Beaucoup d’entre vous connaissent la série télévisée du même nom, qui a connu un véritable succès en France et dans une centaine d’autres pays. Voici donc le film, pour le cinéma, tout à fait accessible, même si on ne connaît rien aux courts-métrages TV.
Insectes virtuels dans…
Dans la vallée d’un beau parc national – le film a été tourné dans les décors réels du Mercantour et des Ecrins -, une fourmi noire découvre un vrai trésor : une boîte de sucre. Elle décide de la rapporter à sa fourmilière, malgré les milliers d’obstacles sur sa route.
Le pire sera sans doute la guerre sans merci que lui livreront ses rivales les plus redoutables, les fourmis rouges. Contre toute attente, une coccinelle très maline va l’aider dans cette aventure…
… des décors réels
Ce film en 3D est avant tout une véritable prouesse technique : les personnages fictifs (les insectes) ont été intégrés dans les décors réels. Ce qui donne à cette amusante épopée une couleur très particulière.
La mission de la fourmi, rendue à hauteur d’insectes, sans aucun dialogue, finit toutefois par devenir laborieuse, malgré l’humour, le suspense et l’inventivité des scénaristes qui détournent nos déchets pour en faire des armes redoutables dans la guerre que se livrent les fourmis et leurs alliés.
La liberté et l’audace que s’accorde Lulu, on en a toutes rêver! Prendre la tangente sans calcul préalable, ne pas rentrer chez soi pour profiter du temps, du vent, des gens, de soi…
Rébellion féminine
Lulu est mère d’une famille de 3 enfants, exigeants forcément, et épouse d’un homme qui ne la voit plus depuis longtemps. Il la traite comme un meuble. Elle est utile (en gros, elle gère l’intendance familiale, docilement). Et il la veut comme ça. Mais, Lulu a des velléités d’indépendance : elle veut travailler. C’est d’ailleurs à l’issue d’un entretien d’embauche raté qu’elle met les voiles. Tranquillement, en se laissant aller aux rencontres éphémères, mais qui finiront par modifier sa vie.
Le cinéma a aussi vocation à faire rêver, et c’est justement ce qui ne va pas ici. La parenthèse de vie que s’offre Lulu a beau être sympa, elle ne donne pas envie. Pourtant, elle est loin d’être réaliste.
De fil en aiguille
Du coup, les événements se succèdent comme des mini-tranches de vie qui la rapprochent peu à peu du dénouement final, la confrontation avec sa famille, son mari.
Et puis, Lulu est un peu trop godiche, un peu trop cruche, pour qu’on s’attache à son personnage. Et bizarrement, Karine Viard, d’habitude assez subtile dans ses compositions, renforce encore cet aspect-là.
Par touches
Ce qui n’empêche évidemment pas quelques bons moments : le dîner romantique avec Bouli Lanners, la teinture de cheveux avec Claude Gensac… et le final étonnant, différent de la BD dont le film est adapté.
De Solveig Anspach, avec Karin Viard, Bouli Lanners, Claude Gensac, Corinne Maseiro…
Une citation tronquée de Paul Valéry – « Le vent se lève, il faut tenter de vivre »- donne son titre au dernier Miyazaki, d’après ce qu’il a annoncé. Et finir sa carrière sur un tel film est osé et inattendu.
Hommage à l’aéronautique
Le vent se lève est un hommage à Jiro Horikoshi, un ingénieur aéronautique japonais. Dès l’enfance, il n’a vécu que de ses rêves célestes puis a consacré sa vie à améliorer les performances des avions, sans enjeu militaire, ni affairiste. Il vit pour les avions et pour le vent qui les porte.
C’est grâce à un coup de vent qu’il a rencontré sa femme adorée au souffle malheureusement trop court. C’est aussi lui qui complique ses calculs mais qui le portera au sommet.
De haut vol
SI Miyazaki n’a rien perdu de sa poésie, ce film est surprenant. Il s’adresse à des enfants déjà très éveillés qui comprennent qu’on puisse vivre pour une passion. Ils doivent aussi assimiler le cheminement de cet ingénieur de haut vol qui passe par des étapes jamais explicitées mais qui définissent le contexte historique et politique de l’époque (la guerre, la course à l’armement..). D’où les doutes qui hantent Jiro.
