Elle n’est pas commode Mrs Hunter. Un peu plus et on la laisserait volontiers crever! Mais, Mrs Hunter est richissisme. Aussi, quand ses deux (grands) enfants ont vent de son attaque cérébrale, font-ils le chemin jusqu’en Australie où elle a choisi de vivre. A reculons, certes, mais ils viennent.
Noeud familial
Le fils, un acteur raté, séducteur invétéré, se fait attendre. La fille, Dorothy, est plus ponctuelle mais elle garde ses distances. La vieille, elle, continue à régner en despote sur son entourage, sur ses nurses, sur son notaire… Tant et si bien que les contentieux familiaux finissent par éclore et put-être par se dénouer.
Ce film, d’un classicisme de bon teint, finit par prendre un charme certain. L’histoire est puissante, outrancière, malsaine à souhait comme seules les bonnes familles savent en dissimuler. Les acteurs qui l’animent sont généreux, notamment Charlotte Rampling qui joue avec une hargne dont elle se délecte cette vieille peau de vache qui a préféré sa vie de femme à celle de mère de famille. Judy Davis, dans le rôle plus ingrat de sa fille, parvient à lui tenir la dragée haute, tandis que Geoffrey Rush (le fils) cabotine à merveille.
Emphatique
Mais, en voulant trop en dire, en restant scotché au roman de Patrick White, dont il est adapté, le film s’enlise dans des histoires et dans les personnages secondaires dont on comprend mal le propos (c’est le cas de cette cuisinière allemande aux pieds fragiles).
Il aurait fallu élaguer, raccourcir, surtout se concentrer sur l’intrigue principale, la relation d’une cruauté sans nom qui lie la mère et la fille. A jamais.
De Fred Schepisi, avec Charlotte Rampling, Judy Davis, Geoffrey Rush..
2011 – Australie – 1h59
Sorties du 18 septembre 2013 sur cine-woman. Ma vie avec Liberace de Steven Soderbergh, La bataille de Solferino de Justine Triet, Elle s’en va d’Emmanuelle Bercot, Moi & toi de Bernardo Bertolucci et Barcelone, avant que le temps ne l’efface de Mireia Ros
La journée commence mal pour Laetitia. Ses deux gamines sont infernales, elle doit filer au boulot et son ex ne trouve rien de mieux que de vouloir exercer son droit de visite, là maintenant.
Sauf que Laetitia travaille pour la télé et qu’aujourd’hui, précisément, on est le 6 mai 2012, à quelques heures du résultat de la dernière élection présidentielle. Elle a à peine le temps de briefer son baby-sitter avant que la situation ne s’emballe complètement…
Souvenirs de liesse
Evidemment, se replonger aujourd’hui dans les images de liesse qui ont accompagné l’élection de François Hollande est à la fois touchant et amer. Touchant car l’enthousiasme était réel et massif, amer parce qu’il semble très, très loin le temps où Hollande signifiait encore un élan positif.
Si la galère de Laetitia peut avoir un sens aujourd’hui, c’est bien celui de nous être perdu dans une fête qui n’en était pas une, à l’image de son couple fini qui n’était apparemment qu’une illusion de bonheur et dont il lui faut désormais gérer les conséquences, dans une crise sans issue et finalement dans l’absurdité la plus totale.
Elle vacille mais elle tient bon, Laetitia et on ne sait pas trop ce qui l’empêche de s’écrouler complètement : son boulot ? son nouveau mec, un certain Virgil d’une gentillesse, d’une naïveté insupportable ? L’ancien était irresponsable (il se pointe un jour en retard à la convocation du juge, il se bat), mais au moins, il semblait avoir quelque chose à défendre. Le nouveau, non.
Hors contexte
C’est dommage car si Justine Triet, la réalisatrice a eu l’intelligence d’anticiper le contexte en filmant le jour J et jusqu’à pas d’heure, elle n’en fait rien. Elle ne le donne même pas comme enjeu de ce nouveau couple contre l’ancien par exemple. Non, il sert juste à mobiliser Laetitia un dimanche, à amplifier sa panique et son stress (quand elle demande au baby-sitter de la rejoindre dans la foule par exemple). Non, c’est l’immaturité de l’ex couple et la rupture difficile qui capte toute l’attention de la réalisatrice, alors que c’est sans doute la pièce la moins originale de son film.
