The descendants
La note Cine-Woman : 4/5
d’Alexander Payne
« Mes amis du continent s’imaginent que habiter Hawaï, c’est vivre au paradis. Comme si on passait nos journées à siroter des cocktails et surfer. Et puis quoi encore? Qu’est-ce qu’ils croient, qu’on est immunisé contre la vie? Je suis pas monté sur un planche depuis… je sais pas, quinze ans? » La voix suave et arythmique de George Clooney survole en ouverture l’île de Hawaï, où Matt King, son personnage, est avocat et heureux héritier des terrains âprement disputés. Il est aussi le mari d’Elisabeth, plongée dans un coma très profond suite à un douteux accident en mer. Matt King n’est pas un homme parfait. Loin de là. Mari et père lointain, il s’est investi dans son travail et a finalement peu pris part à la vie de sa famille. L’accident de sa femme va le mettre face à ses responsabilités et lui ouvrir les yeux. En grand! Ses filles ont besoin de lui, sa femme le trompait, l’héritage de sa famille représente ses racines. En perdant pied, il va enfin prendre conscience et devenir un homme.
Alexander Payne a un talent énorme : celui d’être constamment sur le fil et de savoir y rester, de s’y maintenir, sans jamais jamais tomber. Sur le papier, l’histoire semble décourageante, anachronique même. Mais, il en fait un cheminement intérieur tellement fort, une révélation de vie si puissante qu’il évite écueils, clichés et gagne constamment en intérêt.
Au départ, rien n’est séduisant. Clooney est sapé comme un beauf, avec des chemises à fleurs délavées. Sa femme est un légume sur un lit d’hôpital. Son univers, comme tous les plans très cadrés où il évolue, sont étriqués: bref, il est aussi moche que sa vie! Au contact de ses filles (formidables découvertes que sont Shailene Woodley et la jeune Amara Miller) il s’épanouit; en acceptant ses devoirs, son environnement lui sourit, nous sourit… D’un seul coup, l’image s’embellit et laisse à découvrir un homme en reconquête et des îles de beauté. Le rejet primaire qu’on avait d’Hawaï s’estime peu à peu pour donner à voir un univers attachant à défaut d’être paradisiaque, presque jamais filmé.
Paradoxalement, et malgré tout le bien que l’on pense de lui, Georges Clooney n’est pas l’élément fort du film: son rôle, lui, est extra, son jeu un peu moins mais son contre-emploi total. Ce qui peut suffire à courir voir le film.
Qu’importe la raison, mais The Descendants est assurément ce qui se fait de mieux, en ce début 2012.
avec Georges Clooney, Shailene Woodley, Amara Miller, Beau Bridges.
2011 – USA – 1h50