Longtemps avant le studio Aardman et Wallace & Gromit, l’animation anglaise peut s’enorgueillir d’avoir produit un chef d’oeuvre : La ferme des animaux de John Halas et de Joy Batchelor. Considéré comme trop anticommuniste, ce film de 1954 n’est sorti en France que le 22 décembre 1993. Le voici à nouveau dans une version restaurée.
Dans les arcanes du pouvoir
Jusqu’à ce que Staline ne le déçoive, l’écrivain anglais George Orwell était sympathisant socialiste. Mais, quand il comprend comment le dictateur a dévoyé l’idéal communiste, il écrit en 1944 un court roman, un pamphlet allégorique : La ferme des animaux.
Deux ans après sa mort, en 1951, il est question de l’adapter en dessin animé. Trois ans et quelques 300 000 dessins plus tard, le film d’animation signé John Halas et de Joy Batchelor sort sur les écrans d’abord à New York puis en Grande-Bretagne. Pas en France où jugé trop anti-communiste, il ne se sera visible sur grand écran qu’à compter du 22 décembre 1993 ! Il ressort aujourd’hui en version restaurée et avec la réputation d’être un des meilleurs dessins animés anglais de tous les temps.
La ferme des animaux : l’histoire d’une révolution
Il faut dire que son histoire est passionnante, sa morale politique exemplaire et ses dessins magnifiques. Les paysages et les décors ressemblent à des tableaux peints, tandis que les animaux ont tous une expressivité exceptionnelle.
La Ferme des animaux raconte une révolution. Celle des animaux lassés du comportement tyrannique de leur fermier alcoolique. Un soir qu’il est encore saoul, les cochons organisent une réunion, fomentent la révolte. Ils prennent le pouvoir, sous la direction d’un chef charismatique, Boule de Suif. La ferme renoue avec le progrès.
Une critique acerbe du stalinisme
Mais, rien ne dure. Et César, un porc dissident et rival, profite d’un revers de prospérité pour prendre le pouvoir, seul. Il vire Boule de Suif et s’assoie sur les principes égalitaires et généreux qui avaient sceller le pacte entre tous les animaux. César est un vrai despote qui impose un régime de terreur et qui ne profite qu’à quelques uns. Les autres s’épuisent la tâche sans rien ne retirer de positif. La peur règne. Pourtant, la ferme redevient prospère.
Devant tant d’inégalités et de fatigue, une autre révolte commence à s’organiser, vite réprimée par la violence et par l’exemple. Surtout que les profits engendrés sont détournés par des profiteurs. Cela ne peut plus durer…
Une initiation politique parfaite
La ferme des animaux est la démonstration parfaite qu’une parodie intelligente et acerbe fait beaucoup plus pour dénoncer un abomination qu’un long discours. Accessible même aux plus jeunes, cette adaptation est un bijou, limpide à comprendre et sublime à regarder tant les dessins sont beaux. Seule la voix off semble datée.
C’est une initiation parfaite à l’histoire politique et à l’ambiguïté des jeux de pouvoirs. A voir et à revoir sans limite.
Dessin animé de John Halas et Joy Batchelor avec les voix de Maurice Denham et Jean-Claude Michel…
1954 – Grande-Bretagne – 1h13