Jour 4 – 75e Festival de Cannes
Ce Jour 4 – 75e Festival de Cannes est consacré au cinéma ! On finit par y venir….
Et si on allait au cinéma?
Il faut bien une journée vraiment consacrée au cinéma. Et la première sera ce samedi 21 mai 2022. au programme trois films quand d’autres en voit 5 voire 6 par jour. A 4, je sature.
Je commence avec Plus que jamais la dernière apparition à l’écran de Gaspard Ulliel. C’est troublant parce que son rôle est justement d’accompagner sa jeune femme vers la mort. Troublante inversion des rôles même si Vicky Krieps ne meurt pas d’un accident de ski. Le reste du film d’Emily Atef a peu d’intérêt.
Je file écrire à la salle de presse, tombe en sortant sur Michael Mélinard, le critique de L’Humanité, avec qui nous décidons d’aller partager une pizza. C’est rare d’avoir ce temps précieux. Il m’explique que les rédactions des journaux exigent désormais des journalistes d’écrire avec des temporalités tellement différentes que certains n’arrivent pas à s’y plier. De l’urgence pour le web, du « chaud »pour le quotidien et du « froid » pour le magazine. Pour l’Huma, ils sont deux depuis le début du festival à tout faire, bientôt quatre pour la suite quand nous étions une dizaine à Première pour préparer juste un mensuel. Ils bossent donc comme des dingues, sans répit -c’est le premier qu’il s’accorde depuis mardi dernier- et évidemment sans sortir. C’est d’ailleurs vrai : on ne croise plus de journalistes aux fêtes ou très occasionnellement et peu de « talents » qui repartent aussi vite qu’elles sont venues. C’est aussi pour cela que les soirées sont devenues souvent ennuyeuses.
Jour 4 – 75e Festival de Cannes : des films et les fêtes qui suivent
Je le quitte pour filer voir Triangle of sadness de Ruben Östlund dont j’attends beaucoup. Ses deux derniers films, Force majeure et The Square (palme d’or 2017) m’avaient emballée. J’adore la manière dont il gratte les plaies de la société contemporaine occidentale. Mais après un début tonitruant, celui-là ne tient pas la route. Le titre français sera Sans filtre. Une fois de plus on se demande bien qui traduit les titres des films de manière aussi éloignée alors que Ostlund a plutôt l’air de les choisir avec profondeur au moins dans le version internationale. Comment Snow therapy est devenu Force Majeure? Et Triangle of sadness passe à Sans filtre. Il n’y a bien que The square (sous-titré par Emmanuel Denizot que je salue -il lit, il m’a dit)- ne soit jamais devenu Un cercle.
J’enchaîne, après un bon coup de stress dans les bus cannois, avec Revoir Paris d’Alice Winocour à la Quinzaine des réalisateurs. Elle est tellement touchante quand elle lit le papier qu’elle tient en tremblant en présentant son film et son équipe, ses acteurs Benoît Magimel, Grégoire Colin, Maya Sansa… Virginie Efira, en tournage précise-y-elle, les rejoindra à la fin du film (et c’est vrai). Le film est touchant mais un peu empêché dans ses émotions, trop retenues.
C’était un enfer pour avoir une place à cette séance alors que comme depuis le festival, à cause de cette billetterie dysfonctionnelle, la salle est loin d’être remplie. Dommage… j’y retrouve toutefois Anne Sachot de la Cinémathèque de Nice, Isabelle Pailler l’éditrice d’Arte et leurs amis. En sortant je tombe sur le très sympathique Lucien Jean-Baptiste que j’avais connu au jury de la CST l’an dernier. Une vraie boule d’énergie rigolote, affectueuse… un groupe de jeunes lui demande une photo et il répond : « vite alors, parce que là je discute avec Vero. Laisse-moi faire, dit-il au grand échalas qui lui déclare toute son admiration ». En deux temps, trois mouvements, Lucien saisit son portable et fait une photo de groupe décalée.
Un film c’est aussi une fête qui suit. Celle de Revoir Paris a lieu au Silencio, l’ancien Jimmy’z pour les vieux briscards, situe au-dessus du Casino. L’ambiance a changé et si le lieu reste aussi agréable, on y croise plus grand monde à part les « institutionnels ». Or, une fête réussie est une fête généreuse – là l’entrée est tellement fliquée qu’il n’y a pas le moindre risque de débordement – du coup, on s’y ennuie vite. (on me dit que j’y étais trop tôt).
Ce n’est pas du tout le cas de la fête de la Semaine de la critique où on embrasse un PDG en chemisette, un producteur trop alcoolisé, une réalisatrice déchaînée sur la piste de danse, l’équipe, le fondateur et le jury de la Queer Palm, présidé cette année par Catherine Corsini, des critiques, certaines tout jeunes et d’autres plus installés – mais les plus sympas-… tout ça dans le jardin magnifique de la Médiathèque, Nespresso et sa plage n’étant plus partenaires. C’est chouette, fun, détendu comme toujours et dansant. Big up donc!