En revanche, la fraîcheur de l’ensemble est également plutôt bien défendue par les acteurs, encore peu vus au cinéma : Vincent Macaigne en tête (c’est le plus connu des quatre, déjà vu dans Un monde sans femmes) qui parvient à être d’une mauvaise foi totale, sûr de son bon droit, parfois très nerveux et pourtant attendrissant père de famille.
De Justine Triet, avec Vincent Macaigne, Laetitia Dosch, Virgil Vernier, Arthur Harari
2012 – France – 1h34
Sorties du 18 septembre 2013 sur cine-woman. Ma vie avec Liberace de Steven Soderbergh, Elle s’en va d’Emmanuelle Bercot, L’oeil du cyclone de Fred Schepisi, Moi & toi de Bernardo Bertolucci et Barcelone, avant que le temps ne l’efface de Mireia Ros
Ca n’aurait dû être q’une petite coupure, une pause cigarette tout au plus. Un court besoin d’air, de reprendre ses sens, de se remettre vite fait les idées en place.
Mais, Bettie ne fait jamais les choses à moitié. Du coup, quand elle apprend que son amant la délaisse pour une femme plus jeune, elle plaque son restaurant en plein service du dimanche midi. De fil en aiguille, de rencontre en coup du sort, Bettie quitte Concarneau et ses environs, pour le Limousin, puis le lac d’Annecy et enfin l’Ain.
Parcours de vie
En chemin, Bettie va (en vrac) renouer avec sa fille (hystérique, interprétée par la boudeuse chanteuse, Camille), s(attacher à son petit-fils, prendre ses distances avec sa mère, s’égarer dans le lit d’un homme jeune, participer à une réunion d’ex-miss France et (re)découvrir l’amour.
Ecrit et réalisé tout à l’honneur de Catherine Deneuve, ce road-movie au propos réaliste, du moins au départ, devient vite une suite pas très cohérente de rencontres improbables. Les faits se succèdent sans plus d’explications et si certaines scènes sont réellement attachantes, comme celle du vieux monsieur qui roule une cigarette à Catherine Deneuve avec une lenteur et une application magnifiques, elles deviennent de moins en moins intéressantes au fur et à mesure que le film avance.
Perdue
Celle de la photo des ex-miss est d’une cruauté pathétique, celle de la colère idiote de sa fille aussi. Comme si Emmanuelle Bercot (et c’est un reproche qu’on peut souvent lui faire) perdait progressivement l’attrait pour ses personnages. Du coup, le cheminement de Bettie/Deneuve semble interminable et bien peu enrichissant, tant la réconciliation familiale devient artificielle. Dommage, Catherine Deneuve était sûrement capable de défendre un personnage plus complexe et plus profond jusqu’au bout. Là, ce n’est pas le cas.
D’Emmanuelle Bercot, avec Catherine Deneuve, Camille, Claude Gensac, Mylène Demongeot, Hafsia Herzi…
2013 – France – 1h57
Sorties du 18 septembre 2013 sur cine-woman. Ma vie avec Liberace de Steven Soderbergh, La bataille de Solferino de Justine Triet, L’oeil du cyclone de Fred Schepisi, Moi & toi de Bernardo Bertolucci et Barcelone, avant que le temps ne l’efface de Mireia Ros
La boucle serait bouclée. Steven Soderbergh, réalisateur américain révélé à Cannes en 1989 avec Sexe, mensonges et vidéos (Palme d’Or) achève sa carrière avec vingt-sixième et soi disant dernier film, lui aussi présenté à Cannes en 2013, Ma vie avec Liberace (Behind the Candelabra).
Biopic classique
Après une carrière prolifique, qui a traité de sujets aussi différents que la misère sexuelle, le combat d’une mère de famille contre la mafia de l’eau, les accords industriels occultes, qui a abordé le cinéma dans à peu près tous ses genres allant même flirté avec l’expérimental, Soderbergh finit son œuvre par un biopic des plus classiques, qui met en valeur dans des rôles à Oscar (mais complètement oublié du palmarès cannois) deux acteurs dont on connaissait déjà le talent : Michael Douglas et Matt Damon.
Au hasard d’une de ses liaisons amoureuses, Scott, un petit gars de Wisconsin très beau garçon, rencontre Liberace, un pianiste, une star spectaculaire qui se produit à Las Vegas. Liberace est richissime, extraverti, homosexuel (non revendiqué officiellement même si cela semble difficilement à croire aujourd’hui) à la libido épanouie. Scott est plus réservé mais il finit par se laisser séduire par l’homme, par sa vie fastueuse et par tomber très amoureux. Mais, évidemment la belle romance finit par se gâter… et après plusieurs tempêtes les deux hommes se séparent. Liberace tombe malade et meurt du sida en 1987.