Enfin, la seconde heure du film, est longue et répétitive et pénalise la magnifique première partie, celle où les talents du jeune homme se déploient et cela, malgré les difficultés qu’il rencontre (tremblement de terre, l’université brûlée etc…). Dommage car l’ensemble finit par devenir laborieux.
Alors que les Golden Globes lancent aux Etats-Unis la saison des récompenses annuelles du cinéma, en France, c’est son équivalent, les prix Lumières, remis par la presse cinéma étrangère qui ouvre les hostilités. La cérémonie a eu lieu lundi 20 janvier, à l’Espace Cardin à Paris et était présidée par Carole Bouquet. Et il y avait foule pour y assister.
Les femmes à l’honneur
Grazyna Arata, la présidente de l’Académie des Lumières, a ouvert la soirée en rappelant que « 2013 avait été une année en France une année exceptionnellement riche en beaux rôles féminins », tandis que Yamina Benguigui, ministre déléguée chargée de la Francophonie, tout en rappelant que la culture était un vecteur efficace pour changer les mentalités, s’est félicitée de l’arrivée de la première femme, chef d’un état d’Afrique Francophone.
C’est La vie d’Adèle, chap 1 et 2, qui sort grand vainqueur de cette année 2013. Ce film a recueilli quatre prix majeurs : celui du meilleur film, celui du meilleur réalisateur remis à Abdellatif Kechiche (retenu aux USA) , celui de la meilleure actrice, Léa Seydoux, récompensée en même temps pour sa prestation dans Grand Central de Rebecca Zlotowski et celui, bien sûr de la meilleure révélation féminine, remis à Adèle Exarchjopoulos. Léa Seydoux a précisé être ravie de recevoir ce prix pour « deux films importants ».
Deux autres films ont été sacrés deux fois: Grand central de Rebecca Zlotowski, prix spécial du jury et donc prix de la meilleure actrice et Guillaume et les garçons, à table! de Guillaume Galienne, meilleur acteur et meilleur premier film (lui aussi absent).
La Vénus à la fourrure de Roman Polanski est saluée pour son scénario, Raphaël Personnaz s’impose comme révélation masculine de l’année pour Quai d’Orsay de Bertrand tavernier et Marius de Daniel Auteuil, tandis que le prix de la photo revient à Thomas Hardmeier pour L’extraordinaire voyage du jeune et talentueux TS Spivet de Jean-Pierre Jeunet et que le prix du meilleur film francophone hors France revient à Nabil Ayouch pour Les chevaux de Dieu.
Enfin, deux hommages ont été rendus à Georges Lautner, qui n’a paraît jamais reçu de prix de toute carrière, et Patrice Chéreau par Dominique Blanc, tous deux disparus cette année, tandis qu’un pays entier était à l’honneur, la Belgique, représentée notamment par Yolande Moreau.
photos copyright Rachid Bellak
Palmarès :
MEILLEUR FILM La vie d’Adèle – Chapitres 1 et 2 de Abdellatif KECHICHE
MEILLEUR REALISATEUR Abdellatif KECHICHE
PRIX SPECIAL DU JURY Grand Central de Rebecca Zlotowski
MEILLEUR SCENARIO ORIGINAL ou ADAPTATION David IVES et Roman POLANSKI pour La Vénus à la fourrure de Roman POLANSKI
MEILLEURE ACTRICE Léa SEYDOUX dans Grand Central et La vie d’Adèle
MEILLEUR ACTEUR Guillaume GALIENNE dans Les Garçons et Guillaume, à table de Guillaume GALIENNE
REVELATION FEMININE DE L’ANNEE Adèle EXARCHOPOULOS dans La vie d’Adèle
REVELATION MASCULINE DE L’ANNEE Raphaël PERSONNAZ dans Quai d’Orsay de Bertrand TAVERNIER et dans Marius de Daniel AUTEUIL
PRIX HEIKE HURST du MEILLEUR PREMIER FILM Les Garçons et Guillaume, à table!
