Cine Woman

Musique et cinéma

Alfred Hitchcock lors du tournage de la séquence du concert à l’Albert Hall, à Londres, dans L’Homme qui en savait trop (The Man Who Knew Too Much, 1956)

Le mariage du siècle ?

Quand le septième art rencontre le cinquième… Depuis ses débuts, le cinéma fait la cour à la musique qui parfois le lui rend bien, parfois pas comme dans un couple au long cours.

Ce qu’a tenté de rendre compte N.T BInh, le commissaire de cette nouvelle exposition très dense, c’est justement qu’à chaque étape d’un film la musique est présente, parfois avant même le scénario et souvent bien après son exploitation en salle.

Grâce à un parcours judicieux, séquencé en quatre grandes parties, (avant le tournage, pendant, durant la post-production puis après la sortie du film) avant une longue séquence d’une heure d’extraits musicaux de films en images, l’exposition revient sur l’histoire commune de ces deux arts et surtout sur la manière dont ils ont interféré l’un sur l’autre.

Avant les notes

Ca commence fort, par une mise en bouche sonore via la partition de Georges Delerue, auteur de la musique du Mépris et dont un original de la partition est affiché pour la première fois. A chaque étape, N.T BInh a recherché des documents les plus rares possibles, les exemples les plus parlants même s’ils ne sont pas les plus populaires.

Dans la première partie, on apprend ainsi qu’Ennio Morricone écrivait la musique avant même que Sergio Leone ne se mette au scénario ou que de grands réalisateurs ont d’abord eu de l’oreille avant d’utiliser une caméra. Et évidemment, il y a toute la musique et tous les musiciens qui ont inspiré des films d’Amadeus à l’album The Wall de Pink Floyd.

La seconde partie, celle du tournage, joue justement avec les codes d’un plateau de cinéma traditionnel pour mieux présenter extraits ou matériel, là encore inédits. On part du cinéma muet, on s’attarde sur le cas du Chanteur de Jazz, premier film parlant et chantant de l’histoire du cinéma en 1927, et on découvre les programmes musicaux et autres partitions qui accompagnent la réalisation des films. Mais aussi quelques « gadgets » comme le « violon insonorisé » d’Emmanuelle Béart pour Un cœur en hiver de Claude Sautet et tout un tas d’interviews rares comme celle de Marguerite Duras, expliquant son avis sur la place de la musique dans le cinéma ou l’enthousiasme communicatif de Claude Lelouch, qui lance « La musique est le meilleur directeur d’acteur, en expliquant qu’il mettait la musique de Francis Lai pour aider ses comédiens à jouer.

Mixer soi-même

On arrive ensuite dans la partie la plus interactive et la plus ludique de l’exposition, celle de la post-production et du mixage. Outre quelques manies de réalisateurs décryptés, plusieurs écrans tactiles, qui permettent de sélectionner les pistes enregistrées pour comprendre enfin l’efficacité de la musique sur une séquence de films. Un cas d’école : l’intro de The Artist de Michel Hazanavicius qui a commandé à son compositeur Ludovic Bource un thème mais qui a tourné en utilisant une musique d’Hitchcock, finalement gardé dans le montage final. Après une séquence sur les couples fidèles de réalisateurs/compositeurs, un studio permet même de faire son propre mixage sur une scène de Mesrine, de Sur mes lèvres ou de Gainsbourg, vie héroïque. A sa guise.

La dernière partie à l’étage inférieur, revient sur les bandes-sons les plus célèbres et juste avant, la fameuse heure d‘écoute de musique célèbre, se trouve un décor de l’Ecume des jours de Michel Gondry, film qu’on attend pour 24 avril prochain.

La preuve s’il en était que cinéma et musique font toujours aussi bon ménage. Un bémol : forcément quelques manques (surtout du côté du rock ou de la pop) mais l’ensemble vaut largement le détour. Immédiatement.

Visite > 2h

La Cité de la musique à Paris

Du 19 mars au 18 août 2013

Crédits photo :

Photographie du film Gainsbourg, vie héroïque de Joann Sfar, 2009Crédit: © 2010 ONE WORLD FILMS – STUDIO 37 – UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FRANCE – FRANCE 2 CINEMA – LILOU FILMS – XILAM FILMS

Alfred Hitchcock lors du tournage de la séquence du concert à l’Albert Hall, à Londres, dans L’Homme qui en savait trop (The Man Who Knew Too Much, 1956) Crédit: Courtesy of Academy of Motion Picture Arts and Science © Paramount Pictures © Universal Pictures

Alexandre Desplat à gauche, Jacques Audiard au fond: séance de violoncelle électrique avec Vincent Segal au Studio Guillaume Tell, Suresnes, avril 2009 Crédit: © Xavier Forcioli

Charles Chaplin dirigeant les musiciens pour l’enregistrement de la musique de son film Un Roi à New York le 21 juin 1957 au Palais de la Mutualité à Paris Crédit: © Rue des Archives/AGIP

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