Léa Garofalo s’est révoltée contre la mafia calabraise. Sa mort en 2009 a tant émue l’Italie que Marco Tullio Giordana lui consacre un film.
Survivre ou mourir
Léa Garofalo a vu son père mourir, son frère manigancer des trucs louches, sa mère se taire. Mais, Léa est une rebelle, une nature qui refusera son destin. Enfin, jusqu’à un certain point. Elle est née dans une famille de Calabre liée à la ‘ndrangheta, la mafia la moins connue mais la plus plus riche d’Europe.
Fille et sœur de mafieux, elle fait l’erreur d’avoir un enfant ( hors mariage) avec un collaborateur de son frère. Sa fille sera autant sa force de vie que le lien indéfectible qui la lie à son plus grand ennemi.
Léa, hors la loi mafieuse
En plus de ne pas se taire, Léa enfreint une autre loi : celle d’abandonner son compagnon alors qu’il est en prison. Elle disparaît en veillant à ne laisser aucune adresse et en demandant à la police italienne de la protéger.
Elle changera souvent de ville, de nom, disparaissant au petit matin. Mais toujours la mafia la retrouvera, lui laissant longtemps la vie sauve tant que son frère la protège. Elle parvient à élever sa fille à peu près hors de la mafia, mais commet une faute, une seule qui lui sera fatale.
Le retour de Marco Tullio Giordana
Le sort de Léa Garofalo, la vraie, a beaucoup ému l’Italie, qui n’a pourtant pas réussi à lui éviter le pire. Sa fille le fera pour elle, trahie par son père, son petit ami, bref les siens, seule contre tous.
Marco Tullio Giordana est un habitué du sujet. Il avait déjà réalisé le magnifique Les cent pas qui racontait la résistance héroïque d’un journaliste sicilien dans un village proche de Palerme. Lui aussi a été assassiné par la Pieuvre quand il est devenu trop encombrant. On doit aussi à ce réalisateur le plus beau film des années 2000 Nos meilleures années, une fresque magnifique et subtile sur l’Italie des années 1960 à 2000. Il s’est ensuite fourvoyé dans des films décevants et retrouve une certaine grâce avec cette Léa.
Inspirée d’une histoire vraie
Film résolument anti-mafia, il ne décolle pourtant pas vraiment de la figure du biopic sans prendre l’ampleur politique qu’avaient eu les deux œuvres précitées. Et cela, bien que Les cent pas ait été écrit par la même scénariste, Monica Zappelli. Heureusement, cette Léa rebelle mais aussi parfaite représentante de la figure maternelle italienne suffit presque à remplir un rôle de premier plan. Elle est interprétée avec fougue par Vanessa Scalera.
Certes, son histoire se suit avec intérêt jusqu’au bout, jusqu’aux émouvantes images d’archives qui concernent la vraie Léa. Mais, Marco Tullio Giordana est capable de mieux, de plus fort. Sans être déçu, on a quand même hâte de retrouver son talent. Et cela, même si Léa est de fait un film plus modeste qui a tout de même le talent de ne pas forcer sur l’émotion, tout en mettant en scène la puissance de ses actrices et des situations.
De Marco Tullio Giordana, avec Vanessa Scalera, Linda Caridi, Alessio Pratico, Mauro Conte…
2016 – Italie – 1h35