Jamais, Le temps des secrets, troisième tome des souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol, n’avait été adapté au cinéma. C’est chose faite désormais grâce à la persévérance de la productrice Hélène Cases et au réalisateur Christophe Barratier.
Marcel Pagnol, pré-ado
Yves Robert s’était emparé de La Gloire de mon père et du Château de ma mère, les deux premiers titres des souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol, en confiant les rôles de ses parents au couple Philippe Caubère et Nathalie Roussel. C’était en 1990, il y a plus de trente ans. Depuis, Pagnol est revenu de temps à autre à l’affiche, notamment sous la camera de Daniel Auteuil, devenu réalisateur pour l’occasion, sans réussir à mener à son terme la trilogie marseillaise (Marius, Fanny mais pas César).
Les écrits de Marcel Pagnol restent pourtant une référence, surtout auprès des enfants qui continuent à l’étudier à l’école ou en famille. C’est en lisant ses souvenirs d’enfance à son fils le soir que la productrice Hélène Cases (Primaire, Angèle et Tony, Le dernier coup de marteau) a eu l’idée et l’envie d’aller au bout de l’aventure en portant à l’écran le dernier tome écrit par Pagnol, et pourquoi pas la suite annoncée mais jamais terminée de cette tétralogie suspendue.
Des acteurs convaincants
Hélène Cases confie à Christophe Barratier (Les Choristes, La nouvelle guerre des boutons) son projet de réaliser cette grande fresque sur l’enfance et sur la Provence. Il choisit de retourner sur les lieux, dans la maison même, qu’avait retenue Yves Robert pour les deux premiers épisodes. Il renouvelle bien sûr le casting en sélectionnant judicieusement ses interprètes. Mélanie Doutey et Guillaume de Tonquédec (formidable) incarnent les parents de Marcel, alors pré-ado, lui même joué par le charmant Léo Campion. Les rôles de l’oncle et de la tante reviennent à François-Xavier Demaison et Anne Charrier.
Il fait bon dans cette Provence nostalgique où le jeune Pagnol apprend le goût de l’émancipation par rapport à Lili, son ami de vacances et de braconnage, à son père l’instituteur qui lui enseigne chaque jour les valeurs républicaines, à sa mère malade et tentée par une certaine autonomie après la lecture du journal féministe La Fronde… mais aussi la servitude volontaire (et son coût) quand il tombe amoureux de la belle et précieuse Isabelle.
Les derniers effluves de l’enfance
En un été, Marcel Pagnol apprendra à s’affirmer. Il était temps puisqu’il rentre bientôt en sixième comme élève boursier au Lycée Thiers de Marseille où les enjeux deviendront d’un coup plus lourds de conséquences.
Ce Temps de secrets fleure bon aussi le classicisme, encore plus que la nostalgie d’ailleurs. Les plans sont larges, les paysages très beaux, la nature présente et l’histoire limpide. On aurait aimé toutefois que le réalisateur prenne un peu plus de risques, provoque plus d’émotions entre le père et le fils par exemple ou entre Marcel et son copain Lili aussi. Qu’il soit moins appliqué et un peu plus emporté… Peut-être le sera-t-il dans la suite et la fin logiquement annoncée de cette tétralogie, celle que Pagnol n’a pas eu le temps d’écrire et qui laissera encore plus de latitude à l’imagination du scénariste.
De Christophe Barratier, avec Léo Campion, Mélanie Doutey, Guillaume de Tonquédec, François-Xavier Demaison, Anne Charrier…
2021 – France – 1h58
Une exposition interactive Oh Marcel ! Le temps des secrets, la fabrique du film sur la fabrication du film aura lieu tous les après-midis du mercredi au dimanche à la Friche de la Belle de Mai à Marseille. Du 12 mars au 5 juin 2022.