Luc et Jean-Pierre Dardenne reviennent pour la 8e fois en compétition au Festival de Cannes. Avec Le jeune Ahmed, ils sondent cette fois la radicalisation d’un adolescent. Le film a reçu le prix de la mise en scène du 72e Festival de Cannes.
Fanatismes
Comme toujours chez les frères Dardenne, le scénario tient en une ligne tant il parait simple. Comme toujours, ce sera leur manière de rester à l’os du sujet qui fera leur force.
Ahmed a 14 ans et vient d’une famille mixte. Son père est mort et sa mère tient à bout de bras une famille modeste de quatre enfants.
Mauvaises fréquentations
Plus jeune, Ahmed a eu des difficultés pour apprendre à lire et c’est Inès, une professeur très à l’écoute qui l’a aidé. Il continue à suivre ses enseignements le soir après l’école. Mais quand elle décide d’apprendre aux enfants l’arabe en chantant, il se braque.
Parce qu’Ahmed a d’autres fréquentations. Il aide un épicier du coin, un islamiste radical qui lui explique ce qu’est un bon musulman. Et Ahmed met un point d’honneur à respecter à la lettre ce que celui-là lui dit. Sans jamais prendre le recul nécessaire.
La banalité du mal
C’est ainsi qu’il décide de punir Inès. Et même de la tuer. Sa tentative rate. Ahmed est arrêté et emmené dans un centre fermé qui tente de le déradicaliser et de le remettre dans le droit chemin. Mais la rédemption est longue et semée d’embûches.
Scruteurs de la vie contemporaine dans ses aspects sociaux, les frères Dardenne s’emparent d’un sujet qui leur tendait les bras : comment les jeunes se radicalisent et combien les déradicaliser est compliqué.
Zone de confort
En choisissant comme personnage principal, un adolescent (certes un peu jeune), encore pataud, issu d’une famille légèrement dysfonctionnelle mais ouverte, ils s’attaquent à la banalité du mal et la traitent. Rien à redire à ce sujet car le film est, comme toujours, parfaitement tenu. Sans gras ni effet de manche.
Le seul reproche qu’on pourrait faire aux Dardenne serait justement de ne jamais sortir de leur « zone de confort ». Ils posent bien les enjeux, définissent bien les personnages en quelques scènes, manient très bien lle déroulé du récit… Le jeu des acteurs est précis. Mais, quand on a vu et revu un, deux, trois, cinq de leurs films, on est tout à fait capable d’imaginer ce qui va se passer et comment. Vous voulez un indice : le jeune garçon est un peu rond et pas très à l’aise dans son corps.
L’impossible rédemption du jeune Ahmed
Ce qui reste, par contre, brillamment montré, raconté, ce sont les stratégies d’évitement, de dissimulation qu’adopte le jeune homme, sur de son endoctrinement religieux.
Et cela montre aisément la difficulté de l’intéresser à autre chose et à le faire réfléchir par lui-même, tant son lavage de cerveau a été efficace.
De Luc et Jean-Pierre Dardenne, avec Idir Ben Addi, Olivier Bonnaud, Myriem Akheddiou, Victoria Bluck, Claire Bodson, Othmane Moumen…
2019 – France/Belgique – 1h24
Le jeune Ahmed de Luc et Jean-Pierre Dardenne a été présenté en compétition officielle le 20 mai 2019. lI a reçu le prix de la mise en scène du 72e Festival de Cannes.