Le parfum vert de Nicolas Pariser est une tentative réjouissante mais imparfaite de thriller/ film d’espionnage hitchcockien. Un territoire sur lequel le cinéma français s’aventure très peu.
Entre Tintin, La mort aux trousses et Les 39 marches
La première scène du Parfum vert est énigmatique. On suit une jeune femme déterminée, habillée d’un imper noir ceinturé, qui vient, après un long parcours, échanger un poudrier. Un peu plus tard, un acteur de la Comédie française meurt sur scène. Il a à peine le temps de souffler à son collègue Martin qu’il est assassiné, victime du parfum vert. Choqué, Martin va boire un verre avec le reste de la troupe. Il est aussitôt kidnappé et se retrouve au milieu de tueurs à gages dans une grande demeure en région parisienne. On veut le faire parler….
Impossible de raconter la suite mais le contexte est-là. Martin est donc un homme traqué, qui comprend vite qu’il ne doit pas parler s’il veut rester en vie. Il rencontre une autrice de BD farfelue qui l’incite à prendre son destin en main. Elle l’accompagne.
Un duo au top du Parfum vert
Le parfum vert dont le titre plein de mystère fait volontiers référence à Arsène Lupin autant qu’à Tintin est un film sympathique, porté par un duo d’acteurs réjouissant : Vincent Lacoste et Sandrine Kiberlain. L’intrigue est un peu accessoire – et c’est dommage que son enjeu ne soit pas plus terrifiant pour qu’on soit embarqué dans leur enquête – mais les dialogues sont peaufinés, soignés. D’ailleurs les plus intéressants sont ceux qui font référence aux origines juives ashkénazes des deux protagonistes.
Le parcours qu’ils vont suivre pour mener l’enquête privilégie, comme à la grande époque d’Hitchcock, les trains, leurs couloirs et les coulisses des théâtres avec leur succession d’étages, de coursives et des zones secrètes où il est facile de se perdre et les bâtiments institutionnels bruxellois. A trop privilégier les lieux, les dialogues, le réalisateur Nicolas Pariser, qui se renouvelle vraiment ici après ses films politiques comme Alice et le maire, oublie une donnée essentielle : le rythme.
Le parfum vert donne alors l’impression de patiner et de multiplier les ellipses à cause de cette non-recherche d’efficacité du récit – l’enjeu doit être capital et le méchant réussi, ici il est trop discret, trop rare pour terrifier et donc tenir en haleine. Et surtout à cause d’une musique qui ne va pas du tout. Au début, elle est inaudible et ne génère ni tension ni malaise. Quand elle finit par avoir du rythme, elle est empruntée à Mozart, ce qui propulse le film dans un classicisme que le réalisateur s’évertue pourtant à dépasser. J’ai rarement vu une bande-son autant à contretemps jusqu’à ralentir le rythme d’un film qui devrait nous tenir à bout de souffle. Quel dommage!
De Nicolas Pariser, avec Vincent Lacoste, Sandrine Kiberlain…
2022 -France – 1h40
Le parfum vert de Nicolas Pariser était présenté en clôture de la Quinzaine des réalisateurs. Sa date de sortie en France est fixée au 21 décembre 2022.