Numéro d’acteurs
Que dire de cette passion déçue sinon que la grandiloquence des décors lui donne la forme d’un grand spectacle kitsch à ravir, au mauvais goût revendiqué, sauvé par un duo d’acteurs exceptionnel ? Michael Douglas revient sur le devant de la scène avec un rôle à sa démesure, dans lequel il prend manifestement « son pied ». Sans être caricaturale mais toutefois très démonstrative, sa prestation est impeccable depuis ses débuts flamboyants à sa déchéance due à la maladie. Matt Damon, dans une interprétation moins spectaculaire, parvient à garder toute sa place. Liberace est avant tout un numéro d‘acteurs donc.
On attendait plus de Soderbergh pour la fin de sa carrière, un film plus surprenant, plus époustouflant, plus innovant aussi et de facture moins classique.… Un sujet qui parle plus de son époque, qui manie avec plus d’intensité une mise en scène impeccable avec un thème déroutant. Peut-être le prochain.
De Steven Soderbergh, Avec Michael Douglas, Matt Damon, Dan Aykroyd…
2013 – USA – 1h58
Sorties du 18 septembre 2013 sur cine-woman. La bataille de Solferino de Justine Triet, Elle s’en va d’Emmanuelle Bercot, L’oeil du cyclonede Fred Schepisi, Moi & toi de Bernardo Bertolucci et Barcelone, avant que le temps ne l’efface de Mireia Ros
Qu’est-ce qu’un réalisateur de 70 ans passés a-t-il à dire sur la jeunesse d’aujourd’hui ? Que chaque âge a ses charmes mais aussi ses problèmes et qu’il est toujours bon de s’ouvrir aux autres pour grandir, s’améliorer, s’enrichir. Voilà en substance le message plutôt sage que Bernardo Bertolucci livre ici, avec une humilité bienvenue.
Duel fraternel
Dans ce qu’on pourrait qualifier un petit film, tant il est habitué aux grosses productions internationales, Bertolucci convie deux jeunes acteurs à un duo/duel plutôt inédit.
Lorenzo, 14 ans, est un adolescent étrange, peu sociable, introverti. Alors que ses camarades d’école partent en classe de neige, il organise sa retraite au fond de la cave de son immeuble : il a pensé à tout, à sa nourriture, à ses jeux, à sa survie…. Sauf à sa demie-sœur qui, par surprise, vient un jour chercher des affaires. Fugueuse, sans attaches, droguée, bannie de la fratrie, elle profite de la présence de ce frère qu’elle connaît mal pour se réfugier dans la cave. Au contact l’un de l’autre, ils vont finir par s’ouvrir, par s’affirmer, par grandir et par se découvrir une complicité surprenante.
Ce film est un peu un défi, un quasi huis-clos dans un souterrain vaste et confortable, une scène unique où de nouveaux liens familiaux vont se nouer. On étouffe dans ce lieu plutôt glauque, mais pas seulement, on s’y évade aussi, et son confinement offre une lecture de l’intime profonde, inattendue.
Exclus
En mettant en scène deux exclus volontaires du puissant modèle familial italien (bien plus uniforme et conformiste que le français), Bertolucci offre une lecture intéressante, inhabituelle de la jeunesse actuelle. Une jeunesse gâtée, apparemment sans problème financier ni de reconnaissance sociale, mais complètement perdue dans ses choix affectifs, incapables de prioriser ses désirs, de hiérarchiser ses souffrances et donc de se débattre hors du cocon protecteur.
Il choisit pour cela de confier leurs rôles à deux inconnus au physique hors norme, assumant ainsi un choix radical qui donne encore plus de force à la désillusion qu’il filme sans la juger.
De Bernardo Bertolucci, avec Jacopo Olmo Antinori, Tea Falco
Nouveaux critiques, nouvelles rubriques, nouveau décor…, Le Cercle, l’émission critique du cinéma diffusée sur Canal+ a revu sa formule. Et cine-woman était là pour essuyer les plâtres.
Le rendez-vous était fixé à 9h, jeudi 12 septembre 2013 dans un bâtiment de Canal + à Boulogne. Exit la salle de jeu de l’Académie de Billard de la rue de Clichy, c’est sur un plateau de télé adapté pour ressembler à une vraie salle de cinéma que s’est jouée cette première.
