Où sont les femmes?
La 62e Berlinale ouvre ses portes aujourd’hui et jusqu’au 19 février prochain. Au programme ce soir : Les Adieux à la reine, le film que le français Benoît Jacquot consacre à la Reine Marie-Antoinette avec Diane Kruger, en reine de France, Léa Seydoux, en confidente, Virginie Ledoyen et Noémie Lvovsky en dames de Cour.
Pour tout dire, j’aime beaucoup le Festival de Berlin où je suis allée quelquefois.Parce qu’il se passe à Berlin, dans tout Berlin et que c’est une ville exceptionnelle. Parce que son QG est sur la fameuse Postdamer Platz, le nouveau centre névralgique de la ville réunifiée, qui fut, du temps de la partition, un no man’s land glaçant, inimaginable aujourd’hui.Parce que l’ambiance est à priori beaucoup plus froide qu’à Cannes (là, il y fait – 9°c, comme à Paris en somme!, une température idéale pour remplir les salles de cinéma), mais qu’en fait, c’est beaucoup plus chaleureux. Parce que le Festival est remarquablement organisé, qu’on y côtoie autant de stars que du « vrai » public (pas de notables qui ne vont au cinéma qu’une fois l’an pour sortir la robe longue) et qu’on réussit à parler aux uns et aux autres. Parce que la sélection est généralement accessible et parfois même décevante… Qu’attendre justement de cette édition 2012?
Quelques bonnes surprises : celle de découvrir Isabelle Huppert, Captive chez Brillante Mendoza, Léa Seydoux dans deux films de la compétition, chez Jacquot et aussi chez Ursula Meier dans L’enfant d’en haut, comme Noémie Lvovsky à l’affiche des Adieux à la reine et d’A moi seule de Frédéric Videau, aux côtés d’Agathe Bonitzer et d’Hélène Fillières ou encore Aïssa Maïga dans Aujourd’hui d’Alain Gomis, autre compétiteur. Sinon, il y a aussi Kristin Scott Thomas dans Bel Ami, présenté hors compèt, Juliette Binoche pour Elles, section panorama… Voilà le tableau côté actrices… Mais, justement, à part elles, où seront les femmes à Berlin, cette année?
Une seule réalisatrice est en lice pour l’Ours d’Or : la suisse Ursula Meier. décevant pour un festival qui détient pourtant le record de récompenses suprêmes accordées à des réalisatrices. En moins d’une décennie, deux femmes ont obtenu cette reconnaissance. Jasmila Zbanic, en 2006, pour Sarajevo, mon amour, et Claudia Llosa, en 2009, pour Fausta. Pour mémoire, seule Kathryn Bigelow a remporté l’Oscar du meilleur réalisateur et Jane Campion, une Palme d’Or.
Il y a bien aussi Phyllida Lloyd pour La Dame de fer, mais le film est présenté en séance spéciale, qui vaut, c’est vrai, un Ours d’honneur à sa principale interprète, Meryl Streep.
Même la composition du jury est décevante: 2 femmes sur 8 membres, Charlotte Gainsbourg et Barbara Sukowa, soit 25% du total, mais Berlin nous avait toujours habituées à mieux.
On se rattrapera comme souvent en reconnaissant que les femmes seront souvent le principal sujet des films, qu’il s’agisse de Jayne Manfield, de Barbara, de Tabu ou même de Rebelle de Kim Nguyen qui va clore la compétition. Parce que c’est l’histoire incroyable et sordide d’une enfante soldate été slave et que c’est mon ami Pierre, producteur québécois, qui l’a produit, qui va pour la première fois à Berlin et que selon lui, le film est une tuerie!
Réponse le samedi 18 février au soir.