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Skyfall

affiche française du dernier james Bond, Skyfall

Pourquoi ce James Bond est mauvais

Avec plus de 4 millions d’entrées en deux semaines, c’est sans doute suicidaire de vouloir expliquer pourquoi Skyfall est un des plus mauvais de la séries des James Bond. Mais voilà, comme la déception a été à la hauteur de l’attachement passé à ce héros du XXème siècle, il devient primordial d’expliquer pourquoi ce James Bond n’en est pas un, et surtout pas un bon.

007, c’est un agent secret, donc une sorte de militaire à la solde de sa hiérarchie, payé pour tuer, répondre aux ordres, enfin surtout pas pour avoir des états d’âme. Et cela quelque soient les désordres qui ont peuplé sa vie. Ca fait 22 épisodes qu’il tue à tout va, parfois même des personnes qui lui sont chères (cf. Casino Royale) et qu’il ne s’en porte pas plus mal. Donc, premier théorème : un James Bond ne souffre aucune psychologie. L’inverse serait un contre-sens total. 

Deuxio : James Bond est certes un bourrin, mais il a aussi une once de dandysme anglais qui lui vaut une sacrée réputation auprès des femmes. Quand un cul passe, il hésite toujours entre poursuivre sa mission ou bien suivre sa proie. Heureusement, elles vont souvent de pair ! Ce qui nous a valu quelques James Bond Girls savoureuses, évidemment plus recrutées sur leur plastique que sur leur QI (mais un axiome ne se discute pas), quelques répliques hyper-misogynes… Justement, on l’aimait lui parce qu’il n’était pas parfait. Dans Skyfall, à part deux misérables scènes pas torrides du tout, le sexe et l’érotisme sont relégués dans une dimension stratosphérique. Et ce n’est pas la vague allusion aux penchants gay des deux héros (on croit rêver!) qui rachète l’ensemble. Bien au contraire. 

On passe aussi sur l’absence total d’humour, ce qui ne gâchait pas la fête auparavant, sur l’absence de destinations idylliques et de lieux complètement incongrus qui nous faisaient rêver, sur l’absence de dialogue… Franchement, même si j’aime de moins en moins Daniel Craig, vénéré à l’époque de Layer Cake, il sait apprendre un texte, non?

Le pire, pourtant, est encore à venir. Le pire, c’est l’absence d’un enjeu fort, d’un méchant ambitieux complètement mégalo du genre je fais sauter la planète si vous m’arrachez un cheveu. Ici, rien. A peine une vague piste esquissée au départ, celle d’un vague réseau de terroriste international genre Al-Qaïda, un réseau à plusieurs têtes dont M aurait malencontreusement égaré la liste! (en fait, celles des membres du MI6 infiltrés, quelle faute de goût!). On en voit quelques uns défiler sur un écran et puis, fini. Basta. A dégager! Pile au moment où l’on croyait sillonner la planète à leur recherche avant de découvrir qu’ils étaient tous manipulés par un grand esprit. Raté, le méchant (brillant Bardem, quand même) n’a juste pas supporté une brimade professionnelle et a décidé de se venger de son ex-chef.

On arrive alors péniblement à un règlement de compte entre deux ex-collègues qui ont mal digéré leur oedipe, chacun revendiquant une sorte de relation filiale avec la fameuse chef de service. Sans aucune autre ambiguité, sans aucune fausse piste, rien. Donc, Bond tend un piège à l’autre, qui fonce dedans tête baissé, et l’un comme l’autre se tire dessus jusqu’à ce que mort s’ensuive. Au secours!

C’était sans doute une grave erreur de confier un film d’action si codifié à un très bon réalisateur de films d’auteur. Sam Mendès est un grand quand il réalise American Beauty ou Les noces rebelles. Mais, pas James Bond.

Si c’est ça, la nouvelle tendance, le nouveau style des 007, vivement qu’il meurt et laisse sa place à 008!

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