Ma meilleure amie
L’amitié indéfectible de deux amies mise à mal par le cancer de l’une, par l’infertilité de l’autre. Ma meilleure amie, une comédie dramatique qui sent le vécu, réalisée par Catherine Hardwicke.
Une amitié féminine à l’épreuve
Jess et Milly sont amies depuis l’enfance, inséparables même. Devenues adultes, elles mènent des vies différentes mais sont toujours aussi liées. Milly, excentrique et très rock, a choisi très tôt d’avoir une famille, un mari, des enfants et un boulot stable ; Jess, plus artiste et plus introvertie, partage sagement sa vie avec son compagnon. Elles ne viennent pas du même milieu social non plus.
Leur amitié indéfectible va être mise à mal quand Milly va apprendre qu’elle a un cancer du sein alors que Jess est en plein traitement contre l’infertilité. Deux bouleversements que le destin place dans leur vie au même moment et qui les feront évoluer, mais sans qu’elles cessent ni de se voir, ni de s’entraider.
Ma meilleure amie, un film réaliste
Voilà un film qui n’aborde que des problématiques dites féminines (même si les hommes peuvent en être affectés) et le fait, pour une fois, sans superficialité. Ce qui n’empêche pas la légèreté. Catherine Hardwicke, la réalisatrice, comme la scénariste Morwenna Banks qui a eu l’idée du sujet, traitent avec la même profondeur l’amitié forte, tenace, indispensable qui lie ces deux petites filles puis plus tard ces deux jeunes femmes et ce qui les affecte (la maladie, la difficulté à tomber enceinte) et risque de les séparer.
En effet, elles prennent même le temps de justifier ce lien qui les unit, à la fois par la relation distante qu’entretient Milly avec sa mère et par son excentricité. Mais, elles insistent et montrent réellement ce que c’est au quotidien de suivre une chimiothérapie, d’en subir les effets secondaires, de se relever d’un FIV qui n’a pas marché etc… Rarement, ces évènements du quotidien ont été abordés si crument, avec un réalisme non édulcoré et surtout pas dissimulés par des ellipses honteuses.
Parler vrai, l’atout majeur de Ma meilleure amie
Cette honnêteté qui met en évidence par exemple qu’une malade peut encore avoir envie de séduire et surtout qu’une femme a forcément de nombreuses facettes (elle peut aimer draguer, faire la fête et se révéler en fondant une famille jeune et en s’occupant de ses enfants) est très rarement mis à l’écran, surtout dans le cinéma américain non indépendant.
Saluons donc l’audace de Catherine Hardwicke, réalisatrice à succès depuis qu’elle a filmé le premier épisode de Twilight, et qui révèle ici, que tout en étant dans le système hollywoodien le plus consensuel qui soit, elle sait parler vrai et sans les clichés habituels. Sans les fautes de goût auxquelles nous ont habituées Tina Fey et Amy Poehler par exemple.
Ma meilleure amie, un film brut
Ce film n’en est pas pour autant un chef d’oeuvre. A cause de la définition caricaturale des personnages. Milly (Toni Colette), toute en excentricités, écrase littéralement son amie, plus sage, plus docile, qu’est Jess (Drew Barrymore). Du coup, si on comprend aisément la fascination de l’une pour l’autre, l’inverse n’est pas crédible. Et Milly est franchement insupportable.
Pourquoi Milly, qui est si indépendante, si bien entourée par sa famille, ressent-elle le besoin d’avoir Jess pour autre chose qu’un faire-valoir? Pour le coup, une relation plus nuancée, plus équilibrée aurait donné plus de subtilités, à ce film intéressant, nouveau même, pour son parler cru, mais pas pour sa psychologie.
De Catherine Hardwicke, avec Toni Colette, Drew Barrymore, Dominic Cooper, Paddy Considine, Jacqueline Bisset…
2015 – Etats-Unis – 1h52