La note Cine-Woman : 2/5
de Clint Eastwood
Fils de bonne famille motivé par son patriotisme, J.Edgar Hoover a fini par régner sur le renseignement américain et les puissants de son pays. Et cela, d’après Clint Eastwood, pour satisfaire l’ambition démesurée de sa mère autoritaire. Patriote et anti-bolchévique hautement revendiqué, il a tout au long de sa vie prévenu les attaques réelles ou supposées à l’endroit de son pays et érigé puis dirigé pendant 48 ans une police de protection prête à défendre ses concitoyens et la moralité : le FBI.
Il en prend les rênes assez jeune et profite toujours de circonstances particulières et de méthodes très personnelles pour en augmenter le rôle et la puissance jusqu’à lui donner la suprématie sur les autres polices américaines.
Cultivant un culte du secret à toute épreuve, le sien mais surtout ceux des autres, il parviendra toute sa vie et même au-delà à cacher ses nombreuses zones d’ombre, aidé en cela par une équipe de fidèles parmi les fidèles. Sauf peut-être celui de son homosexualité plus que latente mais tuée dans l’oeuf par sa mère abusive, méprisante avec son père et définitivement castratrice.
La mère: voilà la figure tutélaire qui dresse le caractère d’un homme. Un concept validé des centaines de fois, certes, mais avec lequel Eastwood est manifestement très mal à l’aise. Sans aucune subtilité, il martèle alors la toute puissance de cette femme sur son fils. A sa mort, inconsolable, il ira même jusqu’à lui piquer ses robes!
De facture très classique, ce biopic sans doute nécessaire mais parfois trop décousu reste très imparfait. On se méfie toujours, et avec raison, quand Eastwood aborde les thèmes du nationalisme. Une fois encore, la thèse soutenue est sans surprise. Parade au bolchévisme, l’omnipotence d’Hoover (pourtant très anti-démocratique) est légitimée par Eastwood.
Comme d’habitude, il nous réserve pourtant quelques prouesses remarquables: la parade amoureuse aussi maladroite que savoureuse d’Hoover dans la Bibliothèque quand il tente de séduire Helen Gandy (Naomi Watts) , la scène fondatrice de l’engagement de jeune policier au suspense éprouvé… Mais, dès qu’il approche le terrain psychologique, Eastwood devient convenu et lourdaud. Dommage car les acteurs, et en premier Leo di Caprio, sont formidables…jeunes et même vieux. Mais ils sont alors si mal maquillés qu’ils semblent artificiels.
Avec Leonardo di Caprio, Naomi Watts, Armie Hammer, Josh Lucas, Judi Dench
2011 – USA – 2h17