Chorus
Pas facile de faire un film sur un couple après la disparition de leur enfant. C’est pourtant le sujet de Chorus que le réalisateur québécois François Delisle traite avec beaucoup d’élégance.
Le deuil impossible
Il a dix ans que leur fils Hugo a disparu. Sans aucune nouvelle depuis, Irène et Christophe ont tenté de se reconstruire chacun à leur manière.
Rester ou partir
Il a choisi la fuite au Mexique et une vie chaotique dans un univers paradisiaque, faite de petits boulots et bonheurs immédiats. Irène, musicienne, est restée à Montréal et s’est réfugiée dans le chant baroque, dans sa peine, dans sa solitude.
Dix ans après, et alors qu’ils ne sont ni l’un, ni l’autre parvenus à faire le deuil ni de leur couple, ni, celui impossible, de la mort de leur enfant, la police les prévient qu’elle a enfin retrouvé le cadavre d’Hugo, mais aussi la trace de celui qui l’a tué.
Chorus, une histoire de couple
Présenté ainsi, le film a l’air de maintenir sur le suspense sur cet assassinat. Ce n’est pas du tout le cas puisqu’il commence par l’interrogatoire du meurtrier dont on saisit immédiatement le motif qui l’a poussé à s’acharner sur Hugo.
Ce qui intéresse François Delisle, réalisateur québécois de cinq autres longs métrages aux sujets puissants, c’est plutôt la manière dont ce couple, brisé brutalement, incapable de se parler depuis la disparition de leur fils, va devoir se retrouver et faire face à cette nouvelle étape de leur vie commune mais que la mort a séparé.
Sensible élégance
Vont-ils se haïr ? Se renvoyer la culpabilité l’un sur l’autre ? S’aimer à nouveau au contraire ? Leur colère est-elle trop forte ? Pourront-ils maîtriser leur soif d’en savoir plus sur la mort de leur enfant ? Pourront-ils agir ? Sauront-ils enfin faire un deuil commun ? Sont-ils condamnés à vivre loin de l’autre ?
Par des touches subtiles, par des scènes simples, jamais explicatives, par l’introspection de ses personnages – Irène se parle à elle-même, par exemple – tout comme par le très beau noir et blanc, riche de nombreuses nuances de gris, François Delisle aborde et répond à toutes ces questions avec une élégance qui finit par rendre son film aussi puissant qu’émouvant.
La musique adoucit la mort
On s’identifie sans mal à ce couple ravagé, à ce rendez-vous de vie manqué par un événement trop fort pour lui et par la possibilité qui leur est alors donné de poursuivre cet amour interrompu ou tout du moins de trouver un sens à ce que fut leur relation même si elle s’est heurtée à un obstacle qui les a brisés.
Et cela en partie grâce à la musique, véritable moyen de survie pour Irène, puis catalyseur de leur union à la toute fin du film.
De François Delisle, avec Fanny Mallette, Sébastien Ricard, Geneviève Bujold, Pierre Curzi, le groupe Suuns…
2015 – Canada/France – 1h36
Chorus a été sélectionné à Sundance, à la Berlinale (Panorama) et au Festival de La Rochelle
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