Cine Woman

France

Facebook

France de Bruno Dumont dresse à la fois le portrait de la plus grande journaliste de France et de ce pays en proie au doute. Parfois brillant, mais souvent peu convaincant.

Infos en toc, toquée d’infos

France de Meurs est la plus grande journaliste TV de France. La preuve ? Dans une séance d’ouverture d’anthologie, elle provoque le président Emmanuel Macron en conférence de presse et lui envoie une question bien embarrassante.

Léa Sedoux est une convaincante France de Meurs, la plus grande journaliste Tv de France, justement

Star du petit écran, France De Meurs est harcelée par sa notoriété. Elle vit dans un monde parallèle factice, néglige son fils et son mari dans leur appartement qui ressemble à un musée et reçoit le monde entier sur son plateau TV à qui elle pose des questions inspirées.

D’un monde factice au monde réel

Son vrai truc, pourtant, c’est le reportage, les zones de guerre où elle n’hésite pas à aller, protégée d’un gilet pare-balles. Là, elle tend son micro aux terroristes les plus violents, sans manquer de  demander à ses équipes des plans serrés sur un barbu ceinturé de minutions qui tire en l’air ou sur un type patibulaire au regard visqueux.

France de Meurs (Léa Seydoux) à la guerre

 

Un jour, par hasard, elle renverse un livreur à vélo. Sa vie bascule alors dans un autre monde. Elle délaisse les manteaux Dior et les soirées people qui la consacraient pour chercher un vrai sens à sa vie. Hélas, sa vie personnelle est un désastre et elle n’a d’autre choix que de partir s’isoler dans une maison de repos pour milliardaires afin de retrouver qui elle est. Elle n’aurait pas dû…

La France en question

Virulente critique du système médiatique actuel – de l’info en continu en particulier – et de la starification des journalistes TV, France de Bruno Dumont est un film très imparfait avec toutefois des séquences brillantes. Dès le départ, il s’appuie sur un postulat de base impossible, un contre-sens total.

Une journaliste en question

 

Même si elle adore ça et qu’elle a la puissance de l’imposer à sa hiérarchie, une star de l’audimat ne peut pas perdre le risque de partir sur un terrain de guerre. Une chaîne de TV ne pourrait envoyer au front ce qui est le fondement même de son rendement économique. Que France de Meurs apostrophe Macron, c’est possible – amusant et bluffant comme dans la séquence d’ouverture-. Qu’elle se balade au milieu d’islamistes armés jusqu’aux dents c’est inconcevable.

Une France à deux visages

Cette première invraisemblance pose question sur la suite. Ce brûlot sera-t-il réaliste ou pas? Il ne l’est pas quant à sa principale protagoniste. Sa vie est factice, ses relations familiales, humaines aussi. Son assistante est une pousse au crime. La manière dont France de Meurs reprend pied avec la réalité est très artificielle aussi. Le livreur qui fait office de victime est une caricature du pauvre type, débile qui vit dans un grand appartement sans le moindre sou.

France de Meurs (Léa Seydoux) doute aussi

Pourtant, quand Bruno Dumont traite d’un sujet qu’il maitrise fort bien, son propos est sidérant de vérité, de puissance et de cruauté. Bien sûr que les images du JT sont aussi fabriquées que celle de la fiction que l’on est en train de regarder. L’échange avec le président Macron pose le débat d’entrée et avec brio. Et si les scènes d’interviews de terroristes au milieu du désert fonctionnent mal, celles des bateaux de migrants sont excellentes.

Haro sur le système médiatique français

S’il est courageux, judicieux et indispensable de critiquer le système médiatique français, il est plus que dommage que Bruno Dumont n’ait pas pris soin de rester vigilant à la véracité de son contexte. A ne pas l’être, sa critique s’écroule et perd sa force. Saluons toutefois son génie du titre. France c’est effectivement le titre le plus fort, le plus judicieux qu’il aurait pu trouver à son film. La musique signée Christophe et le casting, parfaits.

France de Bruno Dumont, avec Léa Seydoux, Benjamin Biolay, Blanche Gardin, Emanuele Arioli…

2021 – France – 2h13

France de Bruno Dumont était en compétition au 74e Festival de Cannes, et est reparti sans aucune récompense.

Facebook
Quitter la version mobile