Petit budget mais grande idée, ces filles au Moyen-âge dressent un portrait intelligent de la condition féminine à travers les âges. Sans moyen mais avec talent. Brillant!
Au coeur des femmes (et de leur histoire)
Intrigant ce titre, non? Concernant pour CineWoman en tous cas. A condition de se laisser porter… et d’accepter de franchir le premier quart d’heure et le dispositif mis en place.
Histoire de la condition féminine
Les premières images qui laissent une caméra errer dans un lotissement sans âme d’une quelconque banlieue françaises sont repoussantes. Mal cadrées, mal éclairées, on peine à y trouver un intérêt.La suite immédiate n’est pas plus engageante : trois garçons monopolisent la TV et les jeux vidéo, pendant que trois filles, sensées fêter un anniversaire, ne sont pas à la fête. L’un des garçonnets y va même d’un discours machiste de « petit con » consternant.
Il ne faut pourtant pas se décourager par ce début maladroit et fauché. Les trois fillettes vont bientôt se plaindre au grand-père (Michael Lonsdale) qui compatit sur le manque de considération des garçons et embarque les filles dans une histoire toute personnelle de la condition féminine à travers les âges. De la fin de l’Empire romain où les femmes n’étaient rien à celle du Moyen-Âge, 1000 ans plus tard, durant lesquels elles ont acquis une liberté rarement égalée dans l’histoire de l’humanité.
Libérées, ces filles au Moyen-âge !
Habilement, ce film sans argent s’appuie sur les six jeunes enfants croisés au départ pour filmer ce périple historique, ainsi que sur la chaleureuse voix off de Michael Lonsdale.
Avec très peu de costumes, de décors et une liberté de ton anachronique qui offre une vraie légitimité au discours, le réalisateur signe un film improbable mais passionnant sur un sujet très profond, traité avec érudition et humour. Des grandes figures féminines de l’histoire sont décrites et honorées avec justesse, d »autres comme Jeanne d’Arc avec plus de recul.
Bien joué!
Le film tire sa force du jeu très vaillant des jeunes acteurs qui s’approprient des dialogues peu évidents mais qui servent avec le plus souvent un naturel déconcertant.
La partie contemporaine qui ouvre et ferme ce film historique aurait mérité d’être beaucoup plus soignée, mais on l’oublie vite devant l’inventivité fauchée mais assumée du coeur historique du récit, inspiré des livres et recherches de Régine Pernoud. Une incontestable découverte!