Experimenter
Experimenter raconte la vie de Stanley Milgram, docteur en psychologie sociale, qui a révolutionné sa discipline grâce à une expérience inédite sur l’obéissance individuelle.
La banalité du mal
En 1961, à l’Université Yale aux Etats-Unis, Stanley Milgram, un brillant docteur en psychologie sociale, mène une expérience inédite pour tester l’obéissance et/ou la conscience de ses congénères.
Obéissance sans conscience
Ce descendant d’émigrés juifs installés aux Etats-Unis cherche à montrer que le comportement du peuple allemand durant la période nazie n’était pas si aberrant puisque la majorité des gens obéit docilement à une autorité.
Il demande donc à des volontaires à venir infliger à un homme qu’ils ne connaissent pas des punitions (des décharges électriques) s’il ne répond pas correctement aux questions posées.
Experimenter : 65% obéissent
Après testé un large échantillon d’hommes américains puis de femmes, toutes communautés confondues, Milgram conclut que 65% des gens acceptent d’infliger à quiconque une torture pouvant aller jusqu’à sa mort à condition qu’on leur intime l’ordre et cela même si le puni les supplie d’arrêter.
L’expérience fait scandale mais fait référence encore aujourd’hui, comme le livre que Milgram en tire Soumission à l’autorité. Malgér son succès, elle complique sa carrière. Il ne faiblit pas et lance d’autres projets, moins révolutionnaires mais aussi ambitieux que le film, cette fois-ci, survole (dommage !).
Une référence aujourd’hui encore
On connaît mal Milgram en France, même si elle a été reprise dans I… comme Icare d’Henri Verneuil ou qu’une émission de télévision en ait repris le principe en 2010. Mais son travail reste tellement pertinent qu’il méritait bien un film.
Méritait-il celui-ci ? Michael Almereyda connaît tellement bien le sujet et le personnage qu’il a opté pour une forme narrative très originale, s’offrant tout un tas de liberté et d’interprétation, certaines pertinentes, d’autres moins.
Autoréflexivité
Inspiré par les films qu’auraient tournés Milgram, il le filme s’interrogeant lui-même sur sa vie, faisant ses propres commentaires sur ses choix, face caméra avec en arrière-plan des décors saugrenus (un éléphant, un ascenseur …).
Il le décrit aussi dans sa vie conjugale et familiale, jouant là encore de décors factices pour le mettre en situation. La plupart du temps, ces artifices – les arrière-projections notamment – sont réussis car assumés. En revanche, on regrette le traitement trop léger accordé à Sasha, la femme de Milgram. Son personnage est insignifiant et mal écrit alors qu’elle a été, de l’aveu même d’Almereyda, au cœur de ce projet de film.
De Michael Almereyda, avec Peter Sarsgaard, Winona Ryder…
2015 – USA – 1h30
© Septième Factory