Dior et moi
Frédéric Tcheng a suivi Raf Simons du jour où il arrive comme directeur artistique de la maison Dior jusqu’à la présentation de sa première collection haute couture. Et cela donne Dior et moi, et c’est formidable.
Haute couture
En avril 2012, Raf Simons est nommé directeur artistique de la maison Dior. Il quitte alors le prêt-à-porter et la marque Jil Sander pour cette nouvelle responsabilité. Avec comme premier défi de réussir sa première collection en seulement deux mois !
Dior et moi, de l’intérieur
Frédéric Tcheng a réussi à convaincre Dior et Raf Simons de le laisser filmer ces huit semaines capitales, depuis sa présentation aux ateliers maison jusqu’à son premier défilé aux couleurs de Dior. Ce qui crée un suspense, une tension qui porte ce documentaire original et très réussi.
Comment ce directeur artistique, débutant en la haute couture, connaissant de loin la maison Dior va-t-il réussir à succéder aux noms prestigieux qui l’ont précédé?
Dior et moi, un film d’esprits
Grâce à Dior lui-même, répond Frédéric Tcheng. Il a la lumineuse idée de faire dialoguer le père du New Look avec cette collection en train de se créer. En réveillant son fantôme dont on prétend qu’il hante encore le 30, avenue Montaigne. E en citant des passages de ses mémoires, Christian Dior et moi, dans lequel le couturier se livre et dévoile sa nature double.
Grâce aussi à la performance de l’atelier où une soixantaine de « petites mains ». Certaines sont fidèles à la marque depuis leur plus jeune âge. D’autres revendiquent une quarantaine d’années maison. Toutes vont s’activer sans compter pour mener à bien l’ambitieux projet de leur nouveau directeur artistique.
Le New Look modernisé
Mutuellement, il leur faudra donc appréhender une nouvelle manière de travailler, des exigences, des caractères et des habitudes différentes. Afin de donner vie à une collection que Raf Simons a voulu inspirée d’artistes contemporains et de celle du New Look de 1947 tout en lui donnant une modernité bienvenue.
Du choix des impressions des tissus à la constitution des toiles, ces structures qui donnent corps et tenue aux créations définitives, toutes les étapes de la création de haute couture, dessinent ici le patron d’une histoire en train de se vivre. Et le tout est vécu du point de vue de l’atelier
D’art et d’argent
Manifestement, Frédéric Tcheng a bénéficié d’une belle liberté qu’il utilise savamment. A peine laisse-t-il s’éloigner Sydney Toledano, le PDG de Dior Couture, quand il aborde l’épineux budget de la décoration ostentatoire à base de fleures fraîches du défilé.
Mais, il garde le témoignage de Catherine Rivière, directrice de la couture. Le nouveau directeur artistique lui reproche d’avoir envoyé la première de l’atelier flou pour un essayage d’une cliente privée à New York. «La haute couture aussi a besoin de gagner de l’argent. Parce que si l’on ne gagne pas d’argent, on ne peut pas faire les collections que l’on fait et garder les ateliers que l’on a », conclut-elle.
Travail à façon
Frédéric Tcheng a choisi de suivre au jour le jour la fabrication d’une collection dans ses moindres détails. Il colle au travail minutieux des équipes de création. Il insiste sur cette énergie collective sans jamais jouer le jeu habituel de la starification du directeur artistique.
Ce jeune réalisateur qui avait déjà travaillé sur Valentino et Diana Veerlandt signe un documentaire passionnant et sincère sur le monde de la mode, loin des hagiographies habituelles, des portraits de couturiers gonflés à l’égo et au jeu des excentricités sans limite. On l’attendait!
Documentaire de Frédéric Tcheng, avec Raf Simons, Pieter Mulier, Olivier Bialobos, Sydney Toledano et toutes les couturièr(e)s des ateliers Dior Couture…
2014 – France – Documentaire – 1h30