La cérémonie des 48e Cesar s’est déroulée à l’Olympia le 24 février 2023. Si l’exceptionnelle présence des femmes sur scène n’a même pas été éclipsée par la venue surprise de Brad Pitt, elle n’efface pas complètement leur absence dans les César majeurs. Mais, il semble que le message soit enfin passé.
Les César 2023 soignent les plaies
Ne boudons pas notre plaisir ! La cérémonie des 48e César était nettement plus agréable à regarder que les précédentes. Moins d’entre soi, moins d’amertume, moins d’humour excluant malgré quelques sketchs trop longs et trop égocentrés …
Le tout a donné l’impression que le message commençait à passer. Le public a d’ailleurs été au rendez-vous : plus de 1,7 millions de spectateurs ont regardé la soirée, soit une hausse de 30% par rapport à l’édition 2022, souvent jugée comme la pire de tous les temps.
La présentation collégiale, annoncée comme révolutionnaire, qui, pourtant, ne sautait pas aux yeux, s’est avérée salutaire. C’est quand même Jamel Debbouze qui aura marqué la soirée en chauffant la salle avec un discours bien senti. Que ce soient des couples qui remettent les récompenses – homme/femme avec à chaque fois un.e représentant.e des minorités dites visibles – n’efface pas, comme il l’a rappelé, qu’il devient désormais plus que nécessaire de les nommer et de les récompenser.
L’énorme polémique qui a suivi les nominations de ces 48e Cesar, a manifestement été entendue au moment des votes. L’absence injuste de femmes pour le César de la meilleure réalisation, malgré la production exceptionnelle des réalisatrices françaises en 2022, a été tentée d’être compensée, surtout en début de soirée, par une présence exceptionnelle de femmes sur scène, récipiendaires de trophées.
Saluons ainsi le César de la meilleure musique originale attribuée pour la première fois en 48 éditions, à une compositrice : Irène Dresel pour le film A plein temps d’Eric Gravel, sans doute la récompense symboliquement la plus importante de la soirée. Bravo aussi à Alice Diop pour son César du meilleur film. La boucle d’une carrière hors-norme pour Saint Omer semble ainsi bouclée. Enfin, saluons aussi le César du meilleur film d’animation remis à Michaela Pavlatova, pour Ma famille afghane là encore une quasi-première, passée inaperçue. – Hélène Giraud avait partagé le sien en 2015 pour Minuscule : la vallée des fourmis perdus -. Et félicitations aux quatre réalisatrices qui font carton plein en raflant tous les César du court-métrage. Espérons, comme les plus optimistes le disent toujours alors que les statistiques continuent à prouver l’inverse, que la relève soit enfin assurée.
48e Cesar : 13 femmes sur 30
Au total, 13 femmes (actrices comprises) sont repartis avec un César pour 30 trophées remis. On frôle la parité en quantité. Gageons que l’année prochaine, les récompenses les plus prestigieuses seront, cette fois, plus disputées entre homme et femme. Les discours sont tous allés dans ce sens. La prise de conscience semble réelle cette fois. Et le triomphe de La Nuit du 12 de Dominik Moll, grand vainqueur de ces 48e Cesar avec 6 récompenses, qui traite d’un féminicide non résolu et de la misogynie ambiante, culturelle est aussi un sacré pied de nez à ceux qui continuent à penser que le sexisme est une vue de l’esprit.
Enfin, la venue de Brad Pitt sur la scène de l’Olympia pour honorer le réalisateur David Fincher, avec qui il a tourné trois films et récipiendaire du César d’Honneur, a incontestablement été un temps fort de la soirée. Son discours dédié au cinéaste était juste et formidable. Quelle belle idée… et à quand un césar d’honneur à Brad himself ?
Le palmarès complet des 48e Cesar
Meilleure actrice
- Fanny Ardant dans Les jeunes amants
- Juliette Binoche dans Ouistreham
- Laure Calamy dans À plein temps
- Virginie Efira dans Revoir Paris
- Adèle Exarchopoulos dans Rien à foutre
Meilleur acteur
- Jean Dujardin dans Novembre
- Louis Garrel dans L’Innocent
- Vincent Macaigne dans Chronique d’une liaison passagère
- Benoît Magimel dans Pacifiction-Tourment sur les îles
- Denis Menochet dans Peter von Kant
Meilleure actrice dans un second rôle
- Judith Chemla dans Le sixième enfant
- Anaïs Demoustier dans Novembre
- Anouk Grinberg dans L’Innocent
- Lyna Khoudri dans Novembre
- Noémie Merlant dans L’Innocent
Meilleur acteur dans un second rôle
- François Civil dans En corps
- Bouli Lanners dans La nuit du 12
- Micha Lescot dans Les Amandiers
- Pio Marmaï dans En corps
- Roschdy Zem dans L’Innocent
Meilleur espoir féminin
- Marion Barbeau dans En corps
- Guslagie Malanda dans Saint Omer
- Rebecca Marder dans Une jeune fille qui va bien
- Nadia Tereszkiewicz dans Les Amandiers
- Mallory Wanecque dans Les pires
Meilleur espoir masculin
- Bastien Bouillon dans La nuit du 12
- Stefan Crepon dans Peter van Kant
- Dimitri Doré dans Bruno Reidal, confession d’un meurtrier
- Paul Kircher dans Le Lycéen
- Aliocha Reinert dans Petite nature
Meilleur scénario original
- Éric Gravel pour À Plein temps
- Valéria Bruni Tedeschi, Noémie Lvovsky et Agnès de Sacy pour Les Amandiers
- Santiago Amigorena pour En Corps
- Louis Garrel, Tanguy Viel et Naïala Guiguet pour L’Innocent
- Alice Diop, Amrita David et Marie Ndiaye pour Saint Omer
Meilleur adaptation
- Michel Hazanavicius pour Coupez !
