Les Tops 5 de Baptiste Liger
Les femmes et le 7ème art, c’est une longue histoire mal connue. Pour l’honorer, Cine-Woman demande à tou(te)s les 5 films de femmes et les 5 rôles féminins qui les ont marqués. Baptiste Liger, critique littéraire et spécialiste des adaptations au cinéma, nous a confié ses listes.
Les choix de Baptiste Liger
Un brin provocateur mais joyeusement émotif, Baptiste Liger a accepté de nous livrer ses Tops 5 à quelques jours de la remises des grands prix littéraires. Il faut dire qu’il consacre presque autant de temps à chroniquer des livres qu’à voir des films. Il est même un des rares critiques à pouvoir revendiquer une vrai spécialité sur les adaptations de livres au cinéma.
Né en 1975 dans la Nièvre, Baptiste a grandi, comme tant d’autres rejetons de sa génération, dans le bain « pop » d’ E.T., Indiana Jones et autres S.O.S. Fantômes, avant de découvrir d’autres cinématographies… En parallèle à ses études de droit et de sciences politiques, il anime une émission culturelle sur Radio Morvan et tient chronique (sur les livres et le cinéma) dans le Journal du Centre pendant une dizaine d’années. Chargé de cours en cinéma-audiovisuel dans un lycée pendant cinq ans – où il fait aussi bien étudier L’Aurore de Murnau que Starship troopers de Paul Verhoeven -, cet amoureux assumé des nanars et des lianes brunes rejoint les rédactions de différents magazines. Un temps chroniqueur sur France Culture, France Inter et TPS Star, ce pianiste amateur écrit aujourd’hui dans Lire et L’Express. Il dirige également les pages livres de Technikart. Voici ces choix :
Mes 5 films de femmes préférés
1 – Le Triomphe de la volonté de Leni Riefenstahl (1935)
Le jugement de l’Histoire et l’idéologie propagée par le film ne doivent pas faire oublier l’apport, essentiel, de la cinéaste à son art. La modernité formelle du « Triomphe… » reste d’ailleurs encore aujourd’hui très impressionnante – elle n’en est d’ailleurs que plus glaçante…
2 – Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080, Bruxelles de Chantal Akerman (1975)
Un choc absolu de cinéma à l’adolescence, dont la liberté (à plus d’un titre) me sidère encore aujourd’hui.
3 – Virgin suicides de Sofia Coppola (1999)
La mélancolie à l’état pur, avec des jeunes blondes trop blondes et ceux qui, malgré les années, ne les ont jamais oubliées. La grâce absolue.
4) Toni Erdmann de Maren Ade (2016)
La meilleure nouvelle du cinéma allemand depuis, disons, Les Ailes du désir de Wim Wenders. Oui, oui, on parle bien d’une comédie teutonne de plus de 2h40 avec une sorte de yéti bulgare…
5) Aux frontières de l’aube de Kathryn Bigelow (1987)
Dans une période assez pauvre en grand films de vampires, la future réalisatrice de Démineurs dynamitait alors le genre – et avec quel talent ! -, foutant au passage une raclée à pas mal de petits maîtres du cinéma d’action.
Cinq prestations d’actrices inoubliables
1 – Valérie Kaprisky dans L’Année des méduses de Christopher Frank (1984)
J’avais une dizaine d’années lorsque je l’ai vue, dans sa composition de Chris. La vision de ses seins fut, j’avoue, un choc esthétique absolu pour le bambin que j’étais – quelle puissance érotique ! Et le champ-contrechamp topless – avec cadrages en « plan rapproché poitrine » -, façon duel mère-fille (Caroline Cellier vs. Valérie Kaprisky) m’a marqué à jamais…
2 – Brigitte Bardot dans Le Mépris de Jean-Luc Godard (1963)
La chair et l’abstraction réunies à travers un corps-muse : JLG n’a jamais fait mieux avec ses comédiennes.
3 – Barbara Bel Geddes dans Sueurs froides d’Alfred Hitchcock (1958)
On parle souvent (et à raison) des héroïnes hitchcockiennes, mais on a tendance à oublier les seconds rôles, toujours un peu plus ingrats et pourtant essentiels. Raison de plus de rendre hommage à celle qui allait devenir, Ellie dans « Dallas »…
4 – Isabelle Huppert dans La Pianiste de Michael Haneke (2001)
Elle ose tout et elle le fait bien. La virtuosité d’une comédienne à son sommet.
5 – Rooney Mara dans Carol de Todd Haynes (2015)
Elle m’a fait perdre la raison, avec son petit bonnet de Noël – et Dieu sait que c’est un accessoire difficile à porter…
© Sacha Lenormand Photographe – Wilson Webb / DCM