Filmée comme une balade, Layla in the sky de l’américaine Micah Magee suit une adolescente durant une année décisive de sa vie.
La balade de Layla
Alors qu’elle vient de décrocher une bourse pour entrer à l’université, Layla apprend qu’elle est enceinte… Et surtout qu’elle ne devra compter que sur elle. Elle a du mérite, Layla. Issue d’un milieu modeste, d’une famille déstructurée mais très croyante, elle se débat comme elle peut (et plutôt bien) dans un monde qui n’attend rien d’elle.
En rupture avec sa famille immédiate, elle vit avec son petit copain. Vaillamment, elle continue à étudier et est même une élève brillante de terminale. Si brillante que l’université de San Antonio au Texas lui ouvre ses portes et ses aides. Assez vite, Layla comprend que la vie dissolue de son petit ami ne lui apportera rien, même pas l’affection dont elle a légitimement besoin. Elle repart donc vivre chez sa grand-mère et s’aperçoit qu’elle est enceinte. N’ayant aucun soutien à attendre de sa famille, trop croyante pour accepter qu’elle avorte, Layla va devoir assumer seule ses choix et sa vie.
Layla in the sky, le magnifique portrait d’une adolescente blessée
Elle a les pieds sur terre Layla, et la tête froide. C’est évidemment ce qui la sauvera. Ce magnifique portait d’une jeune fille en galère mais jamais dans la plainte est aussi une plongée brutale dans une Amérique peu montrée au cinéma. Celle d’une petite ville du Texas, San Antonio, celle d’un milieu blanc, peu favorisé dont on aperçoit pourtant les bicoques le long des routes secondaires.
Une Amérique de la débrouille et des commerces illégaux, qui noie son manque d’avenir dans l’alcool et les drogues dures. Layla y goûte mais elle possède une force vive, en elle, qui lui donne accès au fameux American dream et si tous les éléments sont contre elle, elle va quand même tenter sa chance.
Layla in the sky ou la révélation Devon Keller
Son personnage, à la fois déterminée et ballotée mais jamais flottant, est très justement incarnée par la débutante Devon Keller qui a même raflé le prix d’interprétation au Festival Premiers Plans d’Angers en 2016.
Sélectionné à la Berlinale 2015, section Panorama, ce premier film impliquant, intéressant est bien maîtrisé par Micah Magee, la réalisatrice américaine. Elle aussi a grandi à San Antonio qu’elle filme un peu comme un prison, elle aussi est tombée enceinte adolescente comme 4000 jeunes filles du coin soit deux fois plus que la moyenne nationale des Etats-Unis. En voyant le film, on comprend pourquoi.
De Micah Magee, avec Devon Keller, Austin Reed, Deztany Gonzales, Kiowa Tucker, Grandma…
2015 – Etats-Unis/Allemagne – 1h32
© Makrorama