Les femmes et le 7ème art, c’est une longue histoire mal connue. Pour l’honorer, Cine-Woman demande à tou(te)s les 5 films de femmes et les 5 rôles féminins qui les ont marqués. Fabrice du Welz, le réalisateur de Message from the King, en salle le 10 mai 2017, nous a confié ses listes.
Les choix de Fabrice du Welz
Fabrice du Welz est un malin et un sacré coquin. Les lignes, il les franchit. Les conventions, il les transgresse. Avec un enthousiasme et une générosité non feintes. Quand Vincent Lebrun lui a suggéré de confier à Cine-Woman ses tops 5, il a joué le jeu. Mais à sa façon, en détournant non pas les yeux, bien au contraire, mais les règles.
Vous voulez des films réalisés par des femmes ? Ok, il donne Matrix. Vous cherchez une actrice inoubliable? Brigitte Lahaie dans un film dont on ne peut pas publier d’images – elles sont introuvables, mais pas que.
En fait, Fabrice du Welz a agi ici comme dans ses films. En jouant avec les marges. Et c’est tant mieux comme ça.
Son nouveau film, Message from the King, est un polar sec à l’intrigue fouillée et tourné dans l’ambiance stylée des films policiers des années 1970. Il l’a tourné à Los Angeles, ville où il a passé 18 mois et se régale à en révéler la face sombre comme les éclats trop puissants de sa lumière.
Amour ou épouvante?
La preuve, une nouvelle fois, que Fabrice du Welz se déjoue des frontières. Né en Belgique, il débute avec un court-métrage fantastique au titre béat Quand on est amoureux, c’est merveilleux mais manie déjà le chaud et le froid avec la suite. Calvaire, son premier long, réunit pas mal d’acteurs (Laurent Lucas, Jackie Berroyer, Philippe Nahon…) et Brigitte Lahaie, déjà. Ce film d’horreur reçoit le prix du jury à la Semaine de la critique à Cannes en 2004 et celui de la critique internationale à Gérardmer.
Dans cette même veine qui baigne les histoires d’amour dans un monde d’épouvante, il réalisera Vinyan, avec Emmanuelle Béart, sélectionné à la Mostra de Venise 2008, puis Alleliua, salué à la Quinzaine des réalisateurs 2014. Entre temps, il signe un polar Colt 45.
En attendant d’aller savourer la revanche et les petits mots du King, regardez donc les choix de ce cinéphile éclectique. Provocateur mais franchement connaisseur.
Mes 5 films réalisés par des femmes préférés
1 – Portier de nuit de Liliana Cavani (1974)
Un film fascinant et probablement impossible à tourner aujourd’hui. Une danse avec la mort avec le couple le plus trouble et décadent du cinéma.
2 – Wanda de Barbara Loden (1970)
Un portrait chaotique de femme à la dérive. Wanda est inoubliable. Sa mélancolie et sa vulnérabilité procure une force infinie …
3 – Point break Extrême limite de Kathryn Bigelow (1991)
Probablement un des films que j’ai le plus regardé dans ma vie. Et je continue de le voir de temps en temps. Kathryn Bigelow réalise ici un grand film d’action d’une modernité implacable et qui révèle toute la profondeur de sa filmographie.
4 – Trouble every day de Claire Denis (2001)
A mes yeux, Claire Denis est une des plus importantes cinéastes en activité aujourd’hui. J’aime tous ses films. Trouble Every Day est sans doute mon préféré parce qu’il propose une abstraction barbare, sanguinolente et extraordinairement poétique de l’amour fou. Et puis Béatrice Dalle…
5 – Jeanne Dielman, 23 quai du commerce, 1080 Bruxelles de Chantal Akerman (1975)
Jeanne Dielman, 23 quai du commerce, 1080 Bruxelles est un film sublime et fondamental. A la limite de l’expérimental, Jeanne Dielman annonce à lui tout seul le cinéma moderne américain. En Belgique, Chantal Akerman est morte dans une indifférence générale et j’en ai été profondément interpellé.
Et aussi :
6 – Matrix de Lana & Lilly Wachowski (1999)
Une révolution dans la SF mais pas seulement. Un grand film visionnaire mettant en scène un héros à la recherche de lui-même…
5 prestations d’actrices inoubliables
1 – Giuletta Massina dans La strada de Federico Fellini (1954)
Je dois bien avouer que je n’ai pas la larme facile au cinéma (ni dans la vie), mais Giuletta Massina qui incarne la douce et naïve Gelsomina dans La Strada me bouleverse comme personne.
2 – Isabelle Adjani et Romy Schneider dans Possession (1981) et L’important c’est d’aimer (1975) d’Andrzej Zulawski
Indissociables à mes yeux. Deux performances de feu et de sang où l’âme dégueule, éjacule et vous arrache les sens.
Deux actrices fascinantes pour la vie.
3- Kathy Bates dans Misery de Rob Reiner (1990)
Annie Wilkes est mon personnage féminin préféré. Elle a durablement hanté mes nuits d’adolescents cinéphages et la composition de Kathy Bates est un chef d’oeuvre d’humanité.
4 – Kim Novak dans Sueurs Froides d’Alfred Hitchcock (1959)
J’ai un fétichisme pour Kim Novak comme Scottie. Je suis possédé par ce film. J’y pense tous les jours.
5 – Annie Girardot dans Un homme qui me plaît de Claude Lelouch (1969)
J’aurai pu dire aussi Fanny Ardant dans La femme d’à côté de François Truffaut (1981)
Parce que les deux films, même si différent, propose des personnages de femmes jusqu’au boutiste et à fleur de peau.
Et aussi :
Frances McDormand dans Fargo de Joël et Ethan Coen (1996)
Pam Grier dans Foxy Brown de Jack Hill (1974) , Brigitte Lahaie dans Inonde mon ventre de Maxime Debest et Jean Lefait (1978), Joan Crawford dans Il était une fois de Georges Cukor (A woman’s face – 1941) et dans Johny Guitar de Nicholas Ray (1954) Et tant d’autres encore …
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