MEILLEUR FILM FRANCOPHONE HORS DE France Les Chevaux de Dieu de Nabil AYOUCH (France, Maroc, Belgique)
PRIX TECHNIQUE CST DE LA MEILLEURE PHOTO Thomas HARDMEIER (AFC) pour T.S. Spivet de Jean-Pierre Jeunet
S’il n’y avait qu’une bonne nouvelle pour le cinéma en ce début d’année –outre les nominations de Jane Campion et de Pierre Lescure à Cannes – , ce serait ce film des frères Larrieu.
Pour adultes
Chacun de leur opus est un petit événement en soi, rappelez-vous « Un homme, un vrai », « Peindre ou faire l’amour » et le sublime « Les derniers jours du monde », au titre toujours prometteur et à l’originalité non revendiquée mais pourtant affirmée.
Voir un film des Larrieu est une expérience, de celles qui vous grandissent et vous font mûrir, réfléchir un peu sur votre propre vie et surtout vous émouvoir. Car, encore plus qu’à l’intellect, c’est à votre capacité à ressentir qu’ils s’adressent à vous. En adulte, ce qui est rarissime ces temps-ci au cinéma.
Thriller dans la neige
« L’amour est un crime parfait » s’inscrit dans cette ligne. C’est un thriller qu’ils qualifient volontiers de suisse, adapté du roman « Incidences » de Philippe Djian. Mathieu Amalric, leur acteur fétiche, y joue Marc, un prof d’université au verbe haut qui passe son temps à séduire ses étudiantes en littérature. Pas toutes. L’homme, beau parleur, est conscient de la puissance de son langage et de son sex-appeal, moins de ses tourments qu’il a profondément enfouis.
Barbara, une de ses étudiantes a disparu sans laisser de traces. Une enquête est en cours. C’est alors que se présente Anna, la belle-mère de Barbara, qui veut comprendre cette disparition. Marc ne va pas rester longtemps indifférent au charme particulier d’Anna…
Réalisateurs de l’espace
Peintres des sentiments vrais, de l’amour et du sexe, qui n’est jamais absent de leur film, Jean-Marie et Arnaud Larrieu sont aussi et avant tout peut-être des cinéastes de l’espace. Le film se passe à Lausanne et ne pourrait s’imaginer nulle part ailleurs.
Ils filment avec une aisance inouïe des paysages et des bâtiments qui s’enchaînent avec une limpidité extraordinaire. L’université de Lausanne, tout d’abord, magnifique Rolex Learning Center réalisé par l’agence japonaise d’architecture SANAA, aux parois de verre et aux circulations fluides devient, grâce à eux, un personnage à part entière de l’histoire, celui de l’ambiguïté entre ce qui est montré et ce qui se cache. La mise ne scène de la prégnance des montages et du lac, lorsque Mathieu Amalric tire le rideau de la salle où il enseigne est à cet égard très révélatrice.
Un lieu, du sens
Le chalet de Megève ensuite et le long cheminement à travers des routes de montagne enneigées qui semble aboutir au bout d’un monde et de ce qui s’y joue, la maison de Denis Podalydès encore, architecture brute et froide, ou celle nouveau riche de la piscine de Sarah Forestier, et enfin, le magnifique hôtel du dénouement, bâtiment fragile en surplomb d’un lac qu’Amalric n’aurait jamais dû perdre de vue.
Il y aurait tant à dire sur ce polar suisse, riche d’ambivalences, de caractères complexes, d’acteurs géniaux, double ou triple, de scènes provocantes, de dialogues éloquents, de réflexe animal dans un monde qui se voudrait ultra-sophistiqué… que le mieux est encore de se limiter à deux mots : Allez-y ! Vous n’en reviendrez pas…
De Jean-Marie et Arnaud Larrieu, avec Mathieu Amalric, Karine Viard, Maïwenn, Denis Podalydès, Sarah Forestier…
De Delphine de Vigan, on connaît surtout (et on aime) les romans – « Les heures souterraines », « Rien ne s’oppose à la nuit » – , ceux portés à l’écran par d’autres – « No et moi » réalisé par Zabou Breitman. Moins son travail pour le cinéma. On lui doit la co-écriture du scénario de « Tu seras mon fils » réalisé par Gilles Legrand.
