Les choix de Leonor Serraille
Mes 5 films réalisés par des femmes préférés
Pour la plongée avec les éléments et l’étrange bien-être qu’on ressent en sortant du film, alors qu’on a été confronté à la mort, au deuil, à la solitude. Toute son œuvre est mystérieuse et magique.
La fusion merveilleuse entre le fait-divers, l’autobiographie et le portrait de femme. L’audace, à contre-courant des discours féministes, de montrer la déroute d’une Wanda livrée à elle-même, fragile, influençable.
Pour les face-à-face entre la violence des émotions et la finesse des sentiments. Entre les corps nus et les corps cachés. Entre le silence de l’héroïne et la musique, d’une telle intensité.
La parfaite équation entre une réalisatrice, un concept et une comédienne habitée, fantastique, Nathalie Richard.
Je pense souvent à ce film, très beau, à son économie d’effets, de mots, de situations. La modestie du personnage, la sécheresse de son périple, la grande solitude mais quand même, lumineux, l’espoir de l’entraide.
5 prestations d’actrices inoubliables
Pour sa performance , à la fois animale, cérébrale, totale. J’ai beau connaître le film par cœur, quand vient le moment où elle baisse ses lunettes dévoilant les blessures qu’elle a autour des yeux , je suis saisie par l’intensité de la découverte. Peut-être parce qu’avec cette actrice on oublie tout, on est rivé à l’instant présent.
Thérèse M’Bissine Diop compose un personnage à la fois doux et rebelle, une figure de femme libre. Cataloguée « actrice engagée » elle n’a pas eu accès aux rôles qu’elle méritait. Elle fait passer une quantité de choses impressionnante avec une économie, une pudeur, une retenue, et pourtant tout peut vriller en un seul regard qu’elle pose sur celle qui l’exploite.
Tout est cassé chez Sue et elle rayonne pourtant de dignité, d’humour, de générosité. A chaque fois, c’est une choc : l’interprétation d’Anna Thomson me bouleverse. Ce personnage – et cette actrice – m’accompagnent dans la vie, et sont liés aussi à mon envie de faire du cinéma : passer du temps avec de belles personnes qui s’ignorent.
Yoon Jung-Hee semble touché par la grâce comme le personnage qu’elle « vit ». Elle chemine autant dans la magie de l’enfance, la naïveté, l’insouciance, la joie que dans le silence, le tragique, la mort. Elle dévoile un paysage intime la fois concret, simple et dérangeant. C’est assez éblouissant.
5 – Liv Ullman chez Ingmar Bergman ou Hedy Lamarr dans Extase de Gustav Machaty (1933)
Difficile de trancher pour Liv Ullman chez Bergman ou alors peut-être Hedy Lamarr dans Extase de Gustav Machaty (1933).
Le courage, à 19 ans, de se livrer toute nue devant une équipe masculine. Hedy Lamarr était aussi intéressée par mille autre choses et a fait breveter un système de communication pour engins radio-guidés…
© Patrick Gaillardin – Haut et court – Gemini Films – Les Films du Paradoxe – Epicentre – Diaphana Distribution