Les amours d’Anaïs
Une comédie française sur l’amour dirigée par une réalisatrice? Ce sont Les amours d’Anaïs de Charline Bourgeois-Tacquet, film du 60e anniversaire de la Semaine de la Critique. Ereintant.
Vaudeville frénétique
Elle est horripilante Anaïs, insupportable. Elle ne tient pas en place, embobine son monde. Elle n’a aucune parole et un seul sujet qui l’intéresse : elle-même. Et sa mère, malade, peut-être (ce qu’on oublie assez vite).
La première heure du film est frénétique, épuisante comme Anaïs qui court partout sans jamais se poser alors qu’elle est censée être en thèse de troisième cycle. Ce qui nécessite à minima un peu de concentration. Anaïs réfléchit après avoir agi et elle agit tout le temps. Elle n’a vraiment pas de temps à la réflexion.
Les trépidations d’une trentenaire
Les amours d’Anaïs, ce sont d’abord celles qu’elle entretient avec un jeune homme qu’elle largue comme un malpropre à la BNF ( bonjour le cliché !). Elle vient de rencontrer Daniel, véritablement électrisé par son charme ou son côté sans gêne. Ce qu’Anaïs lui trouve en revanche on ne le saura pas. Enfin pas tout de suite car c’est sa femme Emilie qu’elle va bientôt aimer. Et à partir de ce moment-là qui arrive plutôt tard dans l’histoire, le film prend un autre tour, plus calme et intéressant. Enfin, on se pose. Enfin Anais cesse d’être cette tornade survoltée. Elle s’assoit enfin quand elle trouve l’amour (même si elle reste déterminée et manipulatrice).
Ce n’est toutefois pas suffisant pour rattraper l’ensemble de ce trio amoureux classique et qui se veut résolument moderne. La faute à un casting qui ne fonctionne pas. Qui peut encore croire qu’Anaïs Demoustier, toute gentillette qu’elle est, est une étudiante en thèse – emploi qu’elle occupe de manière récurrente – un peu échevelée et jamais concernée ni par les autres, ni par des préoccupations intellectuelles ? Tout semble factice et déjà vu mille fois. Dans ce rôle-là, elle n’a plus rien à offrir. Face à elle, Denis Podalydès, qu’on adore certes, mais qui ici fait figure de dinosaure. Seule Valérie Bruni-Tedeschi, un peu en retrait, reste touchante. Mais, ce trio n’est pas du tout crédible ni à trois, ni deux à deux.
Les amours d’Anaïs qui vit à 300 à l’heure
La première heure est horripilante. Cette pauvre Anaïs sommée de courir dans chaque scène, de grimper 16 étages à fond, avec son vélo sous le bras… On frise la crise cardiaque ! Et les quelques scènes plus émouvantes – avec sa mère par exemple- s’oublient aussitôt sous le flot du rythme trépidant.
On va sûrement comparer ce film à ceux de Rohmer, pour la légèreté du sujet et l’intrigue amoureuse. Ce serait une erreur dans la caméra de Rohmer est introspective alors que celle de Charline Bourgeois-Tacquet reste superficielle, agitée. En se posant, en prenant son temps et affinant sa démarche, elle pourrait peut-être nous surprendre dans un second film. On verra…
De Charline Bourgeois-Tacquet, avec Anaïs Demoustier, Denis Podalydès, Valéria Bruni-Tedeschi…
2021 – France – 1h38
Les amours d’Anaïs de Charline Bourgeois-Tacquet a été sélectionné comme le film du 60e anniversaire de la Semaine de la Critique. En tant que premier film, il concourt à la Caméra d’or. Il sortira en salle le 15 septembre 2021.