La bataille de Solferino
6 mai 2012
La journée commence mal pour Laetitia. Ses deux gamines sont infernales, elle doit filer au boulot et son ex ne trouve rien de mieux que de vouloir exercer son droit de visite, là maintenant.
Sauf que Laetitia travaille pour la télé et qu’aujourd’hui, précisément, on est le 6 mai 2012, à quelques heures du résultat de la dernière élection présidentielle. Elle a à peine le temps de briefer son baby-sitter avant que la situation ne s’emballe complètement…
Souvenirs de liesse
Evidemment, se replonger aujourd’hui dans les images de liesse qui ont accompagné l’élection de François Hollande est à la fois touchant et amer. Touchant car l’enthousiasme était réel et massif, amer parce qu’il semble très, très loin le temps où Hollande signifiait encore un élan positif.
Si la galère de Laetitia peut avoir un sens aujourd’hui, c’est bien celui de nous être perdu dans une fête qui n’en était pas une, à l’image de son couple fini qui n’était apparemment qu’une illusion de bonheur et dont il lui faut désormais gérer les conséquences, dans une crise sans issue et finalement dans l’absurdité la plus totale.
Elle vacille mais elle tient bon, Laetitia et on ne sait pas trop ce qui l’empêche de s’écrouler complètement : son boulot ? son nouveau mec, un certain Virgil d’une gentillesse, d’une naïveté insupportable ? L’ancien était irresponsable (il se pointe un jour en retard à la convocation du juge, il se bat), mais au moins, il semblait avoir quelque chose à défendre. Le nouveau, non.
Hors contexte
C’est dommage car si Justine Triet, la réalisatrice a eu l’intelligence d’anticiper le contexte en filmant le jour J et jusqu’à pas d’heure, elle n’en fait rien. Elle ne le donne même pas comme enjeu de ce nouveau couple contre l’ancien par exemple. Non, il sert juste à mobiliser Laetitia un dimanche, à amplifier sa panique et son stress (quand elle demande au baby-sitter de la rejoindre dans la foule par exemple). Non, c’est l’immaturité de l’ex couple et la rupture difficile qui capte toute l’attention de la réalisatrice, alors que c’est sans doute la pièce la moins originale de son film.
En revanche, la fraîcheur de l’ensemble est également plutôt bien défendue par les acteurs, encore peu vus au cinéma : Vincent Macaigne en tête (c’est le plus connu des quatre, déjà vu dans Un monde sans femmes) qui parvient à être d’une mauvaise foi totale, sûr de son bon droit, parfois très nerveux et pourtant attendrissant père de famille.
De Justine Triet, avec Vincent Macaigne, Laetitia Dosch, Virgil Vernier, Arthur Harari
2012 – France – 1h34
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