Le grand bain
Avec Le grand bain et après Les infidèles, Gilles Lellouche, réalisateur, attaque encore le sujet de la masculinité dans un registre moins corrosif. On plonge ? On trempe un orteil. pas plus.
Troubles de la masculinité
Bertrand ( Mathieu Amalric) est en dépression et pourrit sa famille. Sa seule occupation est d’aller à la piscine. En sortant du grand bain, Il tombe un jour sur une annonce qui recherche à compléter une équipe de natation synchronisée. Il postule. L’équipe est entraînée par une ancienne gloire de ce sport ( Virginie Efira). Elle comprend une dizaine de bras cassés aux casiers tous plus lourds les uns que les autres.
Bertrand est pris et finit par s’attacher. À vrai dire, cette équipe, ce sport improbable pour lequel aucun n’est fait, vont devenir sa raison de survivre, puis de vivre. Surtout quand ils décident de participer aux championnats du monde de la discipline en Norvège.
Premier film post #metoo
Un homme « normal » ne choisit pas un tel sport par hasard. C’est en tout cas le propos de Gilles Lellouche qui affuble donc tous les membres de l’équipe, entraîneuses (!) comprises, de tares sociales ou physiques. L’une est en fauteuil, les autres ex-alcoolique, chef d’entreprise raté, chanteur sans gloire, psychorigide insulté par sa mère, immature pathétique etc… La plupart sont gros et trop âgés pour prétendre à une quelconque compétition sportive.
Tous vivent mal que leur virilité soit remise en question dans leur vie, surtout Bertrand toujours rabaissé par son beau-frère. Et ce serait évidemment un sujet intéressant s’il était plus creusé, en définissant mieux les personnalités de cette équipe de bras cassés. En attribuant à chacun, un type clair d’homme en souffrance. Or, Gilles Lellouche s’égare, se perd dans ses personnages.
Brasse coulée dans le grand bain
Le problème dans un film choral est de bien caractériser chaque personnage. C’est justement ce que ne réussit pas Gilles Lellouche, sans doute trop ambitieux quant au nombre de rôles à défendre.
On ne comprend pas ce qu’apporte les rôles portés par Benoit Poelvoorde (inexistant) ou Guillaume Canet (fâlot). Ni ce que s’attarder sur le cas de Virginie Efira apporte au sujet. A défaut, le personnage de Leila Bekhti est à peine esquissée (pourquoi?) . Sans parler de la mégère que joue Mélanie Doutey. Et surtout on attend avec impatience qu’après cette trop longue exposition, le film commence enfin. La fin est encore plus ratée.
À part pour le casting pourtant mal mis en valeur et pour l’ironie du sujet – nauséabond pourtant – ce film de résistance masculine post #metoo ( on dirait la une de L’Obs) n’a aucun intérêt.
De Gilles Lellouche, avec Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Virginie Efira, Leila Bekhti, Jean-Hugues Anglade, Philippe Katherine etc…
2018 – France – 1h58
Le grand bain de Gilles Lellouche a été présenté en sélection officielle hors compétition au Festival de Cannes 2018 et en avant-première au Festival du Film Francophone d’Angoulême.