Quand une contrainte devient une ode à la liberté et l’occasion de revenir sur son existence… Voilà Louise en hiver, le dernier dessin animé de Jean-François Laguionie, un film-bilan et une réflexion philosophico-poétique sur sa propre vie.
Au crépuscule d’une vie
Depuis qu’elle est enfant, Louise a l’habitude de passer ses vacances d’été dans sa maison de Biligen sur mer. Et comme chaque année, elle devait prendre le dernier train de la saison qui la ramène en ville. Mais, elle le rate. La voilà donc toute seule dans une petite station balnéaire de la côte normande, de celles où les alliés ont débarqué en 1944. Un endroit qu’elle croyait bien connaître et qu’elle va découvrir à l’année longue.
S’il n’y a plus âme humaine qui vive, les oiseaux, les crabes, la mer et la plage sont ravis d’être enfin débarrassés des vacanciers. Louise aussi ! Elle est toutefois déçue que personne ne pense à venir la chercher. Puis, elle réfléchit et se convainc que c’est plus normal qu’il n’y paraît.
Louise en hiver et face à la mer
Après que les grandes marées ont nettoyé le paysage et inondé sa maison, Louise décide de s’installer sur la plage. Elle s’y construit une cabane où un chien vient bientôt lui tenir compagnie. Face à la mer, elle donne alors libre cours à ses pensées, à ses souvenirs et à ses rêves. Et finalement, a-t-elle eu une belle vie?
Louise est enfin libre et c’est alors qu’elle peut rejoindre l’univers poétique et philosophique de Jean- François Laguionie. Celui qu’il décline depuis de nombreuses années dans ces films animés, surtout depuis Le Tableau, son avant-dernier film emprunt lui aussi de nostalgie.
Louise en hiver, c’est moi!
De l’aveu de son créateur, Louise serait son héroïne la plus proche de sa personnalité. Louise, c’est lui! Alors, tout en douceur, grâce à ses dessins à l’aquarelle, au lavis, au crayon de couleur et au pastel posé sur ce qu’on dirait du papier Canon à gros grain, Jean- François Laguionie se confie.
Grâce à sa délicate nostalgie et à une lucidité féroce, il finit par aborder de profondes questions existentielles : la solitude, les choix de vie, la « vieillitude » aussi comme il dit. Il fait de Louise une sacrée bonne femme, qui accepte son sort sans se résigner, sans se plaindre. Touchant et pertinent.
De Jean- François Laguionie, avec la voix de Domnique Frot
2016 – France / Canada – 1h15
Louise en hiver de Jean- François Laguionie était en sélection officielle au Festival International du Film D’Animation d’Annecy 2016.