Diamant noir
Un vrai film noir dans l’univers du diamant noir, forcément, c’est tentant. Dommage que le règlement de compte familial prenne le pas sur une vraie descente dans le milieu des diamantaires.
Un vrai film noir dans une famille de diamantaire
Une histoire d’œil, de cœur et de famille : voilà en résumé ce qu’a voulu raconter Arthur Harari, dans un vrai film de genre, le film noir, dont il a lui-même imaginé le scénario. Dans l’univers feutré des diamantaires, à Anvers, ce qui est vraiment original.
Pier (Niels Schneider) est un jeune homme sans grand avenir qui navigue entre petits boulots et cambriolages pour le compte d’un certain Rachid. Le jour où il apprend le décès de son père, mort dans le dénuement, la solitude et quasiment dans la rue à quelques pas de chez lui, Pier reprend brutalement conscience de là où il vient : d’une dynastie de diamantaires, dont son père pourtant brillant tailleur a été brusquement écarté le jour où, usé par la fatigue, il s’est broyé la main sur une meule. A l’enterrement, son cousin germain qui a fait le voyage depuis Anvers le convainc de reprendre enfin contact avec sa famille paternelle. Pier accepte, découvre un autre univers, celui du monde feutré et luxueux du négoce du diamant et décide de régler ses comptes.
Diamant noir, un premier film d’un genre oublié
On peut facilement imaginer quelle est la finalité du plan que Pier va mettre en place, l’intérêt principal étant de comprendre et de voir comment il va s’y prendre. Et là, tout un tas de coïncidences vont se mettre en place pour qu’il puisse porter son projet à exécution : son « œil » et son talent, la femme de son cousin d’origine italienne et modeste comme lui, l’inconstance de son cousin, l’ambition de son oncle, celle de son père d’adoption…
Pour un premier film et dans un genre délaissé par le cinéma français, l’ensemble fonctionne plutôt bien : le récit est alerte et fluide, les séquences s’enchaînent sans trop d’incohérence et la quête de ce jeune homme perdu est motivé sans qu’ aucune thèse ne soit réellement validée – le père etait-il victime ou dangereux? -.
Diamant noir, le film d’une famille amputée
Ce qui est le plus réussi est incontestablement l’adhésion au genre, le film noir, auquel ce premier film souscrit sans ambiguïté. L’intrigue est à la fois claire et complexe, criminelle bien sûr et l’enjeu personnel semble valoir la peine. Ce qui l’est moins en revanche, c’est la définition des personnages, le cousin ( pourquoi est-il malade?) et par dessus tout celui de Luisa, la femme du cousin qui, dans le genre choisi, devrait être une femme fatale et est une boxeuse-thésarde en chimie dont on se demande comment elle est arrivée dans cette famille et parfois pourquoi elle y reste si ce n’est pour l’argent ? Quant à la tante, elle est tout simplement insignifiante alors qu’elle pourrait être un relais intéressant entre le père et l’oncle.
Le réalisateur Arthur Harari prend aussi le temps de décrire le milieu des diamantaires et son organisation, les principes de taille du diamant qui lui donne sa valeur, le négoce international et son opacité. Dommage qu’il ne lui donne toutefois pas l’ampleur méritée : en se resserrant son intrigue sur le complot familial, il néglige les enjeux de cet univers rarement exploré au cinéma, sauf par Nicole Garcia et sa Place Vendôme. Dernier bémol, le casting à la fois original mais trop lisse : les acteurs jouent la partition mais sans éclat, le comble dans une histoire de diamant même noir.
D’Arthur Harari, avec Niels Schneider, August Diehl, Hans-Peter Cloos, Rafaele Godin…
2015 – France – 1h55