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Les éblouis

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Que peut faire un enfant quand ses parents deviennent intégristes ? C’est le sujet du premier film de l’actrice Sarah Suco, Les Éblouis. Un sujet qu’elle connaît de près.

Enfants de Dieu

Camille, 12 ans, adore la gym et le cirque. Mais sa mère lui demande d’y renoncer le jour où la nouvelle communauté religieuse que sa famille fréquente le lui impose. Et Camille abandonne le cirque.

Camille (Céleste Brunnquell) happée par des convictions qui ne sont pas les siennes

Ce n’est que le premier signe d’un renoncement qui va faire basculer le destin d’une famille lamda dans un délire religieux à peine croyable.

L’appel du puissant

L’enchaînement est machiavélique. Et sans doute par peur qu’on n’y croit pas Sarah Suco l’ellipse un peu trop. La mère, jouée par Camille Cottin, est fragile : elle a quatre enfants, une relation difficile à ses propres parents – à son père surtout-. Et puis, elle a perdu son travail. Sans repères, ni confiance en elle, elle semble retrouver une place au sein d’une communauté religieuse marginale mais terriblement efficace. Fermée au monde aussi.

Camille Cottin, la mère de cette famille happée par une communauté religieuse

Elle y entraîne ses enfants et son mari. Étrangement, lui aussi y glisse alors qu’il avait un travail de prof et un certain recul sur la situation. Mais les valeurs de fraternité, d’entraide et la prise en charge de leur vie dans un cadre qui les déresponsabilise complètement finissent par le convaincre. On le suppose puisque ce n’est pas montré.

Destinée fatale

En deux ans, tout est plié. La famille a vendu ses biens et vit au cœur de la communauté, à temps plein. Et c’est là que la situation commence à se détériorer. Camille, l’ainée de la fratrie, vit mal le grand écart entre la vie au dehors (au collège par exemple) et au sein de cette prison aux règles strictes et aux châtiments violents. Elle ne s’y résout pas et encore moins quand ses petits frères et sœurs en sont directement affectés.

Le père (Eric Caravaca), la mère (Camille Cottin, le gourou (Jean-Pierre Darroussin), la sainte trinité

Les Eblouis est directement inspiré de la vie de Sarah Suco, comme le prouve l’exergue finale. Et l’on sent -c’est peut-être le reproche principal qu’on peut lui faire- qu’elle s’est retenue pour que son film reste crédible.

Les Eblouis ou les Illuminés?

Ce premier film souffre de trop de pudeur. On cerne mal le personnage du père, pas tellement mieux celui de la mère que Camille Cottin peine à défendre. Elle a trop peu à jouer. Et celui de la jeune fille n’était peut-être pas le plus intéressant.

Une famille anciennement unie

Reste un sujet fort, très original car très peu traité au cinéma et encore moins de l’intérieur comme ici. Le film a aussi l’intérêt de bousculer les clichés en cours sur les religions. Et même si celle du film n’est jamais nommée, on comprend que l’intégrisme catholique n’a pas grand chose à envier à celui des autres religions. Toutes se valent donc, tous sont aussi destructives, au moins dans leur forme intégriste.

De Sarah Suco, avec Céleste Brunnquell, Camille Cottin, Eric Caravaca, Jean-Pierre Darroussin…

2019 – France – 1h 39

Les Eblouis de Sarah Suco a été présenté au Festival du Film d’Angoulême et au Festival International du Film de Saint Jean de Luz. En salle le 20 novembre 2019.

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