Mise en place
La télé, c’est un peu comme le cinéma. Chaque tournage est avant tout une longue, très longue attente, avec autour de soi, un paquet de gens qui s’agite, qui se parle par oreillette interposée (du coup on entend qu’une partie de la conversation ce qui peut donner lieu à des dialogues étranges : « je suis quel numéro moi? Pourquoi tu veux je la rallonge de 60 cm? Nan mais c’est tout noir, là! etc etc).
On règle les lumières, les distances, on ajuste puis on nettoie une table branlante, on se voit en énorme plan pour des essais lumière (et c’est atroce, forcément) et on suit les conseils des pros. « Rapproche-toi. Tiens toi droit. Applaudis, plus fort…Silence! Raccord maquillage ». On vous fait asseoir là, non là, enfin si là… Dans un coin, un critique répète sa prestation future, debout devant un écran, l’autre rigole, l’un vient nous saluer sans nous embrasser « je suis maquillé » etc etc
A 10h30, les critiques invités arrivent les uns après les autres : Marie Sauvion de Marie France, François Bégaudeau, Michaël Mélinard de l’Humanité Dimanche, Adèle van Reeth de France Culture sont prêts et s’installent au bord de la vaste table grise et ronde qui constitue le décor principal de l’émission. Les uns sont contents de se retrouver – Bégaudeau et Marie Sauvion n’arrêtent pas de papoter et de se marrer, Michaël est nouveau, donc un peu intimidé et Adèle de dos…
Enfin Beigbeder, veste grise et chemise blanche, élégant, s’annonce, salue et prend les commandes de l’émission. L’enregistrement peut commencer…
Au sommaire
Ca ne tarde plus en effet. A peine le temps de s’en apercevoir que le pré-générique est déjà fini. Au sommaire de cette émission de rentrée : Le majordome de Lee Daniels, Jimmy P., psychothérapie d’un indien des plaines d’Arnaud Desplechin, Tip-Top de Serge Bozon, La danza de la realidad d’Alejandro Jodorowsky et No pain, no gain de Michael Bay.
Inutile de refaire ici les débats qui seront plus relevés en « live ». Sachez juste que les avis furent partagés concernant No pain No gain et étonnamment consensuels sur l’ir-regardable Tip-Top. Merci à Philippe Rouyer de Positif, venu rejoindre la troupe d’avoir renvoyé sur mars cet ovni cinématographique.
Delta
Ovni, duel, événement de la semaine, les débats sont désormais structurés en rubrique et à géométrie variable quant au nombre de participants. Cinq critiques (contre 6 auparavant) se relayent sans toutefois tous participer à la discussion. Et deux d’entre eux, en l’occurrence, Philippe Rouyer et François Begaudeau continuent à animer des séances de décryptage de scènes. Avec un talent lui aussi variable… Si la comparaison des deux tableaux de Jimmy P m’a paru très judicieuse parce qu’apportant une vraie lecture à ce film statique, je n’ai pas trouvé convaincant le décryptage des deux scènes de Tip-Top (une, c’était déjà trop) et surtout cinq explications de séquences dans la même émission ça commence à faire beaucoup!
Honneur aux blogs
Autre vraie nouveauté que cine-woman ne peut que saluer : la venue surprise d’un cine-blogger qui s’invite au débat. C’est Linda, d’almost-kael.com, une jeune fan de cinéma américain qui écrit en anglais (bravo) qui a défendu becs et ongles le film de Michael Bay, avec une aisance remarquable et des arguments très pointus.
12h30. Après la virgule sur la Mostra de Venise par Xavier Leherpeur (Studio Ciné-Live), l’enregistrement est (enfin) fini: deux heures pour une première, c’est normal d’autant que très peu de secondes prises ont été nécessaires.
Deux heures de débats enlevés sur le cinéma, avec des degrés de lecture différents, c’est franchement passionnant. C’est aussi le sentiment qu’a eu Michaël Mélinard, de l’autre côté de la caméra. « J’ai eu le même sentiment que si j’avais été sélectionné en Equipe de France pour la première fois, confirme ce marathonien habitué des challenges sportifs, c’était intéressant…et stressant. il faut trouver sa place au sein d’une équipe déjà formée, réussir à apporter sa touche personnelle et savoir rebondir pile au bon moment ». Espérons qu’il trouvera ses marques, comme ce nouvel opus, franchement enthousiasmant.
Sur Canal + Cinéma, vendredi 13 septembre à 22h45 (multi rediffusé tous les jours de la semaine).
