Pour son premier film, la réalisatrice Catalina Mesa, installée à Paris, renoue avec ses origines colombiennes et le souvenir de sa grand-mère de Jerico ou le vol infini des jours.
De mémoire de grand-mères
Dans les montagnes de Colombie, se niche un magnifique village aux maisons savamment colorées.
C’est Jerico où la réalisatrice Catalina Mesa puise ses origines.
Elle garde de cet endroit pittoresque dont elle filme longuement les façades chamarrées le souvenir d’une grand-mère exubérante et conteuse.
Confidences de vieilles dames
C’est ce qui lui a donné l’idée de donner la parole aux vieilles dames de ce village. Toutes confient souvent avec humour ou émotion, les épisodes marquants de leur vie. Elles évoquent leurs amours, leurs maris ou enfants disparus, leurs passions pour la religion, la cuisine, la couture, leur métier, les jeux de cartes ou les après-midi dansants…
L’ensemble fait ressurgir leurs conditions de vie bien sûr, leurs audaces aussi, leurs déceptions mais aussi le contexte politique violent de la Colombie ces dernières années.
Aussi beau et paisible que soit ce village, il a aussi été touché par la guérilla des FARC. Le thème est à peine suggéré par le témoignage de l’une de ces vieillies dames. Et c’est un des moments les plus touchants du film.
Propos de femmes
L’entreprise de Catalina Mesa est louable, agréable. Les propos de ces femmes sont pour la plupart intéressants, puisque vécus et plutôt rarement écoutés.
Dommage qu’elle ne les hiérarchise pas, et surtout qu’elle oublie de les problématiser. Du coup, on reste à la surface de ces tranches de vie, passant d’une femme à l’autre sans que l’on sache bien pourquoi.
Le danger est alors que certaines, plus volubiles ou extraverties que les autres, vampirisent l’écran. C’est malheureusement ce qui arrive avec la première d’entre elles, quand on aurait tant aimé que celle qui a perdu son fils tout jeune, tué par les Farc.
Puisqu’elles aussi ont été concernés par la guerre, la politique, la mort, l’évolution de la société. En oubliant cela, Catalina Mesa signe surtout un joli film, très esthétique mais pas un grand film.
Documentaire de Catalina Mesa, avec les femmes de Jerico…
2017 – France/ Colombie – 1h18
Jerico de Catalina Mesa ouvrait la compétition documentaire du Festival2Valenciennes en mars 2018. Il avait aussi fait l’ouverture de Colombie : regards féminins, programmé à l’automne 2017 au Forum des Images.