Fatih Akin confie à Diane Kruger, le rôle d’une femme devant faire le deuil de son mari et de son fils, tués par un attentat. In the fade est un film d’actualité mais mineur, le premier que l’actrice joue dans sa langue.
Woman Revenge Movie
Quand il est inspiré, Fatih Akin est un grand réalisateur. Soul kitchen, De l’autre côté ou Head-on ont tous été de superbes moments de cinéma. Depuis 2010, il s’est certes un peu égaré tout en gardant son acuité sur la question turque en Allemagne ou aux frontières de l’Europe. C’est aussi le cas avec In the fade/ Aus dem Nichts, son nouveau film, le premier que Diane Kruger tourne dans sa langue maternelle et auprès de Fatih Akin.
Survivre
Katja est marié à Nuri, un turc installé en Allemagne. S’il a pignon sur rue avec son agence de voyage, il fréquente un peu les réseaux mafieux turcs et a passé quelques années en prison pour trafic de drogue. C’est d’ailleurs ce qui les a réunit. Ils ont un fils de six ans et semblent très heureux.
Alors qu’elle dépose son fils à l’agence du père, Katja repère qu’une jeune femme abandonne un vélo neuf devant. Elle ne s’en inquiète pas. Quand elle revient quelques heures plus tard, l’agence est dévastée. Une bombe a explosé faisant deux morts : un père et son fils.
In the fade, un deuil impossible
Le film s’intéresse à l’après. À l’impossible deuil d’une mère et femme dévastée par le chagrin et le manque. Passées les larmes, l’enterrement et les règlements familiaux, vient le temps du procès et de la vengeance. Ce qui occupera les deux dernières parties d’un film qui est de moins en moins bon et crédible.
Il est au départ inspiré d’une vague de faits divers qui se sont passés dans la région d’Hamburg. Des néo-nazis ont perpétré plusieurs attentats contre des immigrés turcs installés en Allemagne, mais ayant des liens avec les réseaux mafieux. Une dizaine de personnes sont mortes. Et le procès de la dernière survivante du groupuscule NSU, Beate Zschäpe, est encore en cours.
In the fade, incorrect politiquement
Après une première partie déprimante et très larmoyante, Katja (Diane Kruger) réussit à survivre quand elle comprend que ce sont des néo-nazis qui ont tué son fils et son mari. Le film ne s’attarde pas du tout sur l’enquête et passe directement au procès dont le dénouement est surprenant. Il se conclut par une vengeance étonnante et pas du tout crédible. Malsaine même.
On pourrait discuter longtemps de la teneur politique du film qui a beaucoup émue les journalistes allemands. La plupart ne comprend pas les choix de Fatih Akin. Ils critiquent le fait qu’ils ne s’attardent pas sur l’enquête, sur l’émoi que ce retour de nazis à créer sur place ou encore qu’il ait choisit une actrice blonde et allemande pour incarner l’héroïne, alors que c’est la communauté turque qui est visée.
Diane Kruger au top
A juste titre. Pourtant, Diane Kruger est le point fort de ce film bancal. Elle livre une interprétation très solide qui devrait lui valoir les honneurs. Elle est de tous les plans et après le chagrin, parvient à se reconstruire, puis à se venger.
Un prix d’interprétation donc. Ce qui dissimulera encore un peu le contenu politique d’un film controversé et qui mérite de l’être.
De Fatih Akin avec Diane Kruger, Numan Acar, Ulrich Tukur, Johannes Krisch, Denis Moschitto…
2017 – Allemagne – 1h46
In the fade (Aus dem Nichts) de Fatih Akin a été présenté le vendredi 26 mai 2017 en compétition officielle du 70e Festival de Cannes. Il concourt à la Palme d’or. Diane Kruger, favorite, a reçu le prix d’interprétation féminine.