Coby
Comment vivre quand on est né fille et qu’on se sent garçon? On change de corps. C’est cette métamorphose que le réalisateur Christian Sonderreger suit, quasiment pas à pas, dans son premier film Coby.
De Suzanna à Jake
Coby a enterré Suzanna et travaille à devenir Jake. D’ailleurs, son premier prénom est à peine évoqué dans ce film familial quand la recherche de sa nouvelle identité, masculine, porté par ce prénom choisi Jake, en est la finalité.
Mais, c’est Coby qui prend ici toute la place. Coby est le prénom de la métamorphose, un prénom transitoire pour un processus long de plusieurs années et autant d’opérations.
Vivre dans un autre corps
Reprenons. Coby a grandi dans le corps de Suzanna. A l’adolescence, le lendemain de ses premières règles, elle annonce à sa mère qu’elle est attirée par les filles.
Sa famille la pense lesbienne. Coby, elle, rejette son corps de femme, se sent mal dans un corps qui n’est pas le sien. A 19 ans, elle décide de suivre un traitement pour devenir l’homme qu’elle a toujours été.
Deux corps en un
Le film est construit sur un montage parallèle conçu à partir d’extraits du journal filmé que Coby a tenu sur une chaîne youtube durant sa transition et d’images tournées par son propre frère, plus tard. Ce qui fait sa double richesse.
On suit alors en parallèle deux processus. Celui de la prise de décisions et des premiers traitements (la mise sous testostérone) apporte donc les premiers effets : la voix mue, les poils poussent. Il prépare le corps aux premières opérations. Celui de l’insertion dans la vie professionnelle, conjugale de Coby jusqu’à son ultime décision : avoir ou non un enfant.
Coby, une transition comprise par sa famille
Enfin, le réalisateur s’attarde aussi sur la manière dont l’entourage de Coby a vécu cette transition. Tous les témoignages de la mère, du père, de la compagne de Coby et finalement du frère sont pertinents. Tous enrichissent cette démarche, sans en gommer les aspects plus difficiles.
Le spectateur est lors inclus dans un processus qu’il ne suit jamais en voyeur. Au contraire, il accompagne une quête dont il découvre l’absolue nécessité et suit un parcours indispensable qui n’a pourtant rien d’évident.
C’est très habilement mené, jamais démonstratif. Coby se conclut par une idée simple mais magnifique, riche de sens lors du générique final. Alors survient Jake mais c’est une autre histoire.
Documentaire de Christian Sonderegger, avec Jake Hunt et sa famille
Coby de Christian Sonderegger, présenté à l’Acid 2017, a reçu le prix du jury de la critique de la compétition documentaire du Festival 2 Valenciennes 2018. En salle le 28 mars 2018.
© Epicentre Films