Les conquérantes
Les Conquérantes de Petra Volpe tombent à point nommé. En racontant la lutte des femmes dans un petit village suisse pour obtenir le droit de vote en 1971, il rappelle la nécessité et l’urgence que nos démocraties deviennent enfin égalitaires.
De la nécessaire égalité des sexes
Alors que le monde entier trembla sous les assauts de la révolution sexuelle, la Suisse s’interroge sur le droit de vote aux femmes. Nous sommes en 1971 mais le temps semble s’être arrêté dans un petit village de montagne. Là, les femmes sont soumises à la loi de leur mari qui peut à peu près tout leur autoriser : travailler, sortir de chez elle, jouir ou accéder au vote.
Nora, tranquille mère au foyer, est dédié à son époux, à son beau-père et à ses deux fils. Le quotidien la barbe un peu. Mais pas quoi faire la révolution.
Les conquérantes ou l’esprit de révolte
Pourtant, un faisceau d’évènements vont avoir raison de sa soumission et provoquer sa révolte. La sienne et celle de la plupart des femmes du village. Jusqu’à obtenir le droit de voter ?
En suivant le parcours remarquable d’une femme face à l’adversité qui n’est pas que masculine – sa principale rivale est une femme puissante -, la réalisatrice signe un film pédagogique et pertinent. Il montre aussi que changement de paradigme est possible dans les familles comme dans la société.
Les conquérantes, un film nécessaire
Ce qui est encourageant avec ce genre de films, c’est qu’enfin, le féminisme devient un sujet et qu’un producteur finance un tel film. Ça a déjà été le cas avec Les suffragettes ou We want sex equality. Deux films anglais. On attend toujours celui sur la France.
Ce qui est décourageant, en revanche, c’est qu’il ne prêchera que des convaincu.e.s. Peu d’hommes, comme d’habitude, s’y intéresseront. On ne pouvait portant souhaiter meilleure date de sortie à ces Conquérantes. Les tout récentes affaires #weinstein, #balancetonporc #metoo montrent bien que nos sociétés occidentales restent dangereusement patriarcales et qu’une simple évolution juridique n’y change pas grand chose.
Un encouragement au changement
Alors, messieurs, allez voir ce film car c’est à vous qu’il servira le plus. Les réactions archaïques masculines y sont volontairement grossières ( mais jamais sexuelles) et la solidarité dont sont capables les femmes y est aussi dévoilée.
Evidemment, ils auraient tort de s’en priver. Petra Volpe, dont c’est le deuxième long métrage, y réussit un parfait équilibre entre cas personnelle et histoire universelle, entre émotion et humour. L’histoire et le parcours de cette femme isolée y est judicieusement décrit et les actrices et acteurs sont tous bons. Un peu comme les réactions des femmes ces temps-ci : elles restent modestes mais pertinentes. Et on ne peut pas en dire autant de tous les films.
De Petra Volpe avec Marie Leuenberger, Max Simonischeck, Marta Zoffoli…
2017 – Suisse – 1h36