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Il pleut dans la maison

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Il faut avoir le coeur bien accroché pour garder espoir en regardant, Il pleut dans la maison de Paloma Sermon-Daï. Ce film belge, mi-fiction, mi-documentaire est présenté en compétition à la Semaine de la Critique le 19 mai 2023.

Jeunes, pauvres et sans espoir

Une mère et ses deux ados, Purdey, bientôt 18 ans et Makenzy, 15 ans, vivent tant bien que mal dans la maison de leur grand-mère mal entretenue. Il pleut dans la maison. Purdey est obligée de dormir avec son frère pour ne pas finir trempée. Leur mère, totalement démissionnaire, explique juste qu’elle n’a pas d’argent. Quant au père, il n’en même jamais question.

Purdey, bientôt 18 ans et Makenzy, 15 ans

Une nuit, la mère disparaît. C’est apparemment habituel. Les deux ados vont tenter tant bien que mal de survivre à ce départ. Purdey trouve un travail de femme de ménage dans un centre de loisirs. A défaut d’un avenir meilleur, elle espère un présent supportable. Elle cherche du réconfort auprès de son amoureux Youss, qui a la clim chez lui, un appartement meublé où déménager, et à convaincre son frère d’arrêter les conneries et de venir habiter avec elle.

Mak, lui, veut rester dans cette maison. Il se fait un peu d’argent en revendant les vélos qu’il a volés. Il est immature et pas très malin. Avec son copain, il passe son temps sur une play station ou au bord du lac de la base de loisirs, à envier les plus riches que lui. Ce qui donne lieu à la scène la plus forte du film, celle où il se venge d’un fils à papa.

Il pleut dans la maison ou le désespoir de la pauvreté

Sinon, le film est, il faut le dire, monotone et déprimant. Paloma Sermon-Daï observe, au quotidien, la pauvreté de cette famille qu’elle connait bien, puisque ce sont ses cousins. Elle poursuit ainsi un travail débuté en 2017 avec son film de fin d’études, Makenzy. Les deux acteurs sont aussi frère et soeur dans la vie. Ce qui n’est pas un atout, plus souvent une limite à leur jeu d’acteurs. Purdey s’en sort plutôt mieux, sans doute parce qu’elle est dans l’action. Comme Rosetta des frères Dardenne et/ou à Emilie Dequenne (Rosetta) à qui elle ressemble faussement, elle espère encore et se bat pour. Mak, lui, démarre une carrière toute tracée de délinquant. Il commence par échouer à l’école et s’en fout, il vole ensuite. Il agresse enfin.

Purdey et Youss, son amoureux

Rien ne leur est donné à ces ados. A part un toit percé sur la tête et parfois des repas à base de féculents qu’ils vont eux-mêmes acheter, ils n’ont ni affection, ni attention de la part de leur mère, à laquelle ils n’ont d’ailleurs plus rien à dire. Elle non plus d’ailleurs, réfugiée et absente derrière sa bouteille de bière.

Nul doute que la démarche est sincère, que le propos est juste. Difficile de dire si le film est une fiction ou un documentaire tant la frontière est fragile, ici. Mais, il y a tellement peu à se raccrocher que c’est vraiment déprimant. Regarder la misère en face est douloureux. Le constat d’un échec de nos sociétés à assurer un avenir correct à des jeunes gens, certes mal nés et mal aimés, mais dont l’énergie, même négative, pourrait être mise à profit. Ici, c’est l’inertie qui domine, sans qu’elle ne provoque ni révolte, ni colère, mais du découragement.

Mention toutefois à la réalisatrice pour la scène d’ouverture du film qui, en, un plan fixe, introduit deux personnages dans un contexte déjà balisé : celui de la lourdeur d’un quotidien, nourri à la junk food et à des relations humaines sans douceur.

De Paloma Sermon-Daï avec Purdey et Makenzy Lombet, Donovan Nizet…
2023 – Belgique/France – 1h22

Il pleut dans la maison de Paloma Sermon-Daï est en compétition à la Semaine de la Critique. Il est présenté le 19 mai 2023. Il sortira dans les salles françaises le 3 avril 2024.

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