième épisode de la saga Twilight se hissaient dans le top 10 du box-office. « Mais, en 2015, 2011 ou 2009, où les champions sont familiaux (respectivement La famille Bélier, Intouchables ou Bienvenue chez les Ch’tis), les résultats sont paritaires », poursuit-elle.
Les femmes, un public occasionnel
Médiamétrie répartit les spectateurs en trois catégories : les occasionnels (qui vont au cinéma au moins une fois par an), les réguliers (au moins une fois par mois) et les assidus (au moins une fois par semaine). Les femmes sont plus nombreuses chez les occasionnels : 71% d’entre elles, soit 15 millions d’individus contre 13 chez les hommes, vont au cinéma moins de 12 fois par an.
C’est surtout vrai auprès des jeunes femmes. Le public se féminise avec l’âge, surtout quand il a passé 24 ans. « En grande partie parce que ce sont les femmes qui emmènent les enfants au cinéma, analyse Marine Boulanger (Médiamétrie). Dès que les films d’animation sont ciblés sur les petits garçons, sans personnage féminin fort, les résultats sont décevants. C’est le cas de Spirou par exemple. Et si les mères se déplacent moins, les pères ne prennent pas nécessairement le relais ». Pour elle, c’est la même raison – l’absence de personnages féminins forts – qui explique que le western reste un genre très masculin.
Les filles se mettent au cinéma de (certain) genre
Pourtant, le public féminin évolue et sur la cible stratégique des 18-24 ans (en baisse continue et conséquente depuis 25 ans, passant de 35,3% des entrées en 1993 à 18,2% en 2017). Les jeunes filles se sont mises aux blockbusters, aux films d’actions et d’aventure surtout quand on y trouve des héroïnes (Wonder Woman, par exemple).
Surtout à un genre auparavant extrêmement masculin : l’horreur, où elles représentent désormais la moitié du public. Et dans une moindre mesure le fantastique et la science-fiction. « Les filles ont fait l’effort de s’ouvrir aux goûts des jeunes hommes », souligne Marine Boulanger en précisant que la réciproque est moins vraie.
Les genres féminins selon Médiamétrie
Les femmes restent toutefois prescriptrices pour les comédies romantiques (Cinquante nuances plus sombres). Elles continuent à plus aimer les documentaires, l’animation, les comédies dramatiques, les drames et les films musicaux que les hommes.
Pour en finir avec les généralités, sachez aussi que les femmes sont plus adeptes des films français, du cinéma d’art et essai, qu’elles sont plus sensibles aux critiques et que elles sont plus nombreuses, après 50 ans, à aller au cinéma.
Quels films ont-elles plébiscité en 2017?
Pour le savoir, deux variables sont étudiées : la proportion des femmes dans le public global du film ou leur nombre en volume. Les résultats n’ont rien à voir.
Les films 2017 dont la part du public (en %) a été la plus féminine sont :
- Chouquette de Patrick Godeau : 81%
- Cinquante nuances plus sombres de James Foley (79%) – n°14 du box office français
- De plus belle de Anne-Gaëlle Daval (75%)
- Girls Trip de Malcolm D. Lee (74%)
- L’Opéra de Jean-Stéphane Bron (71%)
En volume (en millions d’entrées), c’est-à-dire là elles ont été les plus nombreuses :
- Moi, moche et méchant 3 de Kyle Balda et Pierre Coffin (3,2) – n°2 du box-office français
- Star Wars – les derniers Jedi de Rian Johnson (2,7) – n°1 du box-office français
- La belle et la bête de Bill Condon (2,5) – n°10 du box office français
- Cinquante nuances plus sombres de James Foley (2,4) – n°14 du box office français
- Coco de Lee Unkrich (2,3) – n°4 du box-office français
Ce qui tend à confirmer l’hypothèse de Marine Boulanger : ce sont bien les mères qui continuent à emmener les enfants au cinéma.
Quels films ont-elles aimés?
Autre donnée intéressante : l’indice de satisfaction des films. Le taux est légèrement plus élevé chez les femmes (8,7 contre 8,5 en moyenne). Sur les cinq films plébiscités par l’ensemble des spectateurs, quatre figurent dans le hit-parade féminin ( et tous à égalité) :
- Lion de Garth Davis
- Patients de Grand Corps malade et Mehdi Idir
- Les Figures de l’ombre de Theodore Melfi
- Coco de Lee Unkrich
Un seul diffère : Thor: Ragnarok de Taika Waititi qu’elles préfèrent à Au-revoir là haut d’Albert Dupontel, qu’elles assimilent peut-être à un film de guerre, un genre honnis par les femmes !
Rendez-vous avec Médiamétrie, au printemps 2019, pour connaître les nouveaux champions élus par les spectatrices et pour découvrir si leur comportement continue à évoluer.