Quand j’ai ouvert cine-woman, je me suis jurée DE NE PLUS JAMAIS ALLER VOIR les blockbusters décérébrants qui hantent par centaines de copies nos salles de cinéma. Un soulagement!
Ras le bol de ces héros plus ou moins supers qui passent leur temps à sauver le monde contre des attaques imaginaires, de ces films de propagande virile qui ne servent qu’à rassurer les mâles sur leur toute puissance, de ces montagnes de muscles à la sexualité pré-ado, prêts à en découdre mais incapables de parler à une femme en regardant autre chose que le bout de leurs chaussures. C’était idiot. Tout combat mérite un ultime acte de bravoure. Il serait donc intéressant d’aller voir un tel film en le décryptant d’un point de vue féminin. Ok, mais lequel?
Trop bonne…
No pain, no gain s’est imposé tout seul. Un film signé de Michael Bay, celui à qui je dois l’un de mes pires souvenirs de cinéma où les jouets de mon fils se transformaient en machine à sauver le monde (et encore je me suis épargnée les Transformers 2 et 3) sur un monsieur muscle de Miami, campé par Mark Wahlberg, peu connu pour sa finesse d’esprit, accompagné du catcheur Dwayne Johnson, l’affiche était trop bonne.
Le début du film tient ses promesses. Mark Wahlberg, devenu « viandard » selon mon voisin de projection (un marathonien affûté), fait des abdos perché à 20m du sol quand retentissent les sirènes de la police venu l’arrêter. Très vite, il se met à raconter, en flash-backs évidemment, sa vie de coach sportif dopé aux stéroïdes et happé par le rêve américain. On est à Miami, ville réputée aussi vulgaire, clinquante que malsaine, où l’argent coule à flot et s’exhibe, les gonzesses sont des bimbos en maillot qui roulent du cul comme les mecs roulent des pectoraux. Même les dialogues sont à la hauteur, avec des phrases aussi définitives que « I believe in fitness ». Bref, je sens que je vais me régaler…
… trop cons
Sauf que de manière complètement inattendu, Michael Bay prend le contre-pied total du premier degré auquel il nous avait habitué. Daniel Lugo (Mark Wahlberg) et ses copains forment une bande de bras cassés de classe IN-TER-NA-TIO-NA-LE. Très forts en biceps mais zéro en stratégie d’adaptation, ils sont tellement obsédés par leur part du gâteau qu’ils font n’importe quoi. Pour commencer, ils kidnappent, dans le but de lui piquer son fric et son identité, un richissisme business man qui a le tort de se vanter de son train de vie. Mais, l’homme est ultra-coriace et rien ne se passera comme prévu.Et les kidnappeurs sont capables de tout, sauf de réagir à l’imprévu…
Tout ce qui est dans le film est vrai, paraît-il. On voit même à la fin du film les vrais protagonistes de l’histoire avec mention de ce qu’ils sont devenus. Mais, ce n’est pas le plus important. No Pain, no gain raconte une histoire complètement dingue et stupide. Sauf que Michael Bay le fait avec une habileté rare. Plutôt que de condamner ses héros en les méprisant, il les traite avec le plus grand sérieux tout en les plongeant dans les codes habituels de ces films musclés et décérébrés.
Du coup, c’est l’intelligence du spectateur qui est mise à contribution et sa capacité à prendre du recul. Contre toute attente, cette comédie tragique devient la démonstration enthousiasmante qu’un film d’action peut être une récréation sympathique, bien menée, pleine d’humour et qu’un concentré de testostérone peut être alléchant!
De Michael Bay, avec Mark Wahlberg, Dwayne Johnson, Ed Harris, Anthony Mackie, Rebel Wilson…
C’est ce mercredi 26 juin, à midi que Serge Toubiana, le directeur général de la Cinémathèque Française, a annoncé le programme des festivités à venir après l’été.
La saison reprendra des expositions temporaires reprendra à compter du 25 septembre 2013 par un hommage à Jean Cocteau, à l’occasion des 50 ans de sa mort puis, à partir du 16 octobre 2013, par Pasolini Roma, soit Rome vu par un des artistes les plus controversés du XXème siècle. elle sera bien évidemment accompagnée d’une intégrale de ses films, d’Accatone à Salo.
Les 100 ans d’Henri Langlois
Mais 2014, c’est aussi et surtout le centenaire d’Henri Langlois, l’infatigable créateur de la Cinémathèque et le père de la cinéphilie française. Plusieurs manifestations le consacreront dont une exposition baptisée Le Musée imaginaire d’Henri Langlois, à partir du 9 avril 2014. Avec évidemment force documents inédits, témoignages…
Autre temps fort, une expoistion là encore, consacrée à Amos Gitaï, architecte de la mémoire, à partir du 26 février, accompagnée là encore de son intégrale filmée.
