Les Tops 5 de Vincent Lebrun
Les femmes et le 7ème art, c’est une longue histoire mal connue. Pour l’honorer, Cine-Woman demande à tou(te)s les 5 films de femmes et les 5 rôles féminins qui les ont marqués. Vincent Lebrun, réalisateur et journaliste de cinéma, nous a confié ses listes.
Les choix de Vincent Lebrun
Pour Vincent Lebrun, le journalisme et le cinéma sont toujours allés de pair. Après avoir travaillé à Starfix, à 7 à Paris, à Cinéphage, il intègre le Journal du cinéma de Canal Plus puis l’agence Capa au sein de laquelle il participe à toutes les émissions cinéma de la chaîne cryptée entre 1995 et 2008.
Parallèlement, il a réalisé une quinzaine de documentaires pour la télévision ainsi que deux courts métrages : Tête brûlée en 2001, avec Bruno Lochet et Yvon Back et Des trous dans le silence en 2011 avec Agathe Dronne et Philippe Rebbot. Depuis août 2015, Vincent Lebrun suit à la trace et caméra au poing le succès du groupe L.E.J (dont fait partie sa fille Lucie) tout en écrivant son premier long-métrage, Maniaque.
Tous ceux qui le fréquentent sur facebook ou ailleurs savent que sa cinéphilie est restée intacte, variée, débordante même. La preuve ? Ses « fragments d’une cinéphilie du hasard », un post régulier où il fait part de ses coups de coeur de cinéma. Ils sont tellement nombreux qu’il en est déjà au 395e, euh pardon 411e film voire 428e ! Il s’est plié avec gourmandise au jeu des Tops 5 de Cine-Woman et beaucoup d’arguments. Lisez plutôt!
Mes 5 films de femmes préférés
1 – Sweetie de Jane Campion
Parce que c’est un premier film et que tous les premiers films devraient avoir cette inventivité permanente. Parce que c’est un objet à part, singulier et très personnel qui a fait l’effet d’une comète dans le ciel du cinéma mondial. Un OFFNI (Objet filmique féminin non identifié) comme devraient l’être tous les films de femme… voire tous les films tout court.
2 – La bouche de Jean-Pierre de Lucile Hadzihalilovic
Le regard d’une femme sur la pédophilie, l’enfermement, la solitude, la découverte de la sexualité et l’enfer des grands ensembles, en seulement 50 mn. Et le regard d’une femme qui a vu et aimé les films de Dario Argento ou Roman Polanski. Encore un premier film.
3 – Une vraie jeune fille de Catherine Breillat
Encore et toujours un premier film. Une vision décapante de la sexualité d’une très jeune femme, sans fausse pudeur. Le genre de films que l’on faisait dans les années 70 – comme Mais ne nous délivrez pas du mal de Joel Séria- et que l’on ne fera plus. Même Catherine Breillat n’a pas fait mieux, ni plus brut ou plus direct depuis…
4 – Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda
Le seul film de femmes de la Nouvelle Vague. Une divagation à la fois grave et légère dans Paris, celle d’une Corinne Marchand angoissée à l’idée d’être atteinte d’une maladie incurable. Une des plus belles parenthèses enchantées du cinéma français.
5 – Ex aequo : Scarlet Diva d’Asia Argento et Clément d’Emmanuelle Bercot
Scarlet Diva est un autoportrait décapant par une comédienne-réalisatrice qui tente d’exorciser ses démons en se livrant à son propre jugement : sexe, névroses, drogue, tout l’arsenal de la déglingue y passe. Profondément vrai et touchant.
Clément d’Emmanuelle Bercot est une odyssée urbaine à fleur de peau entre une femme et un adolescent. Un film audacieux qui consacre la naissance d’une cinéaste importante.
Les 5 prestations d’actrices inoubliables
1 – Gena Rowlands dans Opening night de John Cassavetes
Parce que c’est sans doute la plus grande actrice encore vivante et c’est sans doute son plus grand rôle. Celui d’une actrice alcoolique en perdition. Elle est plus que bouleversante, elle invente des émotions inédites devant la caméra en état de grâce de Cassavetes.
2 – Giulietta Masina dans Les nuits de Cabiria de Federico Fellini
Parce que ce ludion poétique au visage enfantin transformé en prostituée napolitaine naïve et malicieuse, devient sous l’œil de son mari, Federico Fellini, un personnage de tragédie.
3 – Romy Schneider dans L’important c’est d’aimer d’Andrzej Zulawski
Aucune actrice ne s’investissait autant qu’elle dans ses rôles. La regarder jouer était autant une joie qu’une souffrance. Et c’est le sujet même du film de Zulawski. Indispensable.
4 – Ingrid Bergman dans Stromboli de Roberto Rossellini
Parce qu’en gravissant le Stromboli, Ingrid Bergman nous emmène très haut avec elle, et nous consume dans sa communion avec le volcan. Sublime.
5 – Ex-aequo : Catherine Deneuve dans Répulsion de Roman Polanski et Brigitte Bardot dans Le Mépris de Jean-Luc Godard
On oublie trop que Deneuve a tout joué dans sa carrière. Même à faire peur. Ici, elle y parvient au delà de l’imaginable en manucure obsessionnelle et paranoïaque.
Parce qu’au delà de la beauté de ses épaules et de ses fesses, Brigitte Bardot c’était une voix, une attitude, un genre à elle toute seule. Et que le mépris dont elle est l’objet aujourd’hui n’est rien face à celui que Godard lui a demandé d’incarner…
Hors-concours
Isabelle Adjani dans Possession d‘Andrzej Zulawski
Parce que l’actrice se donne tellement au film qu’on finit par avoir peur pour elle. Unique.
© Splendor Films; Pyramide Distribution; Les Films Marceau ; Ciné Classic.
Les tops 5 de Fabrice du Welz - Cine Woman
12 mai 2017 @ 7 h 02 min
[…] Les conventions, il les transgresse. Avec un enthousiasme et une générosité non feintes. Quand Vincent Lebrun lui a suggéré de confier à Cine-Woman ses tops 5, il a joué le jeu. Mais à sa façon, en […]