- Thierry de Peretii, Jeanne Aptekman pour Enquête sur un scandale d’Etat
- Gilles Marchand et Dominik Moll pour La nuit du 12
Meilleure musique originale
- Irène Drésel pour A plein temps
- Alexandre Desplat pour Coupez !
- Grégoire Hetzel pour L’innocent
- Olivier Marguerit pour La nuit du 12
- Marc Verdaguer et Joe Robinson pour Pacifiction-Tourment sur les îles
- Anton Sanko pour Les passagers de la nuit
Meilleur son
- Cyril Moisson, Nicolas Moreau, Cyril Holtz pour En corps
- Laurent Benaïm, Alexis Meynet, Olivier Guillaume pour L’Innocent
- Cédric Deloche, Alexis Place, Gwennolé Le Borgne, Marc Doigne pour Novembre
- François Maurel, Olivier Mortier, Luc Thomas pour La nuit du 12
- Jordi Ribas, Benjamin Laurent, Bruno Tarrière pour Pacifiction – Tourment sur les îles
Meilleure photo
- Julien Poupard pour Les Amandiers
- Alexis Kavyrchine pour En corps
- Patrik Ghiringelli pour La nuit du 12
- Artur Tort pour Pacifiction – Tourment sur les îles
- Claire Mathon pour Saint Omer
Meilleur montage
- Mathilde Van de Moortel pour À plein temps
- Anne-Sophie Bion pour En corps
- Pierre Deschamps pour L’Innocent
- Laure Gardette pour Novembre
- Laurent Rouan pour La nuit du 12
Meilleurs costumes
- Caroline de Vivaise pour Les Amandiers
- Pierre-Jean Larroque pour Couleurs de l’incendie
- Emmanuelle Youchnovski pour En attendant Bojangles
- Corinne Bruand pour L’Innocent
- Praxedes de Vilallonga pour Pacifiction-Tourment sur les îles
- Gigi Lepage pour Simone – Le voyage du siècle
Meilleurs décors
- Emmanuelle Duplay pour Les Amandiers
- Sebastian Birchler pour Couleurs de l’incendie
- Michel Barthélémy pour La nuit du 12
- Sebastian Vogler pour Pacifiction-Tourment sur les îles
- Christian Marti pour Simone – Le voyage du siècle
Meilleurs effets visuels
- Guillaume Marien pour Les cinq diables
- Sébastien Rame pour Fumer fait tousser
- Laurens Ehrmann pour Notre-Dame Brûle
- Mikaël Tanguy pour Novembre
- Marco de Bianco pour Pacifiction-Tourment sur les îles
Meilleure réalisation
- Cédric Klapisch pour En corps
- Louis Garrel pour L’Innocent
- Cédric Jimenez pour Novembre
- Dominik Moll pour La nuit du 12
- Albert Serra pour Pacifiction-Tourment sur les îles
Meilleur film de court-métrage d’animation
- Câline, réalisé par Margot Reumont
- Noir-soleil, réalisé par Marie Larrivé
- La vie sexuelle de Mamie, réalisé par Urska Djukic et Emilie Pigeard
Meilleur film de court-métrage documentaire
- Churchill, polar bear town, réalisé par Annabelle Amoros
- Écoutez le battement de nos images, réalisé par Audrey et Maxime Jean-Baptiste
- Maria Schneider, 1983, réalisé par Elisabeth Subrin
Meilleur film de court-métrage de fiction
- Haut les coeurs, réalisé par Adrian Moyse Dullin
- Partir un jour, réalisé par Amélie Bonnin
- Le roi David, réalisé par Lila Pinell
- Les vertueuses, réalisé par Stéphanie Halfon
Meilleur film d’animation
- Ernest et Célestine : le voyage en Charabie, réalisé par Jean-Christophe Roger et Julien Chheng
- Ma famille afghane, réalisé par Michaela Pavlatova
- Le petit Nicolas – Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?, réalisé par Amandine Fredon et Benjamin Massoubre
Meilleur film documentaire
- Allons enfants, réalisé par Thierry Demaizière et Alban Teurlai
- Les années super 8 ,réalisé par Annie Ernaux et David Ernaux-Briot
- Le chêne, réalisé par Laurent Charbonnier et Michel Seydoux
- Jane par Charlotte, réalisé par Charlotte Gainsbourg
- Retour à Reims (Fragments), réalisé par Jean-Gabriel Périot
Meilleur premier film
- Bruno Reidal, confession d’un meurtrier, réalisé par Vincent Le Port
- Falcon Lake, réalisé par Charlotte Le Bon
- Les pires, réalisé par Lise Akoka et Romane Guéret
- Saint Omer, réalisé par Alice Diop
- Le sixième enfant, réalisé par Léopold Legrand
Meilleur film étranger
- As Bestas, réalisé par Rodrigo Sorogoyen
- Close, réalisé par Lukas Dhont
- La conspiration du Caire, réalisé par Tarik Saleh
- Eo, réalisé par Jerzy Skolimowski
- Sans filtre, réalisé par Ruben Östlund
Meilleur film
- Les Amandiers, réalisé par Valeria Bruni Tedeschi
- En corps, réalisé par Cédric Klapisch
- L’Innocent, réalisé par Louis Garrel
- La nuit du 12, réalisé par Dominik Moll
- Pacifiction-Tourment sur les îles, réalisé par Albert Serra
César d’honneur
- David Fincher