Adèle Haenel s’invite chez les Dardenne. Dans La fille inconnue, leur dizième long métrage de cinéma, elle campe une médecin dévouée jusqu’à l’obsession.
Redonner une identité
Jenny (Adèle Haenel) est une jeune médecin très impliquée et très douée. Pas très aimable toutefois. Un soir, alors qu’elle sermonne son stagiaire, on sonne à la porte du cabinet. Julien veut ouvrir. Elle lui interdit au prétexte qu’ils devraient avoir finis depuis une heure.
Le lendemain. Jenny apprend qu’une jeune fille â été retrouvée morte sur les berges de la Meuse. Et que c’est elle qui avait sonné juste avant. Jenny ne s’en remet pas. Elle décide de mener l’enquête pour donner un nom et une sépulture à cette inconnue.
La fille inconnue, une incroyable remise en cause
Comment le sort d’une prostituée sans identité va-t-elle influer sur la vie du médecin. de son stagiaire et d’un de ses patients? Parce qu’elle est obsédée par sa double faute – ne pas avoir ouvert et avoir empêché Julien de le faire – Jenny va changer de vie.
Elle renonce à l’avenir confortable qu’elle s’était construit et choisit de rester près d’une patientèle en grande difficulté sociale. Comme on est chez les Dardenne, cet aspect « humanitaire » est précisément décrit, sans ostentation toutefois.
Une enquête policière alibi
En revanche, ils maîtrisent moins bien le suspense et les rebondissements d’une enquête quasi policière menée à ses heures perdues et avec un bol monstre par la jeune médecin. Du coup, les épisodes se succèdent de manière artificielle entre une révélation au téléphone ou une intrusion au cabinet, durant des consultations toujours interrompue.
Si l’on peut comprendre la culpabilité de Jenny, alors qu’elle expliquait cinq minutes avant la nécessité de tenir à distance ses émotions pour être un bon médecin, celle du patient concerné est ridicule. Sans parler du stagiaire et de sa vocation avortée.
Adèle Haenel, toujours au top
Les comédiens sont comme à l’habitude tous très bons, bien dirigés et en forte symbiose avec leurs personnages.
On ne peut que féliciter les Dardenne pour leur constance à s’intéresser aux problèmes des classes populaires belges. Pourtant, ils semblaient plus inspirées avant et trouvaient des dilemmes plus forts qui pardonnaient leurs approximations scénaristiques. C’est dommage, mais reconnaissons qu’Adèle Haenel colle bien mieux à leur cinéma Marion Cotillard.
De Jean-Pierre et Luc Dardenne avec Adèle Haenel. Olivier Gourmet, Jeremie Renier….
2016 – Belgique, France, Suisse – 1h46
La fille inconnue des frères Dardenne était présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2016
© Christine Plenus