Performance
La voilà réalisatrice d’une comédie sentimentale qui se veut moderne puisqu’elle aborde frontalement des sujets peu abordés au cinéma, à savoir la performance sexuelle des femmes et leur volonté de s’améliorer « pour devenir le meilleur coup de Paris ».
C’est en tout cas la volonté d’Emma (interprétée par Laurence Arné), une jeune première de la classe qui vient de décrocher un boulot génial de journaliste dans un magazine économique. Elle a tout pour plaire, elle est brillante, très belle, devient très vite la chouchoute du patron. C’est aussi une bombe sur laquelle tous les hommes se retournent… mais qui est une véritable limace au lit. Bref, un super mauvais coup.
De la bombe
Serait-ce donc pour cela qu’à à peine 30 ans, elle est encore célibataire ? Que sa vie est ratée ? Puisqu’Emma est avant tout une bonne élève très consciencieuse, elle va s’appliquer à devenir une bombe sexuelle avant de découvrir que la performance ne vaut rien si elle n’est pas accompagnée d’amour…
On a rarement une comédie plus téléphonée que celle-là. Dès le décor posé, on sait exactement ce qui va se passer d’ici la fin du film et c’est évidemment un handicap sérieux à l’intérêt qu’on lui porte.
Postulat nul
Passons sur les clichés sur la presse (c’est étonnant comment la vie des rédactions de journaux sont filmées de manière édulcorée, fantasmée), sur les définitions très caricaturales des personnages, sur la réalisation très banale de ce film pour aborder le problème de base : comment peut –on partir avec un postulat aussi con ?
La fameuse Emma a beau avoir une confiance en elle relative, avoir été élevée dans le culte de la performance, elle est bien trop intelligente et de son temps, pour avoir cette ambition débile de vouloir être le n°1 du sexe à Paris. Surtout si c’est pour découvrir que quand on aime, on donne plus et mieux.
A sauver
Les (quelques) bonnes idées du film : avoir confié le rôle à Laurence Arné, une quasi inconnue pour ceux qui ne sont addicts ni aux one-woman show, ni aux séries françaises – elle joue dans Workingirls, diffusée sur Canal+. Elle tient son rôle avec tenue, à l’aise aussi bien dans les scènes drôles que plus émouvantes.
Quelques gags valent aussi le détour et notamment, la révélation François Morel en sexologue hyper convaincu. Et saluons l’écriture des dialogues, très cash qui tranchent un peu avec l’aspect très attendu, pas du tout surprenant de l’histoire.
Pas sûr que Delphine de Vigan, même aidée de Chris Esquerre à l’écriture, soit faite pour la comédie.
De Delphine de Vigan, avec Laurence Arné, Eric Elmosnino, Valérie Bonneton, François Morel…
Une femme, la soixantaine bien tenue, Cornelia, se plaint. Son fils unique, Barbu, la tient à distance, loin, le plus loin possible de lui, surtout depuis qu’il s’est mis en ménage avec une mère célibataire. Elle prétend n’avoir que lui et bien qu’il soit sans intérêt ou à peu près, elle ne jure que par lui et veut absolument jouer un rôle de premier plan dans sa vie.
Fils irresponsable
Quand Barbu a un accident de voiture qui provoque la mort d’un adolescent, Cornelia y voit aussitôt une manière de s’imposer à nouveau dans la vie de ce fils, chauffard (il roulait beaucoup trop vite).
Pitcher ce film est un risque, celui d’être dix fois plus explicite que ne l’a voulu le réalisateur Calin Peter Netzer, talent émergent de la nouvelle vague roumaine. Car de démonstration, de sermon appuyé, il n’y en a point dans cette chronique dramatique d’une famille aisée de la Roumanie post-Ceaucescu.
