Grande fresque qui franchit sur plusieurs époques et dans plusieurs pays, L’histoire de l’amour de Radu Mihaileanu est aussi subtil que son titre, mais jamais émouvante. Un comble !
Une double rencontre ratée
Avec un titre aussi définitif et grandiloquent, on est en droit d’exiger beaucoup. Vainement. Autant l’histoire de cet amour intègre que Leo gardera toute sa vie pour Alma aurait pu être puissante, autant le film qui la raconte n’est ni émouvant, ni passionnant.
En Pologne, avant-guerre, Alma est la plus jolie fille du shtetl et la plus aimée par Leo, Bruno et Zvi. Elle a promis d’épouser celui qui écrit le mieux. A ce jeu, c’est Léo le favori.
De la Pologne à New York
La guerre menace et Alma fuit à New York. Elle fait jurer à Léo de lui envoyer chaque semaine un chapitre du livre qu’il a promis d’écrire sur elle et qu’en toute sobriété il intitule l’histoire de l’amour.
De nos jours, à New York, Léo vit chichement, toujours amoureux d’Alma. Sans savoir qu’une jeune Alma, prénommée à cause du fameux livre, pourtant introuvable aux États-Unis, va lui permettre de renouer avec ce que fut sa vie.
Une histoire de l’amour sans aucune émotion
Le récit, dans le film, est alambiqué pour rien. Les histoires des deux Alma sont racontées en parallèle avec d’inutiles allers et retours dans le temps. Surtout, le montage haché gâche tout élan émotionnel qui sied à ce genre de fresque.
Amoureux transi, le personnage de Leo (Mark Rendall, Léo jeune et Derek Jacobi, Léo vieux) devrait être bouleversant. Il a été trahi par tous, le sera encore quand ils seront morts. Son amour pour Alma a beau être le plus fort, il est incompréhensible qu’il lui reste fidèle à vie, obéissant à ses ordres alors que le sens commun voudrait qu’il s’en défende.
Une histoire de l’amour grandiloquente
L’autre histoire, celle de la jeune Alma, est bercée de la même illusion et du coup, elle semble complètement anachronique. L’absence d’émotion, de passion transmises est évidemment le handicap majeur de cette envolée qui se voudrait lyrique.
Mais, le reste est à l’avenant. Les dialogues sont primaires, le jeu des acteurs figé, la musique assourdissante et insupportable, les symboles utilisés ( les mains des amoureux qui se cherchent) convenus, la construction du film pourtant adapté d’un roman, celui de Nicole Krauss, incohérente… N’en jetons plus.
Résistance
Rien à voir en tout cas avec la folie latente, le trouble, la gêne ambigüe qui ressortait du choix de Sophie dont L’histoire de l’amour aurait pu se rapprocher et auquel fait référence Radu Mihaileanu. Même si Gemma Arterton n’est Meryl Streep, elle démérite pas. Mais comme les autres acteurs elle n’a pas grand chose à défendre.
Radu Mihaileanu a son public, tant mieux. Celui-ci devrait être une nouvelle fois séduit quand ceux qui n’apprécient pas son art seront une fois de plus complètement hermétiques. Avec la même fracture qui oppose les pro des anti-Lelouch.
De Radu Mihaileanu, avec Gemma Arterton, Derek Jacobi, Sophie Nélisse, Elliott Gould….
2016 – France /Canada – 2h14
© Laurent Guerin- Wild Bunch Distribution