Côté filmo
Quant aux rétrospectives qui sont la base même de la programmation de la Cinémathèque, se succèderont celels consacrées à l’ouvre de :
– Michel Piccoli (du 4 sept au 6 oct 2013)
– Bernardo Bertolucci (du 11 au 29 sept 2013)
– Ethan et Joel Coen (du 2 au 27 oct)
– Roger Allio (du 6 au 19 nov)
– Raymond Depardon (du 14 nov au 1er déc)
– Joao Cesar Monteiro (du 11 au 22 dec)
– Henry Hathaway (du 8 jan au 23 fev 2014)
– Jean-Charles Fitoussi (du 15 au 26 jan 2014)
Et cela avant de célébrer en 2014 Jean Epstein, Caroline Champetier, la Grande Guerre, Ozu ou Charlot, lui aussi né en 1914.
Evidemment, Cine-Woman reviendra sur chacun des évènements en temps voulu, mais comme il n’est jamais déconseillé de rêver un peu…
Ce film est encore visible dans la journée du jeudi 13 juin et demain, vendredi 14 juin, au cinéma le Balzac dans le cadre du Champs Elysées Film Festival.
Pour l’instant, il n’a pas de distributeur français mais sa carrière dans le monde entier est déjà bien entamée : il est sorti avec succès au Canada, a été présenté à Pusan (Corée), sera en compétition au festival de Shanghaï la semaine prochaine… Si vous avez la chance de tomber dessus (dans un festival par exemple), n’hésitez pas. Cine-Woman le recommande fortement !
Réinventer la vie
Nicole aborde sa quarantaine avec des difficultés. Ni son métier de pharmacienne, ni sa vie familiale avec deux adolescents exigeansts, ni sa vie de couple usée, ne l’épanouissent. Un jour, elle reçoit une lettre très personnelle mais anonyme lui demandant de s’impliquer dans une action précise. Elle accepte, suit à la lettre les instructions qui lui seront apportées jour après jour… Sa vie va alors prendre un tour inattendu.
Comme l’a dit une spectatrice lors de la première projection du mercredi 12 juin, « on rêve toutes que cela nous arrive ». La vie quotidienne apporte son lot de frustration et rien de plus normal que de vouloir y échapper. Oui mais comment ?
Je ne vous raconterai pas ici si c’est pour le pire ou pour le meilleur que Nicole va accepter de bouleverser son quotidien, ni ce qu’elle sera amener à faire pour y parvenir. Mais sachez que le suspense est entier et que l’attente est méritée.
Pour celles qui n’adhéreraient pas l’histoire (manifestement c’est un pur film pour femmes, les hommes sont moins sensibles à la destinée de Nicole), allez au moins voir la performance exceptionnelle de Michelle Giroux, une actrice canadienne anglophone de théâtre au nom typiquement français mais qui n’en parle pas un mot. Elle est époustouflante, tellement naturelle qu’on ne peut s’empêcher de s’identifier à elle, disait encore cette spectatrice.
Totale impro
Pour parvenir à un tel résultat, Sean Garrity, le réalisateur, a avoué utiliser un truc : il avait bien écrit toute l’histoire de son film, inspiré d’une nouvelle d’un ami qui n’a jamais été publiée. Mais il ne l’a jamais racontée aux acteurs et ne leur a jamais donné de scénario à apprendre. Tout est improvisé.
Sean racontait que quand Michelle/Nicole fouille sa boîte aux lettres en espérant un nouveau message, sa fille vient vers elle et la surprend, en lui disant qu’une amie à elle l’a vue. Michelle/Nicole est extrêmement surprise, ne sachant absolument pas à quoi elle fait référence… et elle commence à bredouiller une sorte de mensonge qui n’en est pas vraiment un. Comme aucune des deux actrices ne connaissaient la suite de l’historie, elles ne pouvaient qu’être plus vraies que nature.
Sean Garrity, dont c’est le cinquième long métrage, a l’habitude de travailler ainsi. Il avait déjà réalisé un film en impro, « Zooey & Adam », l’histoire très sombre d’un couple en mal d’enfants (jamais sorti en France). Espérons toutefois qu’un distributeur se décide à acheter « Blood Pressure ». Trop hâte de voir les réactions de toutes mes amies…
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