Parvenue roumaine
C’est un des premiers intérêts de ce film déroutant et émouvant. Il dresse un portrait sans concession des classes privilégies roumaines. Le père de Barbu est chirurgien, sa femme décoratrice a choisi de ne plus travailler, mais leur réseau est influent et ils ont de l’argent. Suffisamment pour limiter la condamnation de leur fils, pour tenter de corrompre des témoins, pour en proposer aux parents du défunt, bref pour faire à peu près n’importe quoi et se sentir au-dessus des lois, des autres…
Ce qui a le don d’exaspérer Barbu. Lui aimerait bien avoir une certaine droiture, mais il en est incapable, anéanti dans ses moindres désirs, ses moindres initiatives par une mère sur-protectrice. Le pire c’est qu’il paie au prix fort une attention que mériterait son père, si sa mère n’avait pas fait abstraction de sa vie de femme.
Manipulatrice hors pair
En navigant ainsi au plus près des réactions des uns et des autres, on saisit par touche la manipulation dont est capable cette mère déterminée et dynamique, prête aussi bien à s’humilier un moment pour mieux reprendre des forces et de l’entregent afin de s’imposer plus tard, sous prétexte d’agir pour le bien d’autrui.
Et pour mieux montrer l’étau dans lequel se retrouve ce grand fils, sans grande personnalité, qui a beau reproché mais n’est jamais entendu, Calin Peter Netzer a choisi de ne pas lâcher d’une semelle cette mère qu’il filme au plus près, affirmant sans relâche qu’elle est le cœur du problème et qu’elle ne laisserait sa place pour rien au monde.
Actrice parfaite
Plusieurs scènes sont à cet égard particulièrement vibrantes : celle où Cornelia décide d’affronter sa belle-fille qui finit par lâcher prise et raconter une intimité qui ne la regarde pas, celle finale où elle rend visite aux parents endeuillés, devant la douleur desquels elle ne parvient même pas à s’effacer, toute obnubilée qu’elle est par son malheur à elle. On dirait ma mère…
Bravo à Calin Peter Netzer d’être ainsi parvenu à filmer l’indicible, avec intelligence et retenue. Ce talent lui a d’ailleurs valu d’être sacré Ours d’Or et prix Fipresci à Berlin en 2013. Luminita Gheorghiu, qui joue Cornelia, n’aurait pas volé non plus le prix d’interprétation féminine, revenu à la chilienne Paulina Garcia, pour Gloria de Sebastian Lelio.
De Calin Peter Netzer, Bogdan Dumitrache, Ilinca Goia…
En 1972, est sorti la première vraie fiction porno de l’histoire du cinéma. « Gorge profonde » racontait la vie d’une femme, Lovelace, qui avait la particularité d’avoir un clitoris dans la gorge et développait ainsi un talent inédit pour la fellation.
Bankable
On a déjà tout dit, tout lu sur ce film, sur son incroyable succès, sur les millions de dollars (plus de 600 à travers le monde) qu’il a rapportés et ce n’est qu’assez tardivement qu’on s’est intéressé Linda, l’inconnue qui a joué Lovelace et tourné la tête à des millions d’hommes et rendu jalouses à peu près autant de femmes.
La jeune femme, à vrai dire, n’avait rien pour devenir célèbre. Avec son physique de girl next door, Linda avait bien peu de chance de percer dans l’industrie cinématographique.
La rançon du succès
Son succès, elle doit finalement à une éducation trop stricte et à sa rencontre avec Chuck Traynor, mari très peu scrupuleux mais qui lui permettra de fuir sa famille ultra-conservatrice.
Son succès est spectaculaire et immédiat : en un jour, elle devient célèbre. Elle le paiera très cher, ne verra jamais la couleur de son cachet (1250 $) et ne sortira du calvaire que lui fait subir son mari qu’en échappant à son emprise et en se remariant avec un modeste vendeur de téléphone. Ce qu’elle a raconté dans une autobiographie, « Ordeal », paru en 1980, et qui a décidé de son engagement comme militante anti-porno.
