Sophie Barthes signe une adaptation envoûtante de Madame Bovary, très proche de l’esprit de Gustave Flaubert. En anglais bizarrement.
Un monde étroit, un désir infini
« A ne pas posséder ce qu’on aime, on vit sans amour ». Et l’amour, Emma en rêve et en manque cruellement.
Madame Bovary : une cruelle désillusion
Jeune orpheline, Emma quitte le couvent pour épouser un médecin de campagne, un homme loyal mais rustique qui la dégoûte rapidement. En revanche, elle s’y entend pour profiter du confort matériel qu’il lui offre – ou qu’elle imagine – et du succès qu’elle a auprès d’autres hommes, se créant de toute pièce une sorte d’idéal de vie dans lequel elle va se brûler les ailes.
Emma Bovary n’était pas faite pour la vie étroite qu’on a voulu pour elle. Et plutôt que d’accepter d’être déçue, rabaissée, elle préfère la mort à la médiocrité.
Fidèle à l’esprit de Flaubert
Avec cette adaptation plus fidèle à l’esprit de Gustave Flaubert qu’au déroulé précis de son roman, Madame Bovary, Sophie Barthes signe un deuxième film ambitieux et subtil. Sans effets grandiloquents mais avec au contraire, en collant son personnage au plus près, elle compose le portrait d’une idéaliste, piégée par ses fantasmes romantiques, sa détermination sans faille et son incapacité à se confronter au réel bouleversante.
Vibrante, prise en étau entre cette insatisfaction chronique et les obligations de son siècle et de sa classe sociale, Emma Bovary est interprétée en nuance et en retenue par la comédienne Mia Wasikowska, au diapason d’une mise en scène fine et d’une lumière tout en clair obscur, qui révèle une tonalité ocre.
« Emma Bovary, c’est nous »
Passée la surprise d’un film joué en anglais – et l’un des premiers acteurs à parler étant Olivier Gourmet, ce qui est choquant- ce film est un réel enchantement qui réussit à s’inscrire aisément dans une modernité bienvenue où la quête des plaisirs est ce désir infini auquel Emma comme d’autres aujourd’hui se heurtent sans répit et sans issue. Magnifique!
De Sophie Barthes, avec Mia Wasikowska, Henry Lloyd-Hugues, Ezra Miller, Paul Giamatti, Rhys Ifans, Olivier Gourmet…
2015 – Grande-Bretagne/ France/Belgique – 1h58