Les femmes et le 7ème art, c’est une longue histoire mal connue. Pour l’honorer, Cine-Woman demande à tou(te)s les 5 films de femmes et les 5 rôles féminins qui les ont marqués. Catherine Petit, la responsable culture et cinéma au Cabinet de la Ministre des Droits des Femmes, Laurence Rossignol, nous a confié ses listes.
Les choix de Catherine Petit
Catherine Petit a découvert le cinéma à la télévision, avec Claude-Jean Philippe. Elle était au collège, ses parents venaient d’acheter un magnétoscope. Du coup, elle enregistrait toutes les séances du Cinéma de Minuit pour les regarder plus tard. A l’époque, elle aimait la lecture et voulait être danseuse classique. Sans regret, elle abandonne pourtant les chaussons pour la philosophie. Elle intègre Normale Sup et adhère au parti socialiste dans un même élan.
C’est Alain Juppé qui décide de sa vocation. Il est Premier Ministre, impopulaire et déclenche un long mouvement de grève en 1995. Catherine Petit étudie dans le quartier la Sorbonne. Elle profite des annulations de cours pour rendre visite aux cinémas du quartier. « Voilà comment je me suis forgée une cinéphilie », reconnaît-elle aujourd’hui. Et une conscience politique plus forte.
Catherine Petit : la culture, les Cabinets et le Festival de Cannes
Les grèves s’achèvent. Catherine Petit continue à fréquenter les cinémas du quartier latin à haute dose et poursuit ses études. Laurent Fabius, alors président de l’Assemblée Nationale, a besoin d’une plume. Elle le rejoint six mois. Puis devient conseillère pour les droits des femmes, la jeunesse et la culture du député Raymond Forni. Plume de Bertrand Delanoë à la Mairie de Paris, elle intègre ensuite le cabinet du président du Conseil Général de l’Essonne.
C’est là qu’elle découvre le Festival de Cannes. Elle sort en larmes de Lawrence anyways de Xavier Dolan. Devenue conseillère auprès d’Emmanuel Hoog, qui dirige l’INA, elle gère le partenariat avec le 60e Festival de Cannes. Et rentre sidérée après avoir vu Le Ruban blanc de Michael Haneke. Rattachée au cabinet de Claude Bartolone en Seine Saint -Denis à partir de 2011, elle intègre celui de Laurence Rossignol, Ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes en charge de la culture et du cinéma. En attendant le résultat des élections et sa prochaine affectation…
Mes cinq films de femmes préféré
1 – La leçon de piano de Jane Campion (1993)
Un chef d’œuvre, par l’incroyable alchimie de toutes les contradictions : des images sublimes mais dérangeantes, des âmes sombres et des visages lumineux, un étrange mélange de douleur et de douceur… Une puissance érotique folle, aussi. Et parce que ce film reste la seule Palme d’Or à avoir été décernée à une femme.
2 – Sans toit ni loi d’Agnès Varda
Pour la performance de Sandrine Bonnaire, solaire dans le dénuement, pour la manière dont Agnès Varda a filmé l’âpreté de cette région (que j’aime particulièrement) et parce que ce film a, indirectement, contribué à forger ma conscience politique.
3 – Mustang de Deniz Gamze Ergüven
Parce que c’est un film par essence féministe : qui dénonce sans démontrer mais en donnant simplement à voir la condition des femmes dans la société patriarcale et le combat pour leur émancipation. Ce parti pris donne au propos une force incroyable. Et aussi pour certaines scènes d’une beauté rare et d’une sensualité bouleversante.
4 – Lost in translation de Sofia Coppola
A l’image de la rencontre du couple Murray / Johansson, tout est improbable dans ce film mais il m’embarquée de la première à la dernière minute, sans jamais que je parvienne à réellement comprendre pourquoi. Un tour de force, donc.
5 – Recherche Susan désespérément de Susan Seidelman
Sans grand intérêt sur le plan cinématographique, mais un film générationnel qui m’a marquée : mon idole Madonna, son look incroyable, les images de New York… Une certaine idée de la liberté et de la féminité au moment où j’entrais dans l’adolescence.
Cinq prestations d’actrices inoubliables
1 – Gena Rowlands dans TOUS les films de John Cassavetes
La quintessence de l’actrice, la muse, la femme. Un éblouissement permanent, elle irradie dans tous les plans.
2 – Romy Schneider dans L’important c’est d’aimer d’Andrzej Zulawski
Parce que la célèbre image de son visage baigné de larmes et des yeux qui implorent sous les faux-cils m’a, à soi seule, donné envie de voir ce film.
3 – Emily Watson dans Breaking the Waves de Lars Von Trier
Ce film reste pour moi choc esthétique autant qu’émotionnel, porté par une actrice littéralement touchée par la grâce. L’impossible incarnation de la force et de la fragilité, de l’intelligence et de la mièvrerie, de la pureté et de la perversité. Une performance en forme de claque, qui laisse le souffle coupé.
4 – Marilyn Monroe dans Certains l’aiment chaud de Billy Wilder
Parce qu’elle y est aussi belle que drôle. Juste sublime. Marilyn forever.
5 – Sophia Loren dans Une journée particulière d’Ettore Scola
Parce que je me demande encore comment une femme peut être aussi sexy dans une tenue de ménagère… Sans doute aussi parce que dans ce rôle à contre-emploi, elle incarne une révolte salutaire contre toutes les formes d’oppression, domestique et politique.
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