Double face
Le film ne va pas au-delà de cette histoire. Sa seule originalité en tant que biopic est de raconter l’histoire de Lovelace, en deux étapes : la première étant disons la version officielle, celle qui la mène de l’anonymat au succès, la seconde reprenant à peu près les mêmes épisodes de sa vie, mais de son point de vue à elle.On passe donc des honneurs des plateaux de cinéma à la vie pathétique d’une femme soumise à la violence de son mari et à son addiction au sexe et à l’argent.
L’ensemble est étrangement assez convenu. Et même si les acteurs ne déméritent pas, leurs personnages n’évitent jamais complètement la caricature, sauf justement celui de Lovelace, tenu par Amanda Seyfried, la jeune Sophie de « Mama Mia ».
Pas déméritant, mais pas excitant non plus.
De Rob Epstein & Jeffrey Friedman, avec Amanda Seyfried, peter Sarsgaard, Sharon Stone, James Franco, Juno Temple…
Il est étrange, Stephen Frears. Capable des meilleurs films comme des moins bons, surfant avec une boulimie rare d’un sujet à un autre sans qu’il y ait le moindre rapport entre eux comme s’il manquait de discernement.
Quête maternelle
« Philomena » est donc une production de basses eaux. Une page vite tournée, un sujet traité avec un certain sens de l’artisanat mais sans grande conviction. Au contraire de certaines perles qu’il a pu signée auparavant dont le merveilleux « Mme Henderson présente » avec déjà Judy Dench. Après avoir campé dans ce sublime hommage aux cabarets de l’entre deux guerres une veuve riche et audacieuse, Judi Dench joue ici une infirmière à la retraite, de condition fort modeste, hantée par un drame affreux.
Alors qu’elle était jeune fille, dans la très catholique Irlande des années 1950, elle a fauté et eut un enfant de cette union furtive. Emprisonnée dans un couvent – et l’on sait depuis « les Magdalene Sisters » de Peter Mullan quel enfer était réservé aux jeunes filles dans ces établissements-, Philomena est traitée en esclave, à la buanderie, et a le droit de voir son fils une heure par jour… jusqu’au jour il est adopté, sans son consentement à elle.
La catholique et le renégat
Voilà 50 ans que ce fils est né, et Philomena n’a plus eu la moindre nouvelle de lui depuis les années 1950. A la faveur d’une rencontre inattendue avec un journaliste désabusé et arrogant, elle va mener l’enquête et ce qu’elle va découvrir est particulièrement surprenant. A son contact, le journaliste va apprendre à la considérer, elle et ses convictions religieuses et terre-à-terre qui sont à mille lieues de son univers quotidien.
Si l’histoire de la quête est assez captivante, puisqu’avec Philomena, on va peu à peu découvrir qui était ce fils manquant (et elle a de la chance, il a eu un parcours hors du commun – le film est paraît-il tiré de faits réels), Frears rend ici le service minimum : la réalisation est banale, sans efforts, les personnages campés dans leurs attitudes et leur alliance de circonstances dégage juste ce qu’il faut pour rester polie.
Frears peu inspiré
Alors que les deux sujets majeurs (la quête du fils, l’atrocité religieuse) prêtaient autant à se poser des questions qu’à soulever des émotions, rien ne transparaît ici. Seul, le dandysme débonnaire de Steve Coogan, producteur, co-auteur et interprète du film, fait plaisir à voir. On attendait plus… même si le film a été récompensé du prix du scénario au Festival de Venise 2013 (une récompense étrange car le scénario n’a rien d’exceptionnel). Espérons, après ce passage à vide amorcé après « The Queen » en 2006, que Frears retrouve l’inspiration pour le biopic consacré à Lance Armstrong qu’il prépare actuellement. Wait & see…
Impossible de passer à côté du premier biopic sur Yves Saint Laurent, couturier inspiré. Et pourquoi le faudrait-il d’ailleurs ?
