Kinds of kindness

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Dans le tryptique Kinds of kindness, Yorgos Lanthimos s’interroge sur l’emprise et ses causes en expliquant qu’elle pousse au pire et souvent à la mort. En compétition officielle du 77e Festival de Cannes.

Sous emprises

Il y a des réalisateurs qui filment plus vite que leur ombre. Le grec Yorgos Lanthimos est de ceux-là De plus, ses films sont très longs –  un peu moins de 3h ici – dans des univers très différents à chaque fois. Si ce n’est son goût pour le baroque qui s’exprime soit dans la forme comme dans Pauvres Créatures, soit dans la répétition du propos comme ici. Kinds of kindness n’est pas un film mais trois d’environ 1h chacun, joués avec les mêmes actrices et acteurs dans des rôles différents. 

Kinds of kindness de Yorgos Lanthimos - Cine-Woman
Emma Stone dans RMF mange un sandwich

Le premier au titre énigmatique La mort de R.M.F, aborde l’emprise via le monde du travail. Un grand patron charismatique joué par Willem Dafoe demande à un homme qui lui doit tout – sa femme, sa maison, sa carrière – un ultime geste. Mais cette fois, Robert (Jesse Plemons) n’y parvient pas. Sa vie s’écroule. Pour la première fois,  il doit choisir : ramper pour finalement obéir ou s’affranchir complètement. La leçon est parfaite, la mise en image très froide de Lànthimos est convaincante, le jeu des acteurs impeccable. C’est le meilleur des trois films car le plus rigoureux.

Trois univers, trois ambiances

Dans R.M.F vole ( titre incompréhensible comme les deux autres), tout change brutalement. Le sous-emprise de l’épisode 1 est désormais le prédateur. Et l’on change de milieu. La maison est modeste, banale et le film s’articule en un flash-back autour de la disparition de sa femme, jouée par Emma Stone, qui n’avait qu’un petit rôle dans le précédent. Elle a perdu son libre-arbitre en épousant son mari et sa soumission est absolument sans limite. Personne ne parvient à la raisonner. Elle le paiera au prix fort. Cet épisode est gore à souhait et sans réel suspense dès lors qu’on a compris le mécanisme. 

Kinds of kindness de Yorgos Lanthimos - Cine-Woman
Une scène de l’épisode 3 – RMF mange un sandwich

Le niveau baisse d’un cran encore dans le troisième épisode – R.M.F mange un sandwich – où sans que cela ne soit très clair, on évolue au sein d’une secte dont le gourou est encore une fois joué par Willem Dafoe. Emma Stone qui joue à la fois le problème et la solution, est chargée de recruter une sorte de médium capable de redonner aux vies aux victimes, mais enfreint les règles de la communauté.

Kinds of kindness de Yorgos Lanthimos - Cine-Woman
Margaret Qualley, Jesse Plemons et Willem Dafoe dans l’épisode 1

Si on comprend la volonté de Yorgos Lanthimos de sonder à nouveau un thème qui lui tient à cœur -comment garder son libre arbitre ? – le film se dissous dans sa longueur, dans ses répétitions et dans son imagination trop fertile mais pas assez synthétique. C’est dommage car Kinds of kindness semblait une réponse à ce qu’on avait pu reprocher à Pauvres Créatures : une vision traditionnelle de l’émancipation féminine par le sexe. Cette noble tentative de montrer d’autres issues, pleine du talent du Lanthimos se heurte à un trop plein. Le mieux est ici l’ennemi du bien. 

De Yorgos Lanthimos, avec Emma Stone, Willem Dafoe, Jesse Plemons, Margaret Qualley…
2024 – Grande-Bretagne – 2h44

Kinds of kindness de Yorgos Lanthimos  est en compétition officielle du 77e Festival de Cannes et donc en lice pour la palme d’or. Sa sortie en salle est prévue le 26 juin 2024.

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