La saison des femmes

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La saison des femmes de Leena Yadav est un film féministe indien, réalisé par une femme qui plus est. Un phénomène suffisamment rare pour être mis en avant.

Quand des femmes humiliées prennent leur avenir en main

Ces dernières années, ce ne sont plus les dirigeantes de la première démocratie du monde qui ont été mises en avant. Non, ce qui nous parvenait d’Inde, le plus souvent, étaient ces viols collectifs abominables qui survenaient dans un bus, dans la rue sans que personne ne réussisse à prendre la défense de la victime.

Rani et Lajjo dans La saison des femmes
Tannishstha Chatterjee (Rani) et Radhika Apte (Lajjo)

En revanche, ces crimes ont été si fréquents et si horribles que des manifestations de femmes et d’hommes ont, paraît-il, réussi à faire bouger les lignes, à rechercher et à décourager les coupables, voire à les arrêter et à les juger. Un premier pas…

La saison des femmes, triste constat de la condition féminine en Inde

La saison des femmes, le film de Leena Yadav, n’aborde pas le sujet spécifique de ces viols mais il traite de la condition des femmes dans une région reculée, traditionnelle du nord de l’Inde, et de l’immobilisme criminel de ces sociétés traditionnelles patriarcales.

Rani dans La saison des femmes
Tannishtha Chatterjee (Rani)

Dans un village imaginaire du Gujurat, Leena Yadav suit le parcours de trois femmes, trois amies toutes âgées d’une petite trentaine d’années. Rani est veuve depuis longtemps et élève seule son fils de 17 ans qu’elle veut absolument marier au plus vite. Elle lui a d’ailleurs trouvé une femme, Janaki, 15 ans, à qui on n’a évidemment pas demandé son avis – au jeune homme non plus d’ailleurs-. Elle a payé la dote.

La saison des femmes

La tradition veut que Janaki abandonne définitivement sa famille d’origine pour venir vivre dans sa belle-famille, dont elle sera l’esclave. Rani impose à son fils et à sa belle-fille la vie qu’elle a elle-même connue et dont elle a beaucoup souffert, mais elle n’envisage pas une seconde de s’opposer aux habitudes du village, à la pression sociale.

Trois amies

Sa grande amie Lajjo est dans une situation différente et encore moins enviable. Mariée, elle n’arrive pas à donner un enfant à son mari, qui l’a bat comme plâtre en lui reprochent tout et son contraire et en s’enivrant chaque soir. Un enfer dont la mort seule pourrait la délivrer ( ou le divorce mais il n’y est pas fait allusion).

Lajjo dans La saison des femmes
Radhika Apte (Lajjo)

Enfin, Bijli a choisi de vivre de ses charmes. Danseuse aguichante, prostituée à ses heures, elle revendique une certaine liberté et égalité dans son rapport avec les hommes qu’elle séduit et réussit parfois à ne pas plier au desiderata de son patron. Bijli et Rani sont très amies, malgré leur style de vie opposé et cette pression des conventions.

Une folle envie de changer d’air

C’est évidemment par Bijli et ses jugements radicaux, sa manière de voir la vérité en face quand elle n’est pas directement concernée que leur combat commun contre l’oppression patriarcale va s’opérer. Doucement puis plus brutalement.

sdf-escalier
Le film est de facture classique, un peu naïve même par moment, a la valeur du témoignage direct de la vie traditionnelle indienne. Et les interprètes sont belles et attachantes et moins caricaturales que les rôles ( masculins surtout) secondaires.

Tous victimes ?

Là, le destin condamné d’avance de ses quatre femmes, l’arbitraire brutal des hommes, qui apparaissent eux aussi comme des victimes d’un système que personne ne remet en cause à l’exception du marchand (un personnage intéressant mais sacrifié) et qui n’en sortent pas grandi, reste intéressant mais pas enthousiasmant. Et une question demeure : puisque tous en souffrent, pourquoi ne pas réfléchir à un système différent ? Pourquoi le perpétuer? Une question à laquelle Leena Yadav répond étrangement.

La saison des femmes libérées
Radhika Apte (Lajjo), Lehar Khan (Janaki), Surveen Chawla (Bijli) et Tannishtha Chatterjee (Rani)

C’est sans doute le reproche majeur que l’on peut adresser à la réalisatrice: de dresser un constat, parfois pertinent, dérangeant même et d’en rester là où à peu près – le meilleur exemple est celui de la réunion du village au début du film où une jeune mariée supplie sa mère de la reprendre et dont on ne saura plus rien si ce n’est le calvaire qu’elle subit dans sa nouvelle famille -.
Le film est déséquilibré : une démonstration longue, dénonciatrice, parfois répétitive et un épilogue rapide, brusque mais libérateur… pile au moment où le film commence. On attend la suite…

De Leena Yadav, avec Tannishtha Chatterjee, Radhika Apte, Surveen Chawla, Lehar Khan…

La saison des femmes de Leena Yadav a été en sélection officielle au 40e Festival de Toronto.

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