Se méfier des titres
Un ami M., critique culturel dans un hebdo, m’avait donné rendez-vous, un sourire au coin des lèvres, pour venir avec lui à la projection de La femme qui aimait les hommes. En anglais, le film s’appelle The Slut, ce qui est autrement plus évocateur, plus alléchant. The Slut, la traînée, la salope qui devient en français politiquement correct, La femme qui aimait les hommes.
La gourmandise de M. m’amusait. Car, plusieurs indices me disait qu’il avait fait fausse route. L’attachée de presse, d’abord, qui a plutôt en catalogue des films d’auteurs ultra-pointus, jamais racoleurs. Le fait que le film ait été projeté à la Semaine de la Critique en 2011 et enfin que le projet soit un pur produit de la Cinéfondation, ce laboratoire de futurs talents cannois généralement peu portés sur la chose… enfin si, mais jamais de façon publique, et surtout jamais en faisant des films sulfureux, porno sur les bords ou sensuellement torrides. Et cela, d’autant mois que derrière le nom ambigu du metteur en scène, Hagar Ben Asher, se cache une actrice israélienne.
J’avais raison. Pour faire court, cette femme qui aime les hommes est effectivement une femme à la sexualité libérée, qui couche avec tout un tas de types à condition qu’ils ne s’attachent pas mais peine à se satisfaire d’un seul homme qui l’aime.
Sauf que la fameuse croqueuse d’hommes est une fermière, vendeuse d’oeufs à la campagne, qu’elle se balade en vélo, en bottes en caoutchouc.. et est donc assez éloignée du stéréotype de la bombe sexuelle!!! Sans compter que le film est un peu ennuyant, malgré quelques belles scènes de sexe.
M. est donc reparti avec le sentiment de s’être fait avoir! Beau joueur, il l’a même écrit sur Facebook!
Le film n’a évidemment pas l’ambition de « défoncer » le box-office de l’été. Mais, sur un malentendu, on ne sait jamais, ça peut marcher…