Le premier des deux
Deux films sur Saint Laurent étaient en préparation en même temps. L’un, officiel, conforme à la volonté de Pierre Bergé, compagnon de vie et de business de YSL, est signé du comédien Jalil Lespert et brillamment interprété par Pierre Niney et Guillaume Gallienne.
L’autre, moins autorisé, intitulé Saint Laurent est réalisé par Bertrand Bonello ; il est annoncé pour le Festival de Cannes 2014 mais ne sera en salle que le 24 septembre 2014. Avec Gaspard Ulliel dans le rôle titre. Encore, une bataille larvée comme celle de La guerre des boutons, en 2011 ou celle concernant une autre icône de la mode française, Coco Chanel en 2009.
Devoir de mémoire
« YSL » poursuit, à la manière souhaitée par Pierre Bergé, le « culte » de la mémoire du couturier. Il y avait déjà leur Fondation, l’hommage à l’Opéra Bastille, l’exposition des plus belles robes au Petit Palais en 2010. Il y aura ce film.
Le réalisateur, Jalil Lespert, l’assume immédiatement. Le film commence par la dissolution de l’héritage par Pierre Bergé, la mise en vente aux enchères de leur passion commune, des œuvres d’art qui ont décoré leur foyer. Par un flash-back, débute alors l’histoire de ce créateur de mode de grand talent, né et grandi en Algérie, à Oran, où on le cueille juste avant son départ pour Paris. Yves est un enfant de bonne famille, dont la mère très coquette, très raffinée aurait façonné son goût pour l’élégance.
La rencontre d’une vie
Garçon timide et dégingandé, un peu maladroit, Yves Saint Laurent n’est heureux qu’en dessinant des robes. A Paris, il devient très jeune l’assistant de Dior et le remplace à sa mort en 1957. C’est à cette époque qu’il rencontre Pierre Bergé qui en tombe amoureux et à qui il devra son salut financier et commercial par la suite (grâce à une astuce, Bergé réunira de l’argent pour créer sa maison de couture).
La suite est plus connue… et leur vie commune, maintes fois racontée par Pierre Bergé, peut se résumer en une collaboration professionnelle très fructueuse, une vie commune riche et passionnante mais pas toujours idyllique, – YSL étant diagnostiqué maniaco-dépressif, puis dépendant aux drogues et amoureux volage-.
L’ultime acte d’amour de Bergé
Si l’on comprend dès le départ que le film est celui voulu par Bergé, on en accepte évidemment les limites. Non pas qu’il cache la face sombre de son talentueux compagnon, mais il a tendance à se donner le beau rôle, celui d’un compagnon entièrement dévoué à la cause et au talent de son amant, indispensable faire-valoir de ce génie qu’il a révélé.
Pourtant, le film vaut aussi mieux que cela. Non seulement l’interprétation des acteurs est exceptionnelle, mais on apprend avec intérêt comment YSL trouvait l’inspiration, conquis par la belle Victoire (jouée par Charlotte le Bon), future épouse de Roger Thérond, l’œil de Paris Match. Leur relation de muse influente à créateur amoureux est très savamment décrite, bien qu’elle ait suscité la jalousie la plus aigüe de Pierre Bergé. Dommage qu’elle disparaisse un peu sèchement, et celles qui lui ont succédé ( Loulou de la Falaise, Betty Catroux) sont traitées avec beaucoup plus de légèreté.
La France éternelle des années 1950
Enfin, la reconstitution de la vie créative dans la France des années 1950, avec Bernard Buffet, le jeune intrigant Karl Lagerfeld ou d’autres, est très bien décrite et finalement rarement traitée au cinéma, alors que la France continue à rayonner dans le monde sur cet acquis.
De Jalil Lespert, avec Pierre Niney, Guillaume Gallienne, Charlotte le Bon, Laura Smet, Marie de Villepin…
2014 – France – 1h40
Le plus : Ce sont les robes originales détenues par la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent qui ont été prêtées et utilisées pour les défilés du film. Il était impossible d’en fabriquer des copies car certains tissus n’existent plus aujourd’hui. Les robes ne pouvaient être portées que 2h d’affilée à cause des problèmes liés au frottement ou à la transpiration.
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