Titane de Julia Ducournau remporte la Palme d’or. Une surprise pour un palmarès du 74e Festival de Cannes détonnant.
Nouvelle ère ?
A-t-il suffit d’un jury majoritairement féminin pour que la Palme d’Or 2021 revienne à une réalisatrice, qui plus est jeune et rock ? Ça a servi, incontestablement. Mais, tous les jurys semblent avoir été à l’unisson car jamais aucun palmarès du Festival de Cannes n’avait récompensé, honoré, consacré autant de femmes que celui de 2021.
On en rêvait, Spike Lee et son jury baroque l’ont fait ! Et ce n’était pas gagné d’avance, même s’il a ébruité le choix du jury un peu trop tôt et dans un désordre total qui a mis un peu d’ambiance dans une cérémonie souvent un peu trop guindée.
L’éternelle histoire des anciens et des modernes
Voilà donc la deuxième réalisatrice de l’histoire à recevoir la Palme d’Or, l’une des plus prestigieuse récompense du cinéma. Julia Decournau, révélée par la Semaine de la Critique avec son premier film Grave, n’a que 37 ans et que deux longs métrages à son actif. Et contrairement à Jane Campion, qui l’avait reçue en 1993 pour La Leçon de piano, elle est la seule et unique récipendiaire quand la réalisatrice néo-zélandaise avait dû la partager.
Bravo à Julia Ducournau qui l’obtient, en plus, pour un film de genre, gore, mal aimable : Titane. Ce qui est d’ailleurs le plus frappant, c’est qu’en se hissant ainsi au sommet du cinéma mondial, elle bouscule vraiment tous les codes. En un prix, elle démode, dégomme toute une génération de cinéphiles, fort bien installée et aux manettes de la cinéphile mondiale depuis bien (trop?) longtemps. Il suffit de lire les critiques pour s’en rendre compte.
Le geste est formidable. Et il est sans nul doute bien plus important qu’elle ait décroché cette Palme d’or , bien plus que le film fasse l’unanimité – ce qui est impossible-. En renouvelant ainsi le genre, le sexe et en récompensant une jeune femme brillante, au franc parler et à l’imagination débordants, le Festival de Cannes ouvre une nouvelle page de son histoire et renouvelle son public. En une Palme, il devient d’un coup plus inclusif et se tourne vers une nouvelle génération de cinéphiles. Et d’autant plus que la plupart des autres palmarès s’aligne sur cette ouverture
Les palmarès du Festival de Cannes 2021
La compétition officielle
- Palme d’or : Titane de Julia Ducournau
- Grand Prix ex-aequo : Un héros d’Asghar Farhadi et Compartiment n°6 de Juho Kuosmanen
- Prix de la mise en scène : Leos Carax pour Annette
- Prix du scénario : Ryusuke Hamaguchi et Oe Takamasa pour Drive My Car
- Prix d’interprétation masculine : Caleb Landry Jones dans Nitram de Justin Kurzel
- Prix d’interprétation féminine : Renate Reinsve dans Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier
- Prix du jury ex-aequo : Le genou d’Ahed de Nadav Lapid et Memoria d’Apichatpong Weerasethakul
- Caméra d’or : Murina d’Antoneta Alamat Kusijanovic
- Palme d’or du court métrage : Tous les corbeaux du monde de Tang Yi
- Court métrage mention spéciale : Céu de Agosto de Jasmin Tenucci
- Palme d’or d’honneur : Marco Bellocchio/ Jodie Foster
- Prix Fipresci : Drive my car de Ryusuke Hamaguchi
Un certain regard
- Prix Un certain regard : Les poings desserrés de Kira Kovalenko
- Prix du jury : Great Freedom de Sebastian Meise
- Prix d’ensemble : Bonne mère d’Hafsia Herzi
- Prix de l’Audace : La Civil de Teodora Ana Mihai
- Prix de l’originalité : Lamb de Valdimar Johansson
- mention spéciale : Noche de Fuego de Tatiana Huezo
- Prix Fipresci : Un monde de Laura Wandel
Prix de la meilleure création sonore : Noche de Fuego de Tatiana Huezo (UCR)
Quinzaine des réalisateurs
- Prix SACD : Les magnétiques de Vincent Maël Cardona
- Label Europa Cinémas : A chiara de Jonas Carpignano
Semaine de la critique
- Prix SACD : Olga d’Elie Grappe
- Aide Fondation Gan à la diffusion : Rien à foutre de Julie Lecoustre et Emmanuel Marre
- Prix découverte Leitz Cine du court-métrage : Duo Lili de Zou Jing
L’oeil d’or
Il récompense un documentaire depuis 2015 et est doté de 5000€.
- A night of knowing nothing de Payal Kapadia
- prix spécial : Babi Yar. context de Sergeï Loznitsa
Prix de la commission supérieure technique de l’image et du son (CST)
- Prix de la jeune technicienne de cinéma : Armance Durix cheffe opératrice son pour Mi Iubita, mon amour de Noémie Merlant
- Prix CST de l’artiste technicien : Vladislav Opeliants, directeur de la photographie sur La fièvre de Petrov de Kirill Serebrennikov
Prix de la Cinéfondation
1er prix : L’enfant salamandre de Théo Degen
2e prix : Cicada de Yoon Daewoen
3e prix ex-aequo : Prin Oras Circula scurte povesti de dragoste de Carina-Gabriela Dasoveanu
Cantareira de Rodrigo Ribeyro
D’autres prix
- Prix de la citoyenneté 2021 : Un héros d’Asghar Farhadi
- Prix du cinéma positif : Haut et fort de Nabil Ayouch
- Palm dog Wamiz : Tilda Swinton pour ses trois chiens Springer Spaniels présent dans The souvenir Part II
- Prix Women in motion : Salma Hayek
- Prix Jeunes Talents Kering : Shannon Murphy
- Prix du jury oecuménique : Drive my car de Ryusuke Hamaguchi
- Prix du jury oecuménique Mention spéciale : Compartiment n°6 de Juho Kuosmanen
- Lights on Women de L’Oréal Paris : Aleksandra Odic
- Prix des cinémas Art et Essai : Drive my car de Ryusuke Hamaguchi
- Mention Prix des cinémas Art et Essai : La fracture de Catherine Corsini
- Prix Fipresci (sections parallèles) : Plumes d’Omar El Zohairy
- Prix Cannes Soundtrack ex-aequo : Les Sparks pour Annette et Rone pour Les Olympiades
- Prix François Chalais : Un héros d’Asghar Farhadi
- Prix Pierre Angenieux : Agnès Godard
Queer palm
- La fracture de Catherine Corsini (SO)
- La caida del vencejo de Gonzalo Quincoces (court-métrage- Cinefondation)
- Frida d’Aleksandra Odic (court-